Toute la poussière du chemin

Marqué dans sa chair et dans son sang par le krach boursier de Wall Street, un homme déambule sur les routes du Sud des Etats-Unis. Dans cette errance douloureuse, son désespoir vient se fondre à celui de bon nombre de pairs qui se trouvent dans le même cas que lui et qui se voient contraints d’affronter une répression aveugle, raciste et fatale. Dans ce bouleversement social et économique, l’homme errant est sollicité par un individu malade qui le prie de trouver son enfant disparu. Ayant croisé auparavant le jeune en question et ayant été charmé par ses ambitions exploratrices, le quémandé accepte cette quête qui va le mener sur un chemin tortueux où la poussière se mêle imparablement au sang.

 

Par phibes, le 6 mars 2010

Publicité

Notre avis sur Toute la poussière du chemin

La crise de 1929 et ses terribles répercussions sur la société américaine servent de cadre à ce one-shot dramatique réalisé de mains de maîtres par deux auteurs aux origines hispano-brésiliennes qui ont déjà prouvé séparément leurs aptitudes.

Le récit nous met en présence d’un personnage sans identité particulière, un quidam parmi tant d’autres, un errant touché de plein fouet par une crise boursière qui a laminé son existence au point de le pousser à prendre la route. Au travers de son errance, Wander Antunes nous dresse un tableau implacable de la société américaine, dur, sans partage, où le désespoir du grand nombre se heurte à la répression sans âme d’une petite catégorie.

Le ton est certes grave, mais non dénué d’une certaine humanité. Si la vision que nous dépeint le scénariste est chaotique, la quête à laquelle on assiste, qui est bercée par les voyages d’exploration de Jack London, dévoile le fond intérieur du missionné, tenaillé par son passé récent qu’il va falloir découvrir et doté de bons sentiments. Les pérégrinations de ce personnage seront l’occasion pour Wander Antunes d’organiser des rencontres fortes qui se révèlent de véritables radiographies d’un certain malaise. La simplicité est de mise; les dialogues aux accents rustiques et sans redondance produisent leurs effets et attisent les émotions les plus crues.

Jaime Martin excelle dans son dessin stylé que l’on avait pu apprécier dans Ce que le vent apporte. A la manière de Ruben Pellejero, il joue de son trait gras, imprécis et épuré d’une manière très efficace. Ces études sur la physionomie des personnages sont fort bien menées et sont bien représentatives de l’état miséreux de la société américaine de base avec ces faciès émaciés et désespérés, ces attitudes déguenillées. Ces larges décors colorisés uniformément, sans effets superflus, dégagent une sensation de solitude qui colle à merveille avec l’ambiance générale.

Une histoire aux accents dramatiques des plus forts à lire sans retenue. Superbe et émouvant !

 

Par Phibes, le 6 mars 2010

Publicité