Trillium

(Trillium 1 à 8)
En 3797 l’humanité ne compte plus que 4000 âmes, le reste a été dévasté par un virus très puissant, la Crépine, que rien ne semble pouvoir arrêter. On a néanmoins découvert sur la petite planète Atabithi une étrange plante appelée Trillium qui pourrait stopper le virus et ainsi sauver l’humanité. Nika est une jeune scientifique qui s’occupe justement du contact avec les population autochtones de Atabithi. Ses supérieurs lui annonce qu’au lieu d’un an elle n’a plus qu’une semaine pour établir le contact et récupérer le plus possible de Trillium… Alors qu’elle arrive à la cité des Atabithiennes, elle ingère une feuille de Trillium, comme possédée elle découvre un temple Inca dans lequel elle entre, en ressortant elle se retrouve étrangement en 1921 et elle rencontre William, venu, de son côté explorer la jungle à la recherche de vestiges Incas… Chacun essaye de comprendre ce qui se passe…

Par fredgri, le 10 février 2015

Notre avis sur Trillium

Je viens de refermer la dernière page de Trillium de Jeff Lemire initialement paru sous le label Vertigo de DC ! Et le moins que je puisse dire que je reste interpelé par ces pages, par cet étrange voyage qui m’a entraîné en pleine SF futuriste, à l’orée de la fin de l’humanité, en pleine première guerre mondiale ou encore en pleine jungle en suivant des explorateurs anglais !

C’est très touffu, plein de choses de racontées, pas mal de très bonnes idées, mais le sentiment aussi que tout n’est qu’à peine ébauché, tout juste touché du bout des doigts. Comme à son habitude Lemire utilise les mêmes recettes scénaristiques, du pathos, des bribes d’émotion pour rajouter de la profondeur à ce récit qui peine à se lancer, le tout alourdit par un processus narratif, certes original, mais à aucun moment justifié par le récit… cette inversion de pages !
Régulièrement, on doit retourner l’album pour lire certain passages, parfois il faut lire le livre en revenant en arrière, parfois il faut suivre le cours "normal" des choses… Rapidement, on ne cherche plus vraiment à savoir si c’est justifié ou non, si c’est autre chose qu’un effet de manche pour rendre les choses plus étranges, plus nébuleuses, on joue le jeu, trouvant petit à petit le processus intrigant au pire ! (ça ne se justifie même pas par la différence entre le monde de William et celui de Nika…)
Et c’est dommage, car en soi le scénario est déjà bien assez complexe, sans avoir nécessairement besoin d’aller rajouter ce filtre formaliste gratuit !

Et le gros problème que je vois avec cet album c’est justement de rester en surface, même les sentiments de William et Nika ne sont qu’effleurés, on a du mal a être simplement touché par leur histoire, par cette relation. On a sans cesse l’impression d’une retenue générale, d’une intrigue qui veut sciemment rester dans l’allusif, sans se révéler véritablement. Lemire a peut-être en effet signé là un récit de science fiction très personnel, mais il pèche d’une part à vouloir mettre trop d’élément et d’autre part à rester dans une écriture elliptique.

Toutefois, je reconnais à cet album une personnalité intéressante qui donne envie de creuser les pistes, d’essayer de comprendre. On se fait progressivement au graphisme très particulier de Lemire, à ses ambiances ou il tente parfois de varier les styles, ça n’est pas toujours très heureux mais au moins il y a de l’audace !

Un album assez étrange, qui aurait pu malgré tout amener des émotions bien plus profondes, moins dans la retenue !

Par FredGri, le 10 février 2015

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