Tripoli

Le 10 mai 1801, à Tripoli, le consul américain Cathcart et son assistant sont convoqués de toute urgence par le souverain intransigeant Yussuf Karamanli. Imposant le versement d’un lourd tribut aux Etats-Unis pour non agression de sa propre flotte, ce dernier exige instamment des preuves pécuniaires de la part des américains. Mais devant le manque de soumission à ces nouvelles revendications, le maître du royaume de Tripoli décide de violer les traités de paix en cours et de s’en prendre à nouveau aux bateaux américains. Cette décision ne manque pas évidemment de faire réagir le Président Thomas Jefferson qui nomme l’ancien consul de Tunis William Eaton pour engager des représailles à l’égard de Tripoli. Ce dernier a un plan qui repose impérativement sur l’adhésion de Hamet Karamanli, le frère cadet déchu du bey. Pour cela, il embarque pour Malte afin de récupérer un petit contingent de marines et prend la direction de l’Egypte pour y retrouver le prince déshérité. Avec celui-ci et un grand nombre d’hommes de toute origine, ils prennent le chemin de Tripoli en passant par le désert.

Par phibes, le 9 mai 2014

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Notre avis sur Tripoli

Après une saga policière (la Trilogie Noire), un thriller aéronautique (Mayday) et une équipée dédiée à l’automobile (Ring), Youssef Daoudi revient dans les bacs pour, cette fois-ci, nous sensibiliser sur un pan de l’histoire américaine du début du 19ème siècle, à l’époque où ce vaste pays commençait à goûter ses premières années d’indépendance et que sa flotte commerciale subissait la menace des Etats africains dit barbaresques.

C’est donc à l’appui d’une solide documentation que l’auteur a constitué son sujet, le structurant habilement via une partition intéressante et un enchevêtrement d’époques et de tranches de vie pour le moins explicites. Tout en posant inévitablement le cadre historique et en usant d’une narration personnelle (celle de William Eaton, l’un des personnages principaux), cette histoire bénéficie d’un certain punch dans son évocation qui ne manque pas de lui octroyer aisément, malgré cette base authentique, un caractère aventureux non négligeable. Pour cela, Youssef Daoudi ne manque pas de jouer sur les apparences caractérielles de ses personnages, là sur l’intolérance et le fanatisme du Maître de Tripoli, là sur la détermination de l’américain William Eaton ou encore là sur l’esprit volontaire des premiers marines de l’armée des Etats-Unis, le tout certes suffisamment pour donner une certaine consistance mais sans pour autant trop surdimensionner les egos.

La partie graphique de Youssef Daoudi est particulièrement bien inspirée. L’artiste conforte ce trait puissant dont il est à l’origine et qui reste dans des proportions réalistes. S’appuyant là-aussi sur un travail documentaire indéniable, il nous donne à voir des illustrations dont certaines profitablement entremêlées, aux ambiances historiques remarquablement bien ressenties et à l’exotisme dépaysant. On saluera tout particulièrement sa manière de croquer les navires pour le moins rigoureuse et également cette propension à exposer des personnages fascinants et charismatiquement imposants. Enfin, son choix des couleurs est adroit, grâce à une palette assurément sans trop d’excès mais suffisante pour donner la tonalité qui sied à cette évocation historico-aventureuse.

Une évocation des plus réussies qui a la particularité de mettre en avant des faits de guerre peu connus et qui a également l’avantage de passer sous les projecteurs des personnalités historiques ayant marqué leur époque.

Par Phibes, le 9 mai 2014

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