Trompe-l’œil

Le Clan Williams est une belle bande d’escrocs et de truands québécois, à la fois prêts à tout, même à tuer de sang-froid pour maintenir la pérennité de leur business, mais aussi, parfois, un peu bras cassés avec un soupçon d’amateurisme. Lorsque Jade, qui vient de sortir de prison, renoue le contact avec son amie Fiona qui s’est spécialisée en Histoire de l’Art, et dont le père est un faussaire repenti, le trio décide de monter un lucratif trafic de faux tableaux.

Mais les choses vont vite dégénérer, les escrocs devenant les escroqués. On ne se moque cependant pas comme cela des Williams, et courses-poursuites, retournements de situation, coups en tous genres vont ainsi pleuvoir, Trompe-l’œil mêlant à cette trame estampillée polar et action, sur fond de trafic d’art, des enjeux plus intimes, l’heure étant aussi aux règlements de compte familiaux pour les deux jeunes filles, Jade et Fiona. L’humour et l’absurdité de certaines situations donne parfois l’impression de glisser vers une ambiance à la Fargo des Frères Coen.

Paul Bona s’était cantonné à des travaux de colorisation depuis Popi blues (2017) et le premier tome de La guerre des autres (2018). Son dessin pourra déranger le lecteur durant les premières planches, avec des proportions de visages et de personnages surprenantes, et une mise en couleur parfois un peu trop monochrome, mais on se laisse vite emporter par le scénario de Damien Martinière, et la synergie qui s’opère entre les personnages de P. Bona.

Trompe-l’œil est un polar haletant et rythmé dans lequel chacun cache bien son jeu et peut s’avérer plus dangereux que prévu, une lecture recommandée !

Par V. DEGACHE, le 8 avril 2024