Tueur !

Izô Okada est un gôshi, un samouraï, mais de classe inférieure. Après des périodes de combats, il a repris le chemin de sa maison où il vit chichement, moins bon à manier la bêche que le sabre. Sans le sou, il finit par retourner voir son ancien maître, Takeshi, pour lui demander de l’aider. 

Ce dernier l’embauche en tant que tueur pour le compte du parti du fief de Tosa. Dans un pays aux proies au doute et où le modèle de société glisse doucement vers la modernité, Takeshi compte, en effet, peser sur la vie politique. Sa méthode ? Éliminer tous ceux qui pourraient se mettre en travers de sa route.

Le puissant Izô Okada, trop fidèle et encore plus naïf,  devient ainsi sa machine à tuer.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Tueur !

Le XIXe siècle est une période trouble au Japon. Les contacts se multiplient avec les pays étrangers et notamment les occidentaux. Le repli sur soi prôné depuis deux siècles bat de l’aile. Du coup, on assiste à un affaiblissement du pouvoir et à un vent de changement dans l’organisation sociale.

Pour les samouraïs, c’est le début de la fin. Ils sont néanmoins encore de grands acteurs de ce bouleversement. En effet, les clans vont user des talents de ces combattants pour concrétiser leurs tristes desseins. Car la métamorphose de la société nippone va se faire dans le sang. Les luttes d’influence vont donner lieu à des séries de meurtres. Le débat politique se fait ainsi à coup de sabre et de menaces.

C’est cet aspect que raconte le gegika de Hiroshi Hirata, un spécialiste du genre. Les faits sont inspirés d’une histoire vraie, celle de Okada, un samouraï réputé pour sa maîtrise incroyable du sabre, mais aussi connu pour être naïf et pas forcément doté d’une grande intelligence. Le livre (un récit complet), publié au Japon en 1969, raconte comment il va se fourvoyer dans les missions de mort de Takeshi, avec une fidélité aveugle, trop confiant dans les paroles de son maître. Il va ensuite tenter de se remettre en question, tiraillé par sa volonté de croire en Takeshi et les appels de certains de ses amis à le voir penser et agir selon ses propres convictions.

On touche là à un thème cher à l’auteur, vivre en accord avec soi-même. Ce qu’il raconte ici est finalement intemporel. L’aveuglement des hommes, leur manipulation par d’autres pour assouvir notamment une soif de pouvoir, voilà des choses qui ont existé à toutes les époques et qui continueront encore à sévir demain. Le thème est bien traité, tout comme la découverte de cette période trouble du Japon, vue à travers les manœuvres des fiefs.

J’ai pris du plaisir à lire ce livre grâce à tous ces éléments. J’ai pourtant douté au début car l’histoire était laborieuse à démarrer et qu’il était difficile de s’attacher à ce Okada qui a tout d’un anti-héros. Mais le doute est de courte durée. On comprend ensuite très vite où l’auteur veut en venir et nous suivons avec intérêt l’évolution du personnage.

Autre point fort, le graphisme, qui a beaucoup de caractère. La force du trait et la fluidité des scènes de combat imposent le respect.

Tout cela fait de ce livre un très bon gegika. Venant de Hirata, le contraire eut été décevant.

Par Legoffe, le 1 mai 2008

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