Tueur de femmes

Le port de New Fordwich située en la Nouvelle Angleterre est, en ce 19ème siècle, une bourgade qui ne manque d’animation. Battue par le ressac de la mer océane, la cité côtière accueille à chaque accostage les nombreux candidats à la découverte du Nouveau Monde. Malgré cette quiétude ambiante, il n’est pas des plus heureux de se promener la nuit tombée dans les rues sombres de la localité, surtout si on est une femme. En effet, un mystérieux personnage au masque rouge traîne dans l’ombre et s’attaque sans vergogne aux malheureuses isolées, et ce, au grand dam du chef Caleb. C’est lors d’une agression perpétrée par le bandit masqué que l’aquarelliste placide Nathaniel Phibs, témoin de la scène, s’interpose et se voit mortellement blessé. Toutefois, bénéficiant d’un sursis, écoeuré par les actes à répétition ignobles, et torturé par sa conscience, l’artiste décide d’affronter le sinistre personnage. Un justicier serait-il né ?

 

Par phibes, le 5 février 2011

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Notre avis sur Tueur de femmes

Après avoir œuvré ensemble sur les séries Au centre du Nowhere et Red River Hotel, Jean-Luc Cornette et Michel Constant se retrouvent pour la troisième fois. A cette occasion, ce sont les ambiances de la Nouvelle Angleterre du 19ème qui les pousse à réaliser une équipée plutôt originale dans ses circonvolutions.

Restant fidèle à la collection Quadrants après Les gens urbains, Jean-Luc Cornette réalise ici un récit non pas moderne comme le précédent mais plutôt inscrit dans l’Histoire du Nouveau Monde. Fort de cette assise authentique, il introduit sa fiction en créant lieux et personnages et en lui insufflant l’intrigue aux envolées fantastiques qui va courir tout au long des 48 planches. C’est ainsi qu’on assiste aux pérégrinations assassines d’un individu masqué qui se révèle comme le sous-titre l’indique, un tueur de femmes. Qui est-il, pourquoi un tel acharnement sur la gente féminine, telles sont les questions qui ne manqueront de fuser. A ces agissements sinistres, le scénariste oppose un frêle bonhomme, sans histoire et peintre naturaliste qui va devenir un adversaire peu commun en s’accaparant l’emblème des Etats-Unis, le pygargue blanc.

Cette association est certes sympathique mais demeure quelque peu étrange quant à la ressource hors norme du dénommé Phibs. Ce dernier se dévoile dans une apparence que Jean-Luc Cornette se plait à faire évoluer au contact de la mort. L’intrigue quant à elle, si elle est bercée d’une narration et de dialogues travaillés, se révèle assez simple dans ses entournures macabres et dans les réponses attendues. Toutefois, Jean-Luc Cornette parviendra à nous surprendre en suscitant de temps à autre une amertume redoutable (par exemple le final).

Michel Constant signe un dessin semi-réaliste assez vivant (bien qu’il y ait de nombreux morts !). Son trait que l’on a pu apprécier précédemment dans Rue des chiens marins, est persistant, dans une maîtrise des expressions et du mouvement. Bien qu’à première vue, on tendrait à considérer son univers proche de l’humour, il démontre qu’il n’en est rien et qu’il peut flirter avec le dramatique le plus sanglant.

Un sympathique ouvrage sans réelle prétention et qui a son intérêt de par l’opposition, à tire d’ailes, de deux personnages masqués.

Par Phibes, le 23 février 2011

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