Udama chez ces gens-là
Claire et Hervé viennent d’avoir une petite fille. Tous deux ont un métier prenant et Claire, après plusieurs semaines dédiées à la fin de sa grossesse, à son accouchement et à l’accueil de Rose, n’attend plus que de retourner dans l’agence immobilière où elle est cadre. Claire est une femme moderne, une battante, et changer des couches, ce n’est pas pour elle !
Claire a repoussé les invitations de son mari à profiter jusqu’au bout de son congé maternité, ils ont donc passé une petite annonce pour trouver une nounou. C’est Udama qui a retenu leur attention. Jeune et ayant elle-même des enfants, elle était une recrue idéale ! Elle sera même d’une aide plus que précieuse pour Claire et Hervé, acceptant de faire d’autres taches ménagères en plus de la garde de Rose et restant régulièrement et sans jamais trop se plaindre au-delà des horaires de son contrat.
Libérée du fardeau du rôle maternel, Claire l’ambitieuse peut donc dépenser toute son énergie au travail. Mais à la maison, c’est une femme lessivée et acerbe qu’Hervé retrouve le soir : une femme qui n’a plus la force de rien. Même pas de donner un peu de tendresse à son mari qui, compréhensif au départ, trépigne de plus en plus à mesure que les semaines passent. Jusqu’à ce qu’il se surprenne à faire un jour une demande pour le moins incongrue à Udama…
Par sylvestre, le 3 avril 2017
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9782849532720
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Notre avis sur Udama chez ces gens-là
Claire et Hervé sont des gens "bon teint" qui font carrière. Ils se sentent probablement au-dessus du lot sans s’en rendre compte, dans leur superbe appartement parisien, et lorsqu’ils emploient Udama pour qu’elle garde Rose, ils finissent par abuser de sa bonne volonté et de sa disponibilité en toute bonne conscience ("Udama est bien, chez nous") mais oublient qu’une fois son service terminé, elle aussi a des enfants à retrouver à des kilomètres de transport en commun de là.
Claire se sent indispensable au boulot et au-dessus de toutes ces petites choses qu’elle devrait faire pour son bébé. Reprendre son travail au plus vite était la seule chose concevable pour elle : il ne s’agissait pas qu’une collègue lui prenne sa place ! N’est-ce pas là plutôt une manière de fuir ses responsabilités familiales ?! Certains parleront d’égoïsme, d’autres de pression sociale…
Claire n’est pas un personnage attachant, contrairement à Hervé et à Udama. Elle est froide, distante, elle est le grain de sable qui grippe la mécanique quand les a-priori auraient dû faire de la Malienne le personnage "à problèmes". Mais au contraire, Udama rend service, elle aide bien au-delà de ce pour quoi elle a été embauchée au départ ! Les surprises que nous réserve l’histoire (et dont rien n’est dit ici) pousseront peut-être certains lecteurs à l’étiqueter "profiteuse", voire "manipulatrice", "malhonnête". Or, c’est là qu’il faut prendre du recul, qu’il faut reconsidérer les rôles, les relations, les chances, les opportunités…
On juge toujours les autres par rapport à sa propre condition. On voit toujours en l’Autre le concurrent, le profiteur, le voleur, avant d’essayer de voir en lui la personne qui essaye de s’en sortir avec les moyens qu’elle a ou qui sont mis à sa disposition… On oublie souvent qu’un jour, peut-être, on sera à notre tour l’étranger.
Si Udama agit d’une manière qui peut choquer, elle ne fait en réalité que s’adapter à la situation qu’elle vit et ne fait que tirer de ce qui lui est proposé le meilleur pour elle et pour sa famille. Après tout, le problème ne vient pas d’elle ! Elle a juste su tirer son épingle du jeu en préservant tout le monde, elle a su ne pas se laisser dépasser tout en prenant des risques…
Subtilités, non-dits, différences culturelles, rapports d’employeurs à employée, humanité et faiblesses humaines… Dans cette histoire bien menée interviennent des tas de notions sociales qui mènent, en un milieu ordinaire, vers une situation pour le moins extraordinaire…
Une bande dessinée réalisée par l’Allemande Zelba pour les éditions La Boîte à Bulles.
Par Sylvestre, le 3 avril 2017