Un amour exemplaire

Daniel Pennac a donné rendez-vous à Florence Cestac afin que cette dernière illustre l’histoire qu’il souhaite réaliser et qui a trait à un amour exemplaire. Pas forcément emballée au demeurant, la dessinatrice daigne écouter son complice plein de verve. C’est à la suite d’une présentation emplie de mystères, elle finit par découvrir qu’il s’agit d’une romance qui a touché de près le scénariste lorsqu’il était jeune et qui concerne une amie de sa grand-mère, Germaine et son vilain de mari Jean de Bozignac. Cette fois-ci piquée au vif, Florence décide d’entendre la belle histoire d’amour qui se passe à la Colle-sur-Loup, dans l’arrière-pays niçois, que le conteur connaît pleinement pour y avoir passé sa jeunesse et découvert ce couple incroyable et tellement fascinant.

Par phibes, le 10 avril 2015

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Notre avis sur Un amour exemplaire

Deux ans après avoir titillé Le démon du soir, Florence Cestac revient toujours sous le couvert de la maison Dargaud pour nous proposer un nouveau récit gorgé de sentiments en tout genre. Pour alimenter son ouvrage, elle se fait accompagner cette fois-ci par Daniel Pennac, écrivain/comédien de son état, qui vient lui amener sur un plateau la matière première.

En effet, Un amour exemplaire est avant tout l’évocation de souvenirs de jeunesse du scénariste qui met en lumière un couple de personnages hors norme avec lequel il a entretenu des liens on ne peut plus forts. L’histoire de Germaine et de son Jean, compagnon un tantinet perché et pas beau, est comme il se doit un partage de sentiments sans limite. Tout en virevoltant généreusement entre passé et présent, Daniel Pennac narre leur histoire, dans un jeu verbal simple, adroit et plein d’attirance. Il nous expose sans ambages leur rencontre, leur amour immédiat et inébranlable, leur philosophie de vie affectueuse sans aucune contrainte, sans intermédiaire (sans boulot, sans enfant), pour assouvir pleinement leur passion.

Evidemment, de par cette évocation qui n’engendre nullement la mélancolie et qui ouvre la porte à de bonnes petites entorses à la réalité, on se laisse embarquer par le mouvement, à l’instar des clients du restaurant où se trouvent les auteurs, bercé par la liberté d’esprit du couple, par ce bonheur nature et hors norme qui lui est propre, par cette curiosité que son style de vie génère, par la fascination compréhensible du jeune Pennac et par les répliques spontanées de chaque intervenant. On s’attendrit, on rit, on s’émeut et à ce titre, l’on peut concéder que la magie opère tout du long du récit.

Le style gros nez qui a fait la notoriété de Florence Cestac donne à n’en pas douter une connotation humoristique. Mais il a aussi la particularité de susciter une certaine authenticité et à rendre le récit complètement convaincant. Pour la première fois dans sa vie de dessinatrice, l’artiste consent à faire une entorse à son graphisme au point de croquer, pour le grand Jean en particulier, un appendice moins rond et plus allongé. Il n’en demeure pas moins que le message global, porté par un dynamisme naturel, reste d’une sensibilité toujours aussi attrayante et permet, dans cette aventure amoureuse sans limite, de susciter de bons rictus.

Une histoire d’amour absolument rafraichissante portée par deux artistes qui manient les sentiments avec beaucoup d’esprit et d’humour. Un bon petit moment de détente !

Par Phibes, le 10 avril 2015

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