Un après-midi un peu couvert

 
Pierre est arrivé sur "l’île nid" où il a retrouvé Catherine qui y travaille en qualité d’ornithologue. Il n’est là que le temps d’un week-end et malheureusement, une réunion s’est imposée dans l’agenda de Catherine qui ne pourra donc pas être aux côtés de Pierre durant son trop court séjour.

Celui-ci ne va pas en prendre ombrage et profitera de ce temps devenu libre pour aller à la rencontre des gens et arpenter les chemins de la petite île bretonne, une île paisible en apparence mais néanmoins touchée par divers problèmes, économiques ou de société…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Un après-midi un peu couvert

 
Un après-midi un peu couvert
est une véritable respiration. Tout d’abord parce que c’est une bande dessinée et que la lire signifie qu’on a pu s’éloigner de nos petites contraintes quotidiennes, mais aussi parce qu’on y suit un personnage, Pierre, qui va lui-même se retrouver libéré d’un emploi du temps qu’il avait programmé. Oh, pas que Catherine lui aurait "pris" son temps, non : il était venu pour la voir, il était venu pour passer du temps avec elle… Mais d’apprendre qu’elle ne pourra plus, malgré elle, lui consacrer du temps, va ouvrir à Pierre des horizons nouveaux, lui, l’étranger sur cette île.

J’ai envié Pierre parce qu’à sa place, j’aurais été plus sauvage. Je n’ai pas cette facilité qu’il a d’aller vers les gens, vers n’importe qui, et de savoir trouver le premier mot, le bon, pour engager la conversation. Et même si je me suis dit que les quelques heures qu’il devait tuer paraissaient s’éterniser (il va vraiment faire beaucoup de rencontres), je ne m’en suis pas plaint : ainsi j’ai pu mettre mes pas dans les siens, au cours de cette promenade, et j’ai pu être l’oreille qui écoutait ces conversations que je n’aurais pas su engager.

L’île nid est presque un personnage en elle-même. En tout cas, elle est plus qu’un décor. Et s’y promener, l’observer, la questionner, fait qu’on la découvre, qu’on la ressent mieux. C’est logique. Etre étranger quelque part met les sens beaucoup plus en alerte… De cette apparente tranquillité de territoire du bout du monde transpirent en réalité des malaises, des tensions, des on-dit, des rivalités et de la fatalité. C’est tout cela qui va baliser les pensées que Pierre nourrira alors, au gré des échanges qu’il aura avec les uns ou les autres, îliens ou "pièces rapportées". Et c’est tout cela qui nous fera aussi regarder autrement la relation qui existe entre Pierre, qui ne se sent pas prêt, et Catherine, qui repousse l’échéance…

Un après-midi un peu couvert est enfin un ouvrage au dessin réaliste, travaillé semble-t-il à partir de photos, et colorisé en bichromie. Ce choix de teintes sied à merveille aux ambiances qui se dégagent de ces landes un peu austères, de ces vols d’oiseaux marins et de cette électricité qui est palpable entre les gens. Stéphane Squarzoni qui s’était fait connaître avec des titres en noir et blanc plutôt branchés politique, économie et histoire montre avec cette bande dessinée qu’il ne se retrouve pas manchot lorsqu’il s’agit de livrer un peu plus intimement un personnage. La collection Mirages était tout indiquée pour cela et avec Un après-midi un peu couvert, un superbe titre s’ajoute à cette collection.

Bravo l’artiste. Et merci Pierre, pour ce bout de chemin fait ensemble.
 

Par Sylvestre, le 23 septembre 2008

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