Un bruit étrange et beau

C’est toujours compliqué de démarrer la chronique d’un album. Compliqué, car on a plus ou moins de choses à en dire et qu’à chaque fois il faut arriver à exprimer tout ce que l’on a ressenti.
Mais ici, c’est difficile, car je dois chroniquer un album que j’ai énormément apprécié sans savoir par quel bout commencer… mais je me lance.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré, car cet album est atypique. Il raconte une histoire que l’on n’invente pas, une histoire que personne n’aurait pu imaginer, pleine de silence et qui apporte un grand moment de calme, de sérénité pendant et après la lecture.
A chaque page que l’on tourne on fait attention que le bruit de la page ne trouble pas l’ambiance de la lecture, on bouge délicatement l’album pour ne pas le faire craquer, on retient sa respiration ou plutôt on respire avec William.
Et on découvre le talent de Zep qui, avec habileté, sincérité et finesse, nous propose une lecture spirituelle. On est plongé dans un univers tellement loin de nos considérations journalières, un univers ou nos réalités sont confrontées à nos certitudes et semblent alors si ephémères, si futiles que l’on en vient rapidement à douter de nos vies, de nos raisons de vivre et de ce que nous avons été, nous sommes et ce que nous allons être…
L’album nous emmène loin, loin de nos vies si frénétiques ! Il nous plonge profondément dans nos pensées… Les questions fusent, nos choix, nos envies, nos rêves, tout s’entremèle, rejoignant les questionnements que William, le moine, se pose lui aussi. Et c’est à ce moment que l’on se rend compte qu’il découvre notre monde pendant que l’on découvre le sien.
Nos pensées se rapprochent des siennes, tout se mélange. La lecture si douce devient alors rugueuse, pleine d’intensité et d’envie de partage.

La découverte de l’ordre religieux des Chartreux et de la vie dans un monastère est clairement une surprise pour moi. Même si j’en avais quelques vagues idées, grace aux premières pages de l’album je me suis clairement immergé dans cet univers. La qualité de la narration de Zep et l’utilisation subtile de la voix off nous enrobent d’un silence profond et lourd. On partage alors uniquement les pensées restées cruellement muettes de William.

Sans oublier que l’on est dans une Bande Dessinée et que Zep nous déroule la facette de l’auteur posé, on est bien loin de Titeuf et autres albums humoristiques. Il joue avec brio avec une palette de quelques couleurs. L’utilisation pour chaque type de sentiment ou de moment de couleurs en bichromie. Lorsque les émotions sont mises en avant alors c’est un doux rose qui est utilisé, un marron représentera les souvenirs et un bleu violacé pour le présent….

Clairement la BD de cette rentrée 2016.

A NE PAS MANQUER…

Par AUB, le 20 octobre 2016