Un enterrement de vie de jeune fille

Quitterie et Auréole ont décidé de faire une surprise à leur copine Anne. A quelques jours du mariage de cette dernière, les deux filles simulent un kidnapping et l’emmènent dans une maison de campagne pour faire la fête. Mais la surprise tant espérée se transforme peu à peu en cauchemar au gré des désillusions et des évènements qui touchent chacune d’elles.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Un enterrement de vie de jeune fille

Hervé Bourhis, détenteur du prix Goscinny décerné en 2002 pour "Thomas ou le retour du tabou", s’est focalisé, en ce one-shot, sur les mésaventures de trois jeunes femmes tout à fait ordinaires qui vivent des situations peu ordinaires mais, somme toute, empreintes d’une certaine réalité, qui plus est, cruelle.

L’histoire de Quitterie, Auréole et Anne commence plutôt bizarrement puisqu’il est question de quelqu’un qui fuit d’un hôpital et d’un rapt qui, en fait, n’en ai pas un. Cette bizarrerie qui amène des interrogations, se maintient subtilement tout au long du récit. En effet, ce dernier est ponctué de faits plus ou moins graves dont les jeunes amies sont à l’origine, et qui viennent malheureusement empoisonner leur existence. De fait, tout concourt à ce que la fête organisée ne se déroule pas comme prévue et se transforme en un amas de sentiments les plus divers aboutissant sur une désillusion noire.

Hervé Bourhis se plait à surprendre. A plusieurs reprises dans son récit, il donne des à-coups à son road-movie féminin, lâche quelques effluves acides et parvient à nous désorienter. Ces effets scénaristiques assez simples qui s’apprécient au rythme des petits secrets divulgués par les trois héroïnes, rendent son histoire tantôt ironique, tantôt tragique, singulière et attirante. Considérant ces contre-pieds, on se doit de s’accrocher au train des femmes en espérant de percevoir où tout ça va nous mener. Et là, le couperet tombe suite à des aveux incisifs que nous jette l’auteur et qui laisse planer un instant de silence. Bravo, c’était bien mené !

Le trait naïf qu’Hervé Bourhis utilise volontairement donne une fraîcheur d’ensemble qui s’apprécie et force la curiosité. Ses personnages imprécis, à l’aspect dégingandé, qui déambulent dans des vignettes cadrées approximativement ont ce petit quelque chose qui pousse à les suivre dans leurs déboires. La colorisation sans excès d’Isabelle Merlet n’y est certainement pas étrangère.

Au propre comme au figuré, "Un enterrement de vie de jeune fille" est un ouvrage, au format pratique, tendant vers le noir très sympathique et constitue, pour ma part, une lecture de première classe.

Par Phibes, le 17 octobre 2008

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