Un espoir ordinaire

Ernesto a pris un vol reliant le Salvador à Los Angeles pour rendre visite à son cousin Carlos. Ce dernier est venu le chercher à l’aéroport et la route qu’ils avaient à faire pour arriver à destination étant longue de plusieurs heures, Carlos est revenu, à la demande d’Ernesto, sur le périple qui les avait menés dix ans plus tôt, lui et sa mère Elena, aux États-Unis.
C’est la pauvreté et le manque de perspectives qui ont poussé Carlos et sa mère à partir tenter leur chance au pays de l’Oncle Sam. Pour une somme exorbitante, ils ont mis leurs destins entre les mains d’un passeur. A pied ou en voiture mais toujours dans l’incertitude, dans le stress, dans l’illégalité ou à la portée d’un danger, ils ont traversé trois pays et de multiples régions « où il ne fait pas bon vivre » (des zones tenues par des cartels, des déserts…) avant de réussir enfin à mettre un pied au pays du dollar. Puis deux.
Témoignage…

Par sylvestre, le 18 octobre 2024

Notre avis sur Un espoir ordinaire

L’Europe connaît d’innombrables vagues de migrants mais elle n’est pas la seule région du monde où les candidats à une vie meilleure quittent un beau jour tout ce qu’ils ont (ou le peu qu’ils ont) pour aller se confirmer que plus loin l’herbe est plus verte. Les Amériques du Sud et Centrale sont en effet également le théâtre d’importantes migrations elles aussi dues à la pauvreté ou à des situations politiques ou sécuritaires exécrables.
Dans Un espoir ordinaire, le périple qu’ont fait Carlos (le cousin de l’auteur) et sa mère nous est raconté en bandes dessinées. Partis du Salvador, ils ont traversé le Guatemala et le vaste et pluriel Mexique avant d’arriver aux États-Unis. Une aventure d’une grande difficulté qui leur aura pris beaucoup plus de temps et d’énergie que s’ils avaient pu prendre l’avion ! Mais sans visa ou sans papier, voyez-vous…
Ceux qui en ont entendu parler ont pu se renseigner sur le Darien, cette zone de jungle inhospitalière entre la Colombie et le Panama où aucune route n’existe qui relierait l’Amérique du Sud à l’Amérique Centrale ; et que d’incessantes vagues de candidats à l’exil mettent cinq jours – au bas mot – à traverser à pied. Les caractéristiques géographiques de ce « Darien Gap » en font un secteur haut en choses terriblement moches ou terriblement belles (une fois qu’on s’en est sorti) à raconter. Mais ce sur quoi passent vite les reportages qui en parlent, c’est qu’au sortir de la jungle panaméenne, le chemin qui reste à faire pour arriver aux États-Unis est encore très long et semé d’embûches.
Carlos et sa mère n’ont pas traversé le Darien, eux. Partis du Salvador, leur point de départ n’est qu’une étape pour ceux qui arrivent de plus au sud. Mais les conditions de leur voyage furent quand même terribles. La faim, le froid, la peur, le risque de se faire racketter ou tuer, d’être abandonné à son triste sort… Voilà un petit aperçu du catalogue des menaces qui pèsent sur les migrants comme eux.
Cette migration, cet arrachage « crève-coeur » de Carlos et de sa mère à leur pays, elle nous est racontée à l’aide de dessins qu’on aurait pu imaginer beaucoup plus torturés et plus sombres. Mais ce n’est pas le cas. Le trait et les couleurs de Ernesto Saade sont au contraire plutôt ronds, doux et chauds. Est-ce par souci de porter l’espoir ou est-ce parce que Carlos et sa mère « ont réussi » ? Ou peut-être est-ce plus simplement parce que c’est le style de l’auteur !? L’idée n’est en tout cas assurément pas de minimiser les douleurs et les difficultés qu’on « vit » au fil de la lecture.
Dans Un espoir ordinaire, en plus d’affirmer l’admiration certaine qu’il a pour son cousin et sa tante, Ernesto Saade rend hommage à tous ces pauvres gens qui, à différents endroits sur la planète, luttent et marchent pour accéder à un avenir meilleur et pacifique.

Par Sylvestre, le 18 octobre 2024

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