Un homme est mort

Brest 1950. Au lendemain de la guerre, il ne subsiste rien de la ville. Les bombardements et les combats ont tout détruit. Il faut reconstruire et la ville devient un immense chantier. Des milliers d’ouvriers travaillent à cette reconstruction.

Avril 1950 : cela fait un mois que les ouvriers font grève : ils réclament de meilleurs salaires. Ils sont rejoints dans leur combat par les dockers, les traminots et ceux de l’arsenal. Le 17 avril, une grande manifestation doit avoir lieu. Elle est interdite par les forces de l’ordre. Les affrontements entre manifestants et gendarmes sont rudes, jusqu’à ce que les gendarmes ouvrent le feu sur les ouvriers. Quelques-uns seront blessés, un homme est touché en pleine tête. 
René Vautier est un cinéaste engagé, qui vient de faire un film Afrique 50, qui le condamne en France. Il est en Irlande lorsque les syndicats lui demandent de revenir à Brest pour filmer cette lutte. Il revient clandestinement en France et filme ces jours sombres sur Brest avec un film qui a disparu depuis : Un homme est mort.

 

Par berthold, le 9 juin 2014

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Notre avis sur Un homme est mort

En 2006, sort chez Futuropolis, une bande dessinée signée Davodeau et Kris. Et après relecture, je suis encore sous le coup de l’émotion. Un homme est mort, le livre, est un choc, un chef d’oeuvre !

En novembre 2013, l’éditeur Folio, dans sa collection BD, propose une édition en petit format, format poche, de ce livre.
C’est une bonne occasion pour découvrir ou redecouvrir ce récit, même s’il est dans un petit format : cela ne gêne en rien la lecture et l’appréciation de cette oeuvre.

Le livre qui doit être montré à tous et à toutes pour ne pas oublier cette lutte menée par des hommes pour avoir droit à de meilleurs conditions, et pour ne pas oublier cet homme, Edouard Mazé, mort ce jour funeste d’avril 1950, alors qu’il manifestait et qui fut touché par une balle tirée par les gendarmes.
Kris a porté ce livre en lui pendant plusieurs années, comme on l’apprend dans le dossier à la fin. Le scénariste du Déserteur (Delcourt), de Le monde de Lucie (Futuropolis) nous raconte, avec émotion, comment est né ce projet, son envie de raconter cette histoire, la déception de ne pouvoir le faire et l’aboutissement de cette aventure.
Il est aidé par Etienne Davodeau au dessin. Je ne connaissais Davodeau que de nom jusqu’à aujourd’hui, n’ayant rien lu de lui. Je découvre un dessinateur très talentueux et un auteur à suivre. Ses planches sont de toute beauté. Quel travail sur les couleurs, le réalisme, et avec quelle sobriété il fait passer l’émotion dans son dessin ! Juste un regard, une posture.
J’ai eu aussi la larme à l’oeil par moment. Lorsque P’tit Zef dit le poème de Paul Eluard à sa façon ). C’est une très grande scène. Regardez encore une fois le P’tit Zef déclamer son texte, n’est ce pas magnifique ?

Le film de René Vautier ayant disparu cette année-là à force de diffusion sur les chantiers, je crois que ce livre le remplacera. Comme le dit Vautier à la fin : " je pensais vraiment qu’il ne reverrait jamais le jour… Et je n’aurai jamais imaginé que ce serait sous la forme d’une bande dessinée.".
J’ai aussi découvert un personnage (parmi tant d’autres dans ce livre), René Vautier, ce cinéaste engagé et qui continue aujourd’hui encore à filmer de par le monde et à dénoncer ce qui le révolte. René Vautier est le réalisateur du film "Avoir 20 ans dans les Aurès", par exemple.
Je tiens à remercier Kris et Davodeau pour nous avoir offert ce récit, nous avoir permis de le redécouvrir dans un autre format, et de toute façon, de nous avoir offert une grande oeuvre que nous ne sommes pas près d’oublier, même la dernière page refermée.
Merci à vous messieurs !

Par BERTHOLD, le 9 juin 2014

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