Un matin de septembre
Antoine a perdu sa mère dans un accident de la route. Le doute sur l’origine de ce drame, la possibilité que la sortie de route fatale ne soit pas fortuite commence à le ronger et le pousse à essayer de se rapprocher de cette mère disparue, passagère dans la voiture de son compagnon, Paul.
Alors qu’il fouille sa mémoire, ses vidéos, pour tenter de retrouver la voix de sa mère dont il n’a plus aucun souvenir, il retrouve dans la voiture de celle-ci une série de cassettes qu’il s’empresse d’écouter. L’audition de ces bandes le laisse extrêmement troublé, la voix qu’il retrouve est celle de de Paul.
Par olivier, le 19 août 2013
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782917237588
Notre avis sur Un matin de septembre
Cette voix raconte une longue histoire, c’est un journal que tenait Paul, une confession où il relate son voyage des Etats Unis en Europe, son passage par une petite station balnéaire de la côte atlantique où sont une partie de ses racines, sa rencontre avec la mère d’Alexandre. L’écoute de ces cassettes dont il a fortuitement hérité va déclencher chez ce dernier une envie de comprendre.
Plus encore que le contenu par lui-même, c’est le ton de Paul qui l’intrigue et il en arrive à se demander si ce dernier n’était dépressif à tendance suicidaire.
Il va donc, profitant des vacances scolaires, se rendre avec sa compagne à New York, sur les traces de celui qui fut le dernier compagnon de sa mère.
Le récit glisse alors lentement de l’absence de la mère, de l’oblitération de sa mémoire, vers une présence de plus en plus forte, prégnante de Paul.
C’est une enquête, une effraction dans la vie privée de celui-ci à laquelle Alexandre va se livrer. Paul était marié, mais ni sa femme, ni son fils ne répondent pas à ses messages. Un homme toutefois accepte de les recevoir, un ami de Paul, Francis Eissner, scénariste de polars, qui leur brosse un portrait de Paul, sa naissance, son enfance, il dissèque son histoire et pourtant n’en livre rien de véritablement révélateur sur son caractère. Alexandre ressent ce manque, le fait qu’on lui cache quelque chose, un détail, le grain de sable, l’événement qui change le cours d‘une vie.
Un autre témoin interviendra, Eleuthera Davis avec qui Paul travaillait à l’université de Columbia lui en révèle un peu plus, évoquant le matin du 11 septembre, le rendez-vous qu’il a manqué avec son fils qui rejoindra alors son unité de pompiers pour intervenir dans la tour Nord du World Trade Center.
Le 11 septembre, une date inoubliable, un événement à caractère mondial qui cache une multitude de drames individuels.
Le récit s’égrène, intimement mêlé aux événements tragiques qui meurtrirent ou endeuillèrent l’Amérique, la guerre en Irak où ces terribles attentats. C’est la vie d’un homme, grand voyageur, souvent en mission pour l’Unesco en Arabie, enseignant à l’université de Columbia, mais aussi père de famille qui fuit ses responsabilités.
On touche ici au sujet central de ce splendide roman graphique. La déchirure que provoque la perte d’un être cher quand on se sent responsable de sa mort. Le sentiment de culpabilité qui se développe, insidieux, rongeant l’esprit et la raison jusqu’au point de non-retour.
La dissection de cette vie, ce que Paul raconte sur les bandes magnétiques et surtout ce qu’il ne dit pas, est très délicatement et subtilement mis en scène par Jérôme Pigney. Ses personnages, qui portent tous à des degrés divers leur part d’ombre, apportent au récit une épaisseur humaine, une réalité sensible et fascinante. Le récit est dense, chargé d’une émotion naturelle et on se laisse emporter par la richesse de l’écriture qui place l’intimisme au centre du maelström historique mondial. Le récit est construit en constantes ruptures, flash-backs ou apartés parfois déroutants mais qui, peu à peu, permettent de mieux cerner la personnalité pusillanime de Paul. Le récit est prenant, Jérôme Pigney nous livre un roman où l’émotion est tout à la fois portée par le verbe et le dessin, chacun prenant sa part en une construction élégante et dramatique.
Par Olivier, le 19 août 2013
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