UN MONDE OUBLIE
Première partie

Eric Corbeyran, scénariste on ne peut plus prolifique, reste sur le devant la scène après avoir fleuri les étalages durant l’année 2023 avec des albums tels que No future, Les reines de Sang (T2), Les Chevaliers Ténèbres, Red creek Shuffle, Seule l’ombre, Thomas Carnacki… En effet, en ce mois de septembre, il se fait fort d’adapter en bandes dessinées l’une des œuvres maîtresses du romancier américain Edgar Rice Burroughs, Caspak Monde oublié.

Parue originellement en 1918, cette nouvelle qui fait partie d’un cycle de Caspak nous introduit dans une aventure qui se déroule durant la première guerre mondiale. Un jeune ingénieur américain, Bowen Tyler, parti pour s’engager dans le conflit se voit, à la suite l’interaction maléfique d’un sous-marin allemand, aborder un monde mythique préhistorique.

Cette adaptation se veut pour le moins littérale et a pris pour principe de suivre fidèlement les péripéties vécues par le héros. Accompagné d’une jeune et belle femme, celui-ci, rompu à toutes les situations, est promis à moult péripéties qui ne sont pas sans rappeler des films que l’on a pu voir dans notre prime jeunesse comme Le sixième continent (1975), Le continent oublié (1977). Il ne fait aucun doute que cette première partie part de loin, n’hésitant pas au passage à se nourrit de drames de l’époque (l’attaque par le U-boat qui rappelle le naufrage du Lusitania) et verse ensuite dans une équipée néanderthalienne très animée.

Malgré un conventionnalisme évident, l’intrigue se veut linéairement des plus dynamiques et sans réel temps mort. Les rencontres sont souvent très démesurées et atypiques et forcent la curiosité. Aussi, après avoir égrainé les 56 pages de cet album avec un certain intérêt, on ne sera pas surpris de ressentir l’envie de voir comment l’appel au secours de fin va être entendu.

Connu pour ses travaux sur Curiosity shop, Isabellae…, le dessinateur espagnol Gabor réalise une performance fort attirante. Il donne l’impression que son graphisme se conforme volontairement à « l’ancienneté » du récit, à la faveur d’un trait que l’on pourrait considérer de classique et d’une colorisation passée très adaptée. Le travail est conséquent également sur la représentation du fameux monde oublié, exotique et luxuriant à souhait, peuplé d’animaux et d’humanoïdes préhistoriques dont il a fallu assimiler les caractéristiques.

Une bonne première partie d’une mise en lumière d’un roman dont l’univers a en inspiré beaucoup d’autres. On attend le second volet qui devrait paraître déjà en novembre prochain.

Par Phibes, le 26 octobre 2023