Un monde sauvage

Dans le Wild, l’immensité sauvage du grand nord canadien, deux hommes transis par le froid ambiant ramènent un troisième dans son cercueil tiré par un attelage de six chiens. Lors d’une halte à l’orée d’une forêt sombre, ces derniers s’aperçoivent qu’une horde de loups, menée par une femelle hybride et tenaillée par la faim, les traque inlassablement. Chaque matin, ils ont la surprise de découvrir que leurs chiens de traineaux disparaissent un à un. Jusqu’à ce que l’un des hommes se fasse prendre au piège. Le survivant parvient lors d’un ultime assaut à être sauvé par ses pairs venus à sa rencontre tandis que la meute s’est remise en marche toujours en quête de nourriture. Au fil de leur errance, la louve finit par s’unir à un puissant loup borgne. De leurs ébats, naît une belle portée de louveteaux dont est issu celui qui portera le nom de Croc-Blanc. Ce dernier, tout jeune, entame alors une longue initiation qui va se révéler, au fil du temps, impitoyable et qui va l’obliger à partager sa destinée avec les dieux humains.

Par phibes, le 28 octobre 2020

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Notre avis sur Un monde sauvage

Juste après avoir pu faire publier en septembre dernier le tome 4 de Frison Roche (La piste oubliée), Pierre-Emmanuel Dequest reste présent sur les étalages en nous proposant, toujours sous le couvert des éditions du Rocher, une nouvelle adaptation d’une œuvre littéraire qui, cette fois-ci, se veut propre au célèbre écrivain américain Jack London. Evidemment, il suffit de découvrir le premier de couverture de cet album pour comprendre que cette adaptation se réfère à l’un des romans (pour ne pas dire le roman) le plus connu de cet auteur, Croc-Blanc.

Cette équipée qui a plus de cent dix ans et qui a déjà fait de nombreuses adaptations en bande dessinée, ne s’attache pas à raconter les aventures d’un humain, mais plutôt d’un animal, un chien-loup né dans le grand Nord américain sauvage et sans pitié qui est appelé à vivre une destinée on ne peut plus extraordinaire. Reprenant fidèlement la trame du roman originel, Pierre-Emmanuel nous la restitue d’une manière somme toute très agréable, selon une architecture évidemment classique et efficace.

Malgré quelques transitions un peu rapides, on suit très facilement le parcours initiatique de ce bel animal promis à beaucoup de déconvenues (le monde sauvage est ainsi fait tout comme d’ailleurs celui des humains) mais aussi à de bonnes rencontres. De fait, à l’appui d’une narration explicite très présente qui pourrait relater ce que perçoit Croc-Blanc lors de ses périples, l’auteur trace avec une réelle maîtrise le dur chemin de celui-ci, tantôt sombre, tantôt plus heureux, suscitant au passage son lot d’émotions.

Graphiquement, Pierre-Emmanuel Dequest ne renie pas ses très belles aptitudes d’illustrateur. A la faveur d’un superbe travail à la colorisation directe, l’artiste parvient à donner une représentation digne de l’œuvre de Jack London. A cet égard, on saluera la très belle restitution détaillée du nord canadien, avec ses espaces sauvages à perte de vue somptueux qui viendront s’opposer à ceux de l’ouest bétonné des Etats-Unis. Le découpage de ses planches révèle un découpage audacieux donnant ainsi un soupçon de modernité à son ensemble. On n’oubliera le héros de cette aventure, Croc Blanc, qui a fait l’objet d’une belle recherche documentaire pour le faire apparaître de façon réaliste à de nombreuses tranches d’âge.

Une bien belle adaptation d’un succès littéraire qu’il convient de découvrir dans une version illustrée particulièrement réussie. Une initiative qui pourrait faire suite…

Par Phibes, le 28 octobre 2020

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