Un roman graphique Sokol

On attendait avec impatience cette traduction du dernier album de Dave McKean qui revient ici, en pleine forme, cinq ans après le magnifique Black Dog !
Toujours avec son approche particulièrement "littéraire", l’artiste nous plonge cette fois dans un double univers intimiste troublant de finesse, très touchant ! Les deux hommes mis en scène ici s’interrogent à leur manière sur ce qui les motive, sur leur rapport aux autres, sur ce qu’ils espèrent retrouver aussi, qu’il s’agisse d’un mystérieux texte qui évoquent un monde de contemplation, ou bien des visions étranges ou se croisent des monstres, des oiseaux géants, des silhouettes qui s’étirent…

Car Raptor c’est avant tout un voyage dans l’inconnu. On a conscience de ne pas tout comprendre tout de suite, qu’il faut se laisser entraîner en se fiant aux ambiances, en suivant les petites pistes, en décryptant deçi delà les éléments qui se mettent lentement en place. Cependant, cette lecture est incroyablement immersive. Quand nous sommes auprès de Sokol, dans une sorte de monde féodal, nous ressentons son rapport à la nature, son besoin de s’isoler, de même que le lien qui l’unit à son faucon. Alors que dans l’environnement d’Arthur, plus intellectuel, plus réflexif, nous écoutons le cheminement qui le mène de l’évocation de sa femme disparue à sa perception d’un univers parallèle qu’il appréhende sans vraiment le sentir !

McKean parle alors de la capacité de l’Art de transcender les mondes que nous percevons, et ceux que l’on imagine, infinis et étranges. Les personnages ne se définissent ainsi plus uniquement par les normes que le monde qui les entoure leur impose, mais par leur désir à s’imaginer eux même, à se dévoiler.

Un album qui n’est pas facile au premier abord, mais qui recèle un vrai message, une vraie vision !

Essentiel !

Par FredGri, le 5 mai 2022