Undercurrent

Les bains publics Tsuki No Yu font leur réouverture ce matin-là. Kanae a décidé de relancer l’activité de l’établissement après avoir fermé les lieux suite à la disparition de son mari. Ce dernier n’a plus donné signe depuis deux mois, s’envolant dans la nature lors d’un voyage avec le syndicat des bains.

Pour elle, c’est l’incompréhension. Rien ne laissait présager une telle disparition. Est-il parti volontairement ? Lui est-il arrivé quelque chose ? Les recherches de la police n’ont rien donné. Et, dans son entourage, les hypothèses vont bon train.

Une de ses amies lui vient en aide en lui envoyant un détective privé qui doit un service à son mari.

Quant aux bains, ils demandent de lourdes tâches. Elle tient l’établissement avec sa tante, mais il lui faut une aide masculine. C’est alors qu’arrive M. Hori, un homme recommandé par le syndicat. Il est travailleur et très discret. Mais c’est aussi un personnage au comportement étrange que Kanae a bien du mal à cerner. Pour quelle raison a-t-il choisi de venir travailler ici, loin de chez lui ?

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Undercurrent

En suivant le destin de Kanae, nous nous immergeons dans sa détresse. Celle, tout d’abord, d’une femme qui se retrouve soudain seule, sans explication, portant en elle une certaine culpabilité vis-à-vis de son mari. Mais, en parallèle, le lecteur devine – au fur et à mesure qu’il découvre l’intimité de l’héroïne – un autre malaise, aux origines plus lointaines. Une culpabilité terrible, qui court depuis l’enfance, et qu’elle a pu dissimuler aux autres jusque-là.

Seulement, le drame actuel fait soudain ressortir le mal-être enfoui au plus profond d’elle-même.

Kanae n’est pas la seule à avoir de vieux démons. C’est aussi le cas de M. Hori et il faudra attendre la fin du livre pour comprendre ses objectifs, même si certaines choses nous mettent la puce à l’oreille.

C’est un livre très touchant, et réellement envoûtant malgré un thème qui ne le laissait pas forcément présager. Ce manga est bercé de la nostalgie et des réflexions de ses personnages, amenant souvent un certain flottement dans le récit. Et pourtant, l’auteur réussit le coup de maître de nous accrocher du début à la fin. D’une part, on s’attache rapidement à la personnalité de Kanae et il devient naturel de l’accompagner dans son quotidien. Mais la grande force du scénario, c’est le doute que laisse planer sans cesse l’auteur sur la nature des faits passés et présents. Dans ce quotidien apparemment banal, il glisse de temps à autre des événements ou des attitudes qui pourraient annoncer un nouveau drame. Le lecteur est ainsi soumis au doute. Une manière subtile pour Toyoda de décrire une société noyée dans les faits divers et, plus généralement, dans la crainte, sans toutefois savoir s’il approuve ou s’il dénonce cet état de fait. Sans doute ne cherche-t-il qu’à constater, mais au moins joue-t-il de cela pour donner à son histoire une intensité pour le moins inattendue.

Le livre oblige également à se poser des questions sur notre vision de l’autre. Connaît-on vraiment les autres, même l’être aimé ? Chacun n’a-t-il pas ses petits secrets ? Il est vrai qu’à partir de là on peut douter de tout. En revanche, une certitude se dégage de tout cela : vous avez là un très bon manga dont l’humanité ne pourra que vous toucher. Et, pour ne rien gâcher, il est servi par un graphisme classique mais très réussi.
 

Par Legoffe, le 19 septembre 2008

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