UNE ENQUÊTE DU LIEUTENANT BERTILLON
Amotken

Un incendie s’est déclaré dans une fête foraine et a provoqué la destruction d’une caravane dans laquelle les pompiers ont découvert le cadavre totalement calciné du jeune Dylan. Le lieutenant Bertillon de la police judiciaire, a été mandaté pour faire une enquête de routine sur l’évènement. Mais dès le départ, il se heurte à une tripotée de personnages très peu loquaces et bien caractériels. Le père de la victime, Joshua, un rien brailleur, n’apprécie nullement la présence du policier mais ce dernier finit par trouver des indices tels un pendentif représentant un crane de bison. Alors que sa hiérarchie et les forains désirent ardemment que l’affaire soit classée, le petit enquêteur perçoit qu’il y a du louche dans cette affaire. Aussi, n’hésite-t-il pas approfondir ses investigations, suivi par une chèvre bien collante. Est-il possible que sa perspicacité lui permette de découvrir ce que cache cet incendie ?

Par phibes, le 6 juin 2024

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Notre avis sur UNE ENQUÊTE DU LIEUTENANT BERTILLON #1 – Amotken

A la faveur de ce nouvel album, la Maison Dupuis accueille dans son immense catalogue un nouveau personnage. Bertillon, pour le nommer, est un policier qui n’en n’impose pas physiquement mais qui sait aller au fond des choses. Pur produit issu de l’association de l’excellent Cyrille Pomès et de Carine Barth, un tandem d’auteurs qui ont travaillé précédemment sur le one-shot Moon sorti en 2022, il nous propose de le suivre dans une enquête tortueuse aux ambiances ésotériques au beau milieu d’un camp de gitans.

Ce premier volet est bien sûr l’occasion de planter et le décor, et les personnages qui vont y déambuler. On plonge directement dans les prémices d’une enquête policière menée par un curieux petit bonhomme qui va devoir comprendre les raisons d’un feu qui s’est déclaré dans une partie d’une fête foraine et qui a fait une victime. Pour susciter notre curiosité, les coscénaristes ont pris pour parti de jouer tout d’abord sur les caractéristiques atypiques de leur personnage principal. De petite taille, attirant toute sorte de petites déconvenues (chiures d’oiseaux, chèvre, tâches…), il n’est pas du genre, à l’image d’un certain Colombo, à crever l’écran. Toutefois, au fur et à mesure que l’enquête se déroule, le flic se révèle et démontre sa nature profonde. Bertillon prend de fait de l’étoffe et réveille une réelle empathie.

Par ailleurs, Cyrille Pomès et Carine Barth se sont employés à développer leur intrigue dans un milieu hermétique, au sein duquel les confidences sont éludées. Les résidents de la fête foraine donnent la réelle impression, dans leur mutisme ou leurs coups de gueule, d’étouffer un mystère que Bertillon va devoir lever et qui repose sur des traditions séculaires d’un peuple nomade par nécessité.

Il en résulte une équipée qui se veut fort bien agréable, partagée entre cocasserie et péripéties policières dramatiques mâtinées de fantasmagorie. Tout ceci se complète profitablement et eu égard à ce côté hors norme persistant, se veut un très bon divertissement.

La mise en images signée Cyrille Pomès demeure des plus sympathiques à parcourir. D’un trait libéré et bien maîtrisé, il nous embarque sans coup férir dans son univers semi-réaliste. Comme le stipule Mike Mignola dans son prologue encenseur, le geste est adroit et met en évidence une souplesse picturale qui se déguste dans les expressions des personnages et dans la restitution des arrière-plans, le tout dans des aplats colorisés adroitement.

Voilà donc une enquête policière atypique menée de main de maître par des auteurs inspirés qui ont décidé, pour notre plus grand plaisir, d’en rajouter une couche. Lieutenant Bertillon, on t’attend de pied ferme !

Par Phibes, le 6 juin 2024

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