Une existence, des libertés

Passant rapidement sur la toute jeunesse de Sartre, nous le retrouvons pendant ses études à l’ENS, puis c’est sa rencontre avec Simone de Beauvoir et son premier poste d’enseignant au Havre, puis à Berlin, la guerre le voit mobilisé, prisonnier et résistant.
Son premier livre sera publié à ses trente-trois ans, Mélancholia, rebaptisé La Nausée par son éditeur.
Figure de proue de l’existentialisme, provocateur, il fut un écrivain engagé qui milita entre autre contre la guerre d’Algérie, refusant la légion d’Honneur et le prix Nobel de littérature.

Les deux auteures nous font entrer dans l’intimité de l’écrivain et philosophe, son complexe de ce qu’il appelle lui-même sa laideur, ses rapports avec Simone de Beauvoir qu’il appelait affectueusement le Castor sans qu’aucun des deux ne puisse envisager de légitimer leur union qui fut très libre.
C’est par le biais de dialogues animés que Mathilde Ramadier nous ouvre les portes de ce grand bouillonnement intellectuel qui intervint après-guerre et bouscula la culture littéraire. Ces échanges entre les différents acteurs, animent une biographie vivante et agréable, dans laquelle on entre si facilement que Sartre devient presque un familier.

Au fil des planches, avec une pédagogie très douce, la scénariste nous fait partager une réflexion sur l’écriture, la place de l’écrivain, toute la pensée littéraire et philosophique qui inspira Sartre. Suivre la vie de Jean Paul Sartre, c’est croiser nombre d’écrivains qui marquèrent durablement le littérature du XXème siècle, Camus, Queneau, Leiris, Vian, Aron, Merleau-Ponty, Jean Genet …

Le dessin élégant et réaliste d’Anaïs Depommier qui donne à chacun des personnages les traits de leurs illustres modèles, agrémente le texte d’une petite touche de fantaisie et apporte une belle fluidité de lecture à l’ensemble de l’album.

Agrémenté d’une annexe de portraits de tous les proches de Sartre, Mathilde Ramadier et Anaïs Depommier ont réussit le pari de marier le sérieux du propos avec la pétillance de la mise en scène.

Par Olivier, le 1 avril 2015