Une luciole dans la ville

Après 3 tomes parus des aventures extrême-orientales de son héroïne He Pao (Le Moine Fou), l’auteur Vink a ouvert en 1988 et 1989 une petite parenthèse pour prendre le temps de réaliser ce one-shot : Une luciole dans la ville. Ceux qui voulaient savoir à quoi pouvait ressembler une bande dessinée de cet artiste se passant ailleurs qu’en Asie et se déroulant dans le présent plutôt que dans le passé ont ainsi pu avoir leur réponse, et parions qu’elle leur a plu ! Il y aurait certes quelques petites remarques à faire sur certaines anatomies de personnages et sur la mise en couleur – cela dit, c’est du très beau travail ! – mais le résultat final est très bon, dans ce style peint si particulier qu’il est devenu une véritable marque de fabrique de l’auteur. Vink aime peindre, cela se voit. Et ce n’est pas si étonnant qu’il ait choisi que son personnage principal, Rolo, soit photographe. Rapport à l’image, rapport aux ressentis devant tel ou tel spectacle… L’artiste en profite d’ailleurs pour glisser dans ses vignettes quelques natures mortes de bien belle qualité !

L’histoire est prenante dès le début, mais… Mais cependant, à partir du moment où Rolo retrouve Liv, puis ensuite, lorsque se démêle l’intrigue englobant tous les autres et très divers éléments de l’histoire (la personnalité de Liv et les particularités de sa famille, la "découverte" de l’île, le contexte de la manifestation anti-nucléaire, l’existence du souterrain) on regrette peut-être que ça parte un peu dans tous les sens, y compris avec des embardées dans l’onirique. Comme si un sage scénario s’était d’un seul coup emballé et perdait alors un peu en crédibilité. M’enfin, allez, pas de quoi en vouloir à Vink dont le talent efface au final toutes ces petites remarques : Une luciole dans la ville gagne sa place dans l’œuvre de l’artiste et mérite comme tous ses autres titres votre attention de bédéphile, voire une place sur les étagères de votre bibliothèque !
 

Par Sylvestre, le 3 novembre 2010