Une maternité rouge

Alou, jeune chasseur de miel, découvre au creux d’un vieux baobab, une statuette représentant une femme enceinte, d’une couleur cuivrée. Sur les conseils de son père, il se rend dans le pays Dogon pour présenter la statuette au sage du village, le hogon, respecté de tous pour sa culture qui lui dit d’amener la statuette (œuvre, selon lui, du maître de Tintam) au Louvres, au Pavillon des Sessions, ou elle sera exposée et étudiée. Elle y sera plus en sécurité, près de sa sœur !
Mais le voyage qu’entame le jeune homme va être dangereux. Avec d’autres migrants il traverse donc son pays et fait tout pour passer la frontière jusqu’à Paris…

Par fredgri, le 5 décembre 2018

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Notre avis sur Une maternité rouge

Christian Lax s’interroge au travers de cet incroyable album sur l’importance de préserver une culture, de la transmettre, quand bien même elle peut avoir été l’objet de pillage ou d’agressions par des groupuscules intégristes ignares.
L’espace muséal est ainsi au cœur du récit, vestige d’un impérialisme culturel, mais aussi d’une réhabilitation institutionnalisée qui part à la rencontre de l’Art universel. Bien sur, le propos va bien plus loin, nous confrontant à la réalité de ces migrants qui tentent d’échapper à la violence, à l’instrumentalisation de ces objets d’Art, à l’héritage…
Ce voyage au bout du monde devient ainsi le prétexte pour montrer, voir même dénoncer, cette différence de réalité entre pays du Nord et du Sud, entre les sociétés riches et pauvres, entre ces deux mondes qui se rejoignent autour d’une petite statuette rouge qui symbolise la maternité, la création de la vie la plus simple et la plus essentielle.

Toutefois, Christian Lax montre plus qu’il ne dénonce réellement, il n’amène pas non plus le lecteur à s’apitoyer, ni même à montrer du doigt, bien au contraire. Mais il insiste insidieusement sur une prise de conscience, et peut-être même sur le besoin de recontextualiser les choses pour mieux comprendre, au lieu de juger à la va vite. Cette petite statue n’est plus un simple objet de bois, il y a une histoire derrière cette couleur, derrière la patine, tout comme ces milliers de migrants qui viennent se réfugier sous les ponts parisiens. Et même si l’Art reste un langage qui unit il ne résout pas non plus tout les problèmes !

Un magnifique plaidoyer sur l’Art, l’engagement et la préservation ! Servi par un auteur au sommet de son art et de son émouvante subtilité !
Très conseillé !

Par FredGri, le 5 décembre 2018

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