Une vie d'Alison Lapper

En 2005, à Trafalgar Square, le public découvre la statue en marbre représentant Alison Lapper, nue et enceinte. Alison est alors une artiste plasticienne réputée qui a su, malgré son handicap et les multiples difficultés qui en ont découlé, s’épanouir et être reconnue. Il faut dire qu’Alison est née sans bras et des membres inférieurs en partie atrophiés, ce qui l’a amené à intégrer des institutions spécialisés qui lui ont progressivement donné accès à l’éducation, à gagner en autonomie et à exercer sa passion du dessin, de la peinture. Au fil des années, nous la suivons, découvrant ses épreuves, mais aussi ses victoires…

Par fredgri, le 7 février 2022

Notre avis sur Une vie d’Alison Lapper

Pour son premier album, Yaneck Chareyre, accompagné du dessinateur Mathieu Bertrand, opte pour un sujet audacieux, la vie de l’artiste Alison Lapper, qui souffre de phocomélie, une malformation qui se caractérise chez elle par une absence de bras et par une atrophie des membres inférieurs. Cependant, loin d’insister lourdement sur cet handicap, le scénariste va surtout s’employer à nous raconter la vie de cette enfant, son quotidien en institut spécialisé, avec les éducateurs, ses amis, cette famille de substitution qui l’accepte telle qu’elle est, qui l’aide, l’éduque, qui lui apprend à être toujours plus forte et à s’assumer complètement !

Dès les premières pages, on est ému par la dureté de ce qui se présente à elle, sa condition, le rejet de sa mère, le regard des autres. Si l’on commence par l’inauguration de la statue représentant Alison, en 2005, nous ne tardons pas à plonger dans la réalité qui s’éveille à elle dès sa naissance. Toutefois, il ne s’agit pas ici de plaindre la jeune fille, même s’il ne lui sera pas épargné grand chose au fil des années, mais d’apprécier sa capacité à rebondir pour se forger à la fois une personnalité très forte et une volonté à toute épreuve. Nous la suivons ainsi adolescente puis adulte, avec ses premières expériences de couple, son mariage et l’arrivée de son fils…

En parallèle du récit, Yaneck Chareyre veut nous sensibiliser à cette réalité que beaucoup ne veulent pas voir, ces personnes en situation de handicap que l’on veut caser/cacher dans un coin et qui prennent ici, par le biais de ce destin hors du commun, une revanche sur toutes les railleries, sur ce système pas toujours très adapté, au sein duquel il faut sans cesse se battre.
On est fasciné par la finesse de cette écriture qui privilégie l’humain, les sentiments, qui ne s’attarde pas sur les détails, mais qui garde l’essentiel, tout ce qui est important et constituant ! On admire cette femme, son vécu, on a même l’impression de la connaître un peu, par ses fragilités, mais surtout par cette force qui s’en dégage, qui la transcende presque !

Graphiquement Mathieu Bernard fait lui aussi du très bon travail. C’est efficace, très expressif, avec ce qu’il faut d’émotion !

Un album qui interpelle le lecteur sur des problématique sensibles, servies par des auteurs impliqués qui nous prennent aux tripes avec cet incroyable récit !

Très conseillé !

Par FredGri, le 7 février 2022

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