Une vie pour un canal

En ce mois de septembre 1683, sous le règne de Louis XIV, l’ingénieur architecte Vauban rend visite au contrôleur général des finances Colbert pour lui faire part d’une histoire que ce dernier ne connaît que trop bien. Celle-ci se rapporte à la destinée d’un homme originaire de Béziers qui, dès 1648, se mit en tête de concrétiser une vieille idée consistant à relier Toulouse (Tholose) à Sète (Cette) par le bais d’un canal et de fait, via la Garonne, d’assurer le lien entre les deux mers. Fort de sa connaissance des territoires concernés, malgré des problèmes multiples liés aux guerres, aux lenteurs administratives, au manque de fonds, au dénigrement de ses pairs, ce personnage incarnant la ténacité la plus forte ne ménagea pas sa peine jusqu’à sa mort pour réaliser un ouvrage audacieux que l’on nomme aujourd’hui "le Canal du Midi". Cet homme, c’était Pierre Paul Riquet.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Une vie pour un canal

Après avoir traité de la révolte viticole de "1907", le sympathique tandem Claude Ecken/Benoît Lacou reste dans le Midi pour faire l’évocation d’un ouvrage hydraulique incontournable du sud de la France à savoir le Canal du Midi et pérennise, quoique de plus normal pour l’aspect authentique, leur partenariat avec l’éditeur "Aldacom".

Loin de nous mener en bateau, le présent recueil nous entraîne sur les rives d’un récit historique qu’il convient expressément de saluer par la recherche documentaire qu’il a dû engendrer. A ce titre, Claude Ecken sait s’organiser et assure du côté quête d’informations puisqu’il est allé les glaner dans de nombreux endroits (voir page des remerciements). Ecrivain scientifique dans l’âme, romancier, ce dernier a dû brasser un nombre incalculable de faits authentiques (anecdotes, études, prouesses techniques, imprégnation de l’époque du 17ème) pour les réaménager à sa sauce tout en respectant le cours de l’Histoire.

Il est certain, si je devais apporter un bémol, que cette évocation aurait pu s’étaler sur deux ou trois tomes considérant l’importance du sujet et de la multitude de faits qui gravitent autour. Aussi, sur 48 planches, on ne pourra assister qu’à une énumération rapide d’évènements à emmagasiner, certes bien choisis, mais qui passent à côté d’une certaine analyse appesantie qui aurait pu être un peu plus profitable.

Malgré cela, cet ouvrage possède un intérêt indéniable qui, pour le profane, pose déjà les bases essentielles de ces travaux titanesques et de la vie tumultueuse de cet acharné de Pierre-Paul Riquet. Par sa forme didactique, il nous fait toucher du doigt les nombreux écueils d’origines diverses qui parsemèrent le chemin de ce concepteur exceptionnel.

On saluera également la performance de Benoît Lacou ("Le diable au port", "Hauteclaire", Murel") qui est devenu un adepte de la couleur directe. Ses graphiques sont d’une grande beauté et exposent un travail tout en sensibilité. Il convainc par la représentation de l’évolution du canal au travers de décors inspirés, conformes à une réalité dont il s’est fait sienne. Si ces personnages tels Vauban, Colbert et Riquet… sont le reflet de gravures historiques, ces décors aux couleurs pastel (bâtisses bourgeoises, travaux hydrauliques, campagnes…) sont d’une grande naturalité et représentatifs d’un gros effort de documentation.

Cet ouvrage, que je conseille vivement pour son contenu véridique, reste un bien bel hommage à l’illustre Pierre Paul Riquet, un homme hors du commun qui croyait en ce qu’il faisait, et dont le travail été reconnu de plus belle des manières puisque son ouvrage, long de 240 km, a été classé en 1996 au patrimoine mondial de l’Unesco.
 

Par Phibes, le 11 mai 2009

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