Unleashed States of America
En 1857, Redford J. Randall, chasseur de prime depuis vingt ans, a décidé, après une ultime mission pour le gouvernement, d’arrêter son activité répressive pour se lancer dans le convoyage. En 1861, alors que le Président des Etats Unifiés d’Amérique sortant Richard L. Clarks a été réélu, il a créé sa société, la Randall Delivery. Atteint de la tuberculose, il répond à l’invite d’Elias Emmings représentant le Département Agriculture. Cet émissaire du Gouvernement propose à Randall d’assurer le convoyage de produits agricoles de Chicago à San Francisco. Le risque est important, car le précédent transport encadré par l’armée s’est soldé par une attaque meurtrière. Ayant accepté la mission, Randall, entouré de son équipe bigarrée, s’engage sur le chemin qui doit les amener sur la côte ouest. Autant dire que ce dernier va être parsemé de plombs et de surprises.
Par phibes, le 21 septembre 2020
Notre avis sur Unleashed States of America
Ayant sévi dans des mini-récits horrifiques de la série Doggybags et également dans le one-shot Mapple Square, le scénariste David Hasteda revient sous les projecteurs de la collection Label 619 d’Ankama à la faveur d’une nouvelle équipée qui fleure bon le western « unleashed ».
Pour ce faire, l’artiste a décidé pour caler et cadrer son récit de faire une entorse à l’Histoire des Etats-Unis du 19ème siècle et de lui coller son propre univers. A partir du vote du « Indian Removal Act » en 1830, David Hasteda introduit sa propre vision des évènements qui vont suivre, en commençant par l’échec des négociations de New Echota de 1835 et la révolte des tribus indiennes. Ce contexte sulfureux, après moult évènements clés tel l’assassinat d’Abraham Lincoln, va être à l’origine d’un remodelage territorial des Etats Unifiés d’Amérique dans lequel notre héros, l’ex-chasseur de primes Redford J. Randall est appelé à se distinguer.
Fort de cette structure uchronique particulièrement solide et bien étayée sur les 2ème et 3ème de couverture, David Hasteda nous livre une aventure pour le moins percutante, mettant à l’honneur des personnages bigarrés dont l’association fonctionne bien, forts en gueule, au charisme bien trempé, certes un tantinet conventionnels pour du western. Sous le couvert d’une mission mystérieuse (celle de convoyer des sacs d’engrais), nous assistons à une sorte de road-movie à travers l’Ouest américain qui a le privilège d’être agrémenté de nombreuses péripéties. De fait, on ne s’ennuie pas une seconde, tant l’atmosphère pesante est prégnante. Les échanges peu courtois foisonnent, associés à des relents dramatiques, des distributions de plombs radicales et à des malversations diaboliques, générés par des personnages que l’on suit malgré tout avec plaisir.
Alors qu’il œuvre plus particulièrement dans l’animation, l’illustration et les jeux vidéo, Nikho signe ici sa première participation dans une bande dessinée au long cours. On concèdera que, sous le couvert d’un découpage dynamique, le travail qu’il réalise conforte l’attractivité de cet album. En effet, grâce à un trait à main levée efficace et une colorisation aux effets aquarellés, l’artiste donne du punch à son dessin, animant des personnages à grandes gueules et mettant à l’honneur la violence du nouveau monde dans des actions sanglantes à souhait.
Un one-shot détonnant et sans concession, à découvrir rapidement dans la collection Label 619 d’Ankama.
Par Phibes, le 21 septembre 2020