V-GIRLS - L'ŒIL DU DIABLE
L'armée cauchemardesque

La lutte entre Nazis et futurs Alliés pour contrôler les élémentaires et leur puissance destructrice se poursuit. Certaines actrices se révèlent être des médiums et sont de potentielles Victory Girls ! La belle Hedy Lamarr se lance à Hollywood à la recherche de Frances Farmer qui pourrait être l’une d’elle !

Par v-degache, le 18 février 2021

Notre avis sur V-GIRLS – L’ŒIL DU DIABLE #2 – L’armée cauchemardesque

Une uchronie éditée par Soleil avec de méchants nazis, de l’ésotérisme, des éléments naturels pas sympas du tout, et le scénariste maître du genre à la baguette, auteur notamment des 36 tomes de L’histoire secrète, Jean-Pierre Pécau, vous me direz « du grand classique et du déjà vu quoi ! ».
Effectivement, présenté comme cela, en rajoutant la désormais classique croix gammée en couverture, ainsi que les redoutables femmes fatales, on peut considérer que l’on ressasse ici des recettes maintes fois éculées !

Mais la lecture de ce deuxième tome de V-Girls (V pour Victory), intitulé L’armée cauchemardesque, reste pourtant agréable, et notamment grâce à la déclaration d’amour que signe Pécau pour le cinéma. Tout est centré sur le 7ème Art. On retrouve au centre de l’intrigue ces actrices capables de destructions spectaculaires car maîtrisant un élément. Elles apparaissent comme des armes potentiellement décisives dans la 2ème guerre mondiale qui semble inéluctable, à condition de dompter leur « élémentaire » !
Le parallèle avec la passion d’Hitler pour le cinéma (le journaliste Volker Koop affirme même qu’en 1936 le Führer a visionné jusqu’à 7 films consécutivement !), et l’utilisation de celui-ci par Goebbels à des fins de propagande ne sont bien sûr jamais loin !

On évolue dans L’armée cauchemardesque essentiellement dans un Hollywood alors marqué par le poids des studios. On croise la Century Fox, la MGM, RKO, ainsi que de nombreuses stars, et notamment ces émigrés allemands et autrichiens qui ont rejoint les Etats-Unis depuis le début du siècle. Cette contextualisation fortement ancrée dans l’histoire du cinéma est plaisante pour les amateurs du grand écran.
Sont de la partie dans ce deuxième tome, Fritz Lang, bien sûr, qui aurait décliné la proposition de Goebbels de prendre la tête du département cinématographique nazi et rejoint le pays de l’Oncle Sam après une escale française, la Viennoise Hedy Lamarr toujours au centre de l’intrigue, et dont les réels talents scientifiques et son mari Friedrich Mandl, aux idées politiques ambigües, sont une aubaine pour le scénariste, Peter Lorre la star de M le Maudit. Côté Américains "d’origine", on rencontre au gré des pages le scénariste Dashiell Hammett, le réalisateur et milliardaire Howard Hugues, ou bien encore l’actrice Frances Farmer !

A condition bien sûr d’adhérer au postulat de départ, somme toute assez classique dans une uchronie sur fond de 2ème Guerre Mondiale, ce deuxième tome de V-Girls se lit avec beaucoup de plaisir.
Le dessin réaliste et expressif du sympathique et talentueux Serbe Jovan Ukropina, dont on avait notamment pu apprécier le 1940 – Et si la France avait continué la guerre, déjà scénarisé par J.-P. Pécau, participe grandement au beau rendu des paysages urbains étatsuniens mais aussi égyptien (belle trouvaille en ouverture de la BD que ce cinéma au milieu de nulle part dans le Sinaï, et qui existe réellement !), espagnol (avec un retour sur la Guerre d’Espagne) et mexicain !

V-Girls – L’œil du diable Tome 2 réussit à allier la grande histoire et la fiction, ce qu’on attend principalement d’une uchronie, et plonge le lecteur dans ce passionnant milieu du cinéma d’avant-guerre grâce à l’écriture toujours inventive de Pécau et aux dessins réussis de Ukropina, joliment mis en couleurs par Hugo Facio !

Par V. DEGACHE, le 18 février 2021

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