Vacances
Bercé par le bruit routinier de la rame du métro, Mathieu est attiré par la voix d’une mère qui parle à son enfant. A sa grande surprise, il finit par reconnaître Amélie, une copine de jeunesse dont la vision quelque peu furtive le ramène quelques années auparavant, au temps où, adolescent, il passait ses vacances d’été dans un camping du bord de mer. C’est en ces lieux de villégiature qu’il avait rencontrée la jeune femme ainsi que le beau Greg, l’imposant Franck et la sulfureuse Marine. Tout quatre, en pleine découverte des plaisirs existentiels, s’étaient rencontrés inopinément pour partager des moments de complicité extrême, de joie, d’amourette mais aussi malheureusement de drame. Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !
Par phibes, le 9 avril 2010
Notre avis sur Vacances
Après avoir travaillé à six mains sur le diptyque biographique des Ensembles contraires avec Kris et Eric T., le dessinateur Nicoby revient cette fois-ci en solo, sur la scène éditoriale, en présentant son nouveau one-shot chez Drugstore. Reprenant le thème utilisé précédemment dans la saga visée plus haut de l’amitié au quotidien, ce dernier nous dresse une chronique sociale aux accents nostalgiques des plus attrayants.
C’est à partir d’une rencontre fortuite découlant sur la remémoration de souvenirs de jeunesse que Nicoby lance ses péripéties on ne peut plus sympathiques. Ce dernier nous présente, dans un naturel convaincant, l’un de ses personnages centraux Mathieu qui va être transformé en fil conducteur de cet appel aux souvenirs qui concernent particulièrement les vacances passées au bord de mer.
Il va de soi que cette plongée dans le passé de Mathieu est l’occasion d’intéresser au premier chef le lecteur qui ne manquera pas de s’identifier à ce personnage plaisant et de revisiter mentalement ses propres souvenirs de vacances. C’est donc avec une certaine complicité que l’on goûtera à l’ennui du garçon accompagnant ses parents, que l’on sourira sur le hasard bienfaiteur des rencontres et des nouvelles amitiés, que l’on s’émerveillera des premières sorties en boite, des premiers flirts…
Nicoby réussit donc son pari en accrochant le lecteur sur une évocation dont ce dernier a été imparablement confronté dans sa jeunesse. Le souvenir de Mathieu n’est nullement original et c’est là sa force puisqu’il est partagé. Dans cette effusion remémorative qui génère joie et pincement au cœur, l’auteur a décidé toutefois de donner une ruade à son histoire et vient, en son final, déchirer le voile merveilleux de l’innocence. La surprise sera donc au rendez-vous et distillera inévitablement quelque amertume.
Graphiquement, il est certain que le style épuré de Nicoby pourra freiner quelques candidats à la lecture. Pourtant, malgré cette imprécision récurrente, le dessin de cet artiste revêt, avec justesse, émotions et charisme. Son trait est plein de fraîcheur, de vie et est en totale osmose avec les péripéties adolescentes. On perçoit complètement l’indolence, la soif de partager des moments de plaisir avec les autres, de vivre hardiment, de braver certaines contraintes, caractéristiques inhérentes aux ambiances de vacances.
Ce sémillant one-shot qui laisse planer des embruns de vacances, est un véritable appel aux souvenirs de jeunesse et est à consommer sans modération.
Par Phibes, le 9 avril 2010
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