Vacances au bled

 
C’est l’été ! Férouze, Hassan, Sélim, Lounès et Sabrina et leurs enfants : tous retournent "au bled", en Algérie. Férouze veut se reconnecter avec ses racines, son dernier séjour en Algérie remontant à son enfance… Hassan et Sélim, eux, veulent kiffer la life… Lounès et les siens, quant à eux, vont pour la première fois passer leurs vacances dans leur propre maison, et non plus chez des gens de leur famille. Pour chacun, l’expérience est différente. Et la comparaison entre la vie en France et celle en Algérie inévitable…
 

Par sylvestre, le 26 juillet 2018

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Notre avis sur Vacances au bled

 
Histoire oblige, il y a en France beaucoup de Maghrébins ou de Français originaires du Maghreb. Contrairement à d’autres populations que le destin a également conduites en France, leur pays d’origine, que ce soit le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie, n’est pas si éloigné que ça, ce qui rend plus facilement envisageable le retour au pays.

Dans toute famille dont la culture est "à cheval" entre deux pays, il y a des membres qui vivent d’un côté, et d’autres de l’autre. Et pour peu que les différences de niveaux de vie soient grandes entre les deux côtés, des jalousies et des tensions peuvent germer. Sentiments qui pointent dans le vocabulaire, avec des termes comme "blédard" ou "immigré" qui auront une connotation péjorative selon qui les dit et de quelle manière. Le mode de vie compte aussi pour beaucoup, tout comme les points de vue des différentes générations, qu’ils proviennent d’un quidam ou de quelqu’un de proche. Dans le cas du Maghreb, la culture et la religion semblent avoir une grande importance aussi. Et qu’on soit d’un sexe ou de l’autre, également.

Tous ces éléments, tous ces critères, génèrent une diversité de cas presque aussi nombreux… que le nombre d’individus concernés ! Dans cette bande dessinée de la collection Sociorama des éditions Casterman, la sociologue Jennifer Bidet et le dessinateur Singeon se sont attachés à nous faire toucher du doigt (ou plutôt de l’oeil et du cerveau) cette réalité qui rapproche ou au contraire qui sépare les familles. Leurs sujets ne sont sans doute pas représentatifs à 100% puisqu’ils ont tous été "choisis" jeunes, mais certains de leurs interlocuteurs sur place (les grand-mères qui ne parlent qu’arabe, le tonton qui ne veut pas laisser sortir sa nièce seule…) apportent ces étincelles de différences qui n’existeraient peut-être pas dans un échantillon de population plus formaté.

Grâce au naturel et à la "banalité" des scènes présentées, les points importants évoqués par Jennifer Bidet sautent aux yeux et donnent à réfléchir. Respecter les autres, demander la permission même quand on est adulte, ne pas prendre mal telle ou telle remarque parce que là-bas, "c’est comme ça" : autant de douches froides que prennent nos héros de papier, mais dans cette BD c’est toujours amené sans qu’un jugement soit porté. Les faits sont présentés simplement, on se fait son opinion, on adhère ou pas… Ces retours au pays ont dû faire des déçus mais ont dû en enchanter d’autres. Chacun sa vie, chacun sa famille, chacun son histoire, chacun ses ressentis et ses avis… C’est toute la difficulté mais aussi toute la richesse de la double culture et l’Algérie est un exemple intéressant pour être un pays très lié à la francophonie.

Bonne lecture, et… bonnes Vacances au bled !
 

Par Sylvestre, le 26 juillet 2018

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