VÉNUS DU DAHOMEY (LA)
La civilisation hostile

Diamanka, la dernière amazone du Dahomey gît dans une cellule de la prison de Cotonou. Remarquée par Saint-Juste, propriétaire du jardin d’acclimatation de Paris, la sculpturale chasseresse est libérée pour effectuer avec son sauveur un long voyage qui l’amène vers la civilisation, dans la capitale française. Là, enfermée dans un enclos avec d’autres congénères, Diamanka se voit livrée, tel un animal en cage à la curiosité populaire. Mais sa personnalité hors norme ne laisse pas insensible le scientifique Fernand de la Fillière qui, à la suite d’une maladie contractée par la belle et charismatique noire, va la recueillir chez lui.

 

Par phibes, le 3 octobre 2011

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Notre avis sur VÉNUS DU DAHOMEY (LA) #1 – La civilisation hostile

Laurent Galandon est à l’honneur en cette rentrée 2011. En effet, à quelques jours d’intervalles, sortent les premiers opus de deux albums dont il est à l’origine (La vénus du Dahomey et La fille de Paname) certes aux genres différents mais aux ambiances pratiquement similaires puisqu’il nous renvoie dans le Paris de la fin 19ème début 20ème.

La Vénus du Dahomey possède la sensibilité que l’on retrouve invariablement dans toutes les œuvres du scénariste. Avec cet épisode, ce dernier relate les mésaventures de Diamanka, une amazone africaine qui, après avoir lutté une dernière fois pour son peuple et roi contre des forces colonisatrices, se doit d’affronter un tout autre péril, celui de la civilisation. Par ce biais, le scénariste dévoile, avec une certaine pudeur et aussi dans une réalité inspirée, les dérives outrancières qui ont accompagné l’annexion des pays soi-disant sauvages.

Dans un découpage excellent, Laurent Galandon fait naître naturellement le trouble par rapport à l’exploitation malsaine des exilés du Bénin, exposés comme des bêtes de foire dans des lieux se disant "pédagogiques" pour satisfaire l’avidité hostile des civilisés. De même, il y installe un autre émoi plus profond lié au scientifique de La Fillière qui se voit captivé par la belle chasseresse. De cet ensorcellement va naître une intrigue dont on attendra avec impatience les aboutissants.

Le dessin réaliste de Stefano Casini complète à merveille le récit en apportant de son trait clair et précis une grosse touche émotionnelle. Grâce à de nombreuses plages sans dialogue, il prend en main les péripéties de Diamanka dans un total respect de l’âme humaine. Expressivement, son univers pictural est touchant, généreux, se veut parfois développer une compassion envers les êtres des plus fortes. Les ambiances historiques sont subtilement travaillées, le premier de couverture "vieilli" en est le parfait exemple. On notera également que la colorisation non vive de Christophe Bouchard est un appui des plus agréables.

Un récit attendrissant basé sur des faits historiques qui a l’avantage d’être lu par tout le monde et qui trouvera sa fin dans le prochain tome.

 

Par Phibes, le 3 octobre 2011

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