VERITABLE HISTOIRE VRAIE (LA)
Hitler

Maus, le roman graphique de Spiegelman, est une oeuvre m’avait très impressionné en son temps, et encore aujourd’hui. Je ne pensais pas relire un jour une autre bande dessinée qui me donnerait le même frisson.
Et puis, Dupuis arrive avec cette nouvelle collection : La Véritable Histoire vraie (anciennement Les Méchants de l’Histoire). Avec deux tomes sortis en même temps au mois de mars : Attila et Hitler.

Hitler ? Hum, le sujet ne serait il pas périlleux ? Glauque ? De plus, traiter un tel personnage avec de l’humour ? Ca peut laisser un peu dubitatif.
Bernard Swysen s’est associé à Ptiluc (Pacush Blus, La foire aux cochons…) qui a déjà montré qu’il s’intéressait à Hitler dans un de ses précédents albums. Du coup, je suis intrigué…

Cet album est certes drôle, mais il nous fait quand même réflechir sur cet homme, sur ce que peut parvenir à accomplir un tel orateur qui fut l’instigateur d’un incroyable génocide et surtout, comment il a pu être suivi alors que d’autres pays l’ont laissé faire.
Swyzen réussit le pari de rendre cette œuvre passionnante et très intéressante. Il décrit le personnage, nous montre comment il parvient à un tel niveau de pouvoir. Le récit commence avec l’histoire du père d’Adolf, puis l’enfance, l’adolescence, se période dédié à la peinture, puis la Première Guerre mondiale, avant d’en arriver à ses débuts en politique. Petit à petit, tout se met en place pour nous mener à la dictature. Ce monstre qui va mettre le monde à feu et à sang, en tuant plus de six millions de personnes…
Swyzen met de l’humour, fait de références (je vous laisse les rechercher, c’est souvent très amusant) qui sont aussi de belles surprises. Mais derrière cette gaudriole, il reste le sujet sérieux, qui peut mettre mal à l’aise, qui fait réfléchir… Swyzen fait bien ressortir la puissance et le charisme qui se dégage d’Hitler. Il montre aussi son rapport avec les femmes, dont la relation "particulière" avec sa nièce. Nous croisons aussi ces "bras droits" : Himmler, Hess, Goering, Heydrich, mais aussi Rommel et d’autres. Certains, par exemple, Goering, sont ridicules (tout comme il l’était dans le film de Chaplin).
Swysen part de sa naissance à sa mort, en passant par les moments phares de cette époque. C’est très bien détaillé.

Si le dessin avait été réaliste, ou trop sérieux, ce récit n’aurait pas  la même saveur, et ne gagnerait pas en puissance. L’artiste met en scène ces personnages sous formes d’animaux, tout comme dans le Maus de Spiegleman. Hitler est forcément un rat. Et de ce fait, les cases sont plus impactantes auprès des lecteurs, elles gagnent en force. Ptiluc donne du rythme, le lecteur ne s’ennuie pas une seconde.

La préface est signée Johan Chapoutout, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne. A la fin du livre, un article sur La Shoah en BD, par Elie Barnavi, suivi d’un dossier très intéressant.

Un récit à lire, à relire et surtout, à faire lire, pour ne pas oublier, pour prendre conscience, pour ne pas que cela se reproduise.
Les auteurs nous ont montré ce qui peut se passer si personne ne fait rien face à un tel danger ou face à des idées aussi malsaines, qui risquent d’être suivies par des gens facilement manipulables et influencables. Et pourtant, comme nous le verrons dans la dernière case de cet album, le danger, le mal est encore là.

Un album à posséder dans toutes bonnes bibliothèques (à côté de Maus), à partager, à faire lire dans les collèges et les lycèes. C’est un livre important.

Par BERTHOLD, le 6 avril 2019