VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN
J’irai cracher sur vos tombes

Enfant mulâtre au physique avantageux, à la peau blanche et aux cheveux blonds, Lee Anderson vient s’installer à Buckton, petite ville du Sud des États-Unis, pour prendre la gérance d’une librairie. Après avoir assimilé les rudiments de gestion et pris possession de son logement, il s’adonne pleinement à son travail. Au bout d’une quinzaine de jours, Lee éprouve le besoin de sortir et de rencontrer des femmes. Il finit par intégrer une bande de jeunes locaux avec lesquels il passe des moments orgiaques très agréables. Mais le sourire n’y est pas car le jeune métis a quelque chose en tête qui le mine et qui le pousse à attendre le moment propice pour se mettre en action. Lors d’une soirée organisée par Dexter à laquelle participent des notables, Lee croise le regard de deux sœurs, Lou et Jean Asquith. C’est le coup de poing dans la figure ! Ayant trouvé ce qu’il cherchait enfin, il décide de mettre à exécution son plan ; en commençant par les faire danser et leur faire la cour. Quel est donc ce plan démonique ? N’est-il pas en lien avec la tragédie que Tom et le gosse, ses frères, ont vécu précédemment ?

Par phibes, le 16 mars 2020

Notre avis sur VERNON SULLIVAN ALIAS BORIS VIAN #1 – J’irai cracher sur vos tombes

Nouvelle série à agrémenter le catalogue de la maison Glénat, Vernon Sullivan alias Boris Vian est, comme on peut le deviner aisément, une mise à l’honneur des quatre fameux titres que le romancier/trompettiste/chanteur… a pu écrire sous ce pseudo aux intonations américaines entre 1946 et 1950.

Cette première adaptation, signée Jean-David Morvan, est l’occasion de plonger dans un récit noir imparable, à la fois dramatique et machiavélique. A cet égard, l’on conviendra que le scénariste s’est bien calé à l’histoire originelle (elle fit sensation au moment de sa sortie en 1946) et a su la restituer dans un style résolument moderne, sans aucune retenue, ne manquant pas au passage de faire état de la débauche sexuelle et de la violence inhérentes à celle-ci.

L’effort de césure est conséquent. L’auteur se fixe sur le personnage central et fait en sorte, pour bien camper les situations, de jouer sur ses pensées les plus personnelles. Ces dernières se révèlent ainsi au travers d’un jeu narratif très prégnant qui nous ouvre les yeux sur ses aspirations revanchardes. A ce titre, il ne faut pas oublier que nous nous trouvons dans le sud des Etats Unis et que Lee est un homme issu d’un métissage blanc/noir, qui a été marqué par l’histoire tragique de sa famille et qui s’élève contre la discrimination raciale. Il va nous le prouver de la plus sordide des façons.

Pour les besoins de la mise en images des pérégrinations manipulatrices de Lee, pas moins de trois dessinateurs se sont associés. Rey Macutay, Rafael Ortiz et Scie Tronc, fidèles du scénariste, nous offrent un travail de grande qualité. A la faveur d’un trait réaliste parfois épuré, parfois détaillé, qui se veut bien agréable, le trio se complète à merveille. Les décors de l’Amérique des années 50 sont superbement réalisés. Côté personnages, là-aussi, les hommes et femmes ont une physionomie très soignée. Le choix de la représentation de Lee est particulièrement intéressante, tête d’ange et corps d’athlète qui tranchent avec sa gravité presque permanente et ses intentions. Enfin, les co-dessinateurs n’hésitent pas à jouer le sulfureux en croquant des scènes de sexe torrides et brutales.

Une adaptation illustrée de la première œuvre de Boris Vian écrite sous le pseudo de Vernon Sullivan réellement convaincante, qui a l’avantage de nous faire (re)découvrir une facette plus sombre du romancier.

Par Phibes, le 16 mars 2020

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