Verts

Un étrange phénomène commence à se répandre sur la planète, des bébés naissent avec une feuille qui pousse dans leur nez. Bien que les autorités clament rapidement que c’est une manifestation inoffensive, les gens s’en inquiètent et glissent progressivement dans la paranoïa. En parallèle, la nature prend progressivement le dessus, envahissant les façades, s’invitant dans les foyers des uns et des autres, elle se glisse même de plus en plus sur le corps des humains. Si, petit à petit, les gens s’y habituent, intégrant ce nouveau paradigme dans leur existence, d’autres deviennent agressifs… Au milieu de tout ça, quelques ados comprennent ce nouvel état de conscience, en harmonie avec leur environnement, qui s’ouvre à eux…

Par fredgri, le 27 mai 2024

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Notre avis sur Verts

Patrick Lacan et Marion Besançon se demandent ce qu’il adviendrait si, un jour, la nature décidait de retrouver sa place, réinvestissant l’espace jusque là occupé par l’humanité, quitte même à se lier physiquement à elle en glissant vers une nouvelle phase plus harmonieuse, plus épanouissante. Sans développer pour autant un discours pessimiste, ni alarmiste, ils prennent le contre poids de l’actuel désarrois écologique en imaginant une réaction naturelle qui prône le rassemblement, la communion.

Le scénario s’attache ainsi à montrer comment les êtres humains réagissent d’une part face à se qui se précipite autour d’eux, tout en mettant au centre du récit des ados très réceptifs à cet appel du « vert », qui les connecte à une nouvelle sorte de spiritualité essentielle.
On voit bien que les réactions divergent au départ, l’incompréhension, la peur qui provoquent des actions violentes et paranoïaques, tandis qu’une autre partie de la population se laisse gagner par cette euphorie bienfaitrice. Car la nature n’est ici pas là pour « prendre sa revanche », mais bel et bien pour recréer le lien inconditionnel qui peut amener l’humanité vers une nouvelle étape de son évolution.

Alors oui, on est en plein utopie écologique, un brin idéaliste, mais l’intrigue est pleine de poésie, de finesse dans les émotions qui en découlent. On se laisse porter par ce qui se révèle au fur et à mesure. Certes il y a l’inquiétude devant l’inconnu, devant la transformation qui est de plus en plus radicale, cependant, on se dit aussi que malgré quelques fractions plus intransigeantes, les gens sont globalement hyper ouverts et compréhensifs, que ça ne se passerait jamais comme ça « dans la réalité ». Mais qu’importe, l’idée est belle, elle anticipe un futur hypothétique moins sombre où les pendules seraient enfin remises à l’heure.
D’autant que graphiquement le travail de Marion Besançon transcende littéralement le propos, rajoutant une douceur très immersive, une vraie délicatesse dans le trait, dans l’enchevêtrement des racines, des branches, des fibres et des fleurs qui recouvrent lentement les cases, les pages, pour nous amener vers une séquence finale en couleurs directes absolument sublime.

Ainsi, Verts apparait comme une expérience de lecture totale, complètement en cohérence vis à vis de son sujet et de son développement. Une passionnante réflexion sur notre rapport à la nature, aux antipodes des grandes visions apocalyptiques habituelles.

Une très belle œuvre qui ouvre les portes aux débats.

Très vivement recommandée.

Par FredGri, le 27 mai 2024

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