VIE CHINOISE (UNE)
Le temps du père
Octobre 1950. Voilà un an que Mao Zedong est à la tête de la Chine. Dans l’extrême sud du pays, au cœur du Yunnan, Li, secrétaire au Comité Populaire, fait la rencontre de Xiao Tao, une jolie fille de dix-sept ans. Il lui propose de l’emmener avec lui vivre la Révolution.
De leur union va naître Xiao Li. Il est presque né avec la Révolution, il va en suivre toutes les évolutions. Le jeune garçon, devenu adulte, fera place à l’auteur de bande dessinée de propagande. Toute une vie chinoise, faite de bouleversements au gré des politiques du Grand Timonier puis de ses successeurs. Une autobiographie pour décrypter les étapes qui menèrent à la Chine moderne que nous connaissons aujourd’hui.
Par legoffe, le 29 juillet 2009
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Notre avis sur VIE CHINOISE (UNE) #1 – Le temps du père
Kana nous propose un livre intéressant en nous entrainant dans les souvenirs de Li Kunwu. Cet homme n’est pas un dissident chinois, ni un expatrié. Il s’agit d’un auteur de bande dessinée reconnu dans son pays, membre du Parti Communiste et administrateur de l’Association des artistes du Yunnan et de l’Institut chinois d’étude du dessin de presse.
Grâce à cette série, c’est donc un regard chinois que nous propose l’éditeur et c’est bien cela qui est intéressant. Il est l’occasion de vivre la Révolution à travers les yeux d’un enfant, puis d’un adolescent, qui raconte méthodiquement les étapes successives de la politique de Mao puis (dans le prochain tome) de ses successeurs. Il le fait en y mettant tout son cœur, n’omettant rien des drames nés des choix du Grand Timonier, ni de la fidélité du peuple à son chef malgré ces « erreurs » qui firent tant de victimes.
En s’attachant aux faits, l’auteur raconte finalement son histoire avec un certain recul. On ne parlera pas de détachement, non, car – malgré un récit réaliste et chronologique – Kunwu parvient à véhiculer une vraie émotion. Mon plus grand étonnement aura été de découvrir à quel point celui qui a vécu chaque pan de la Révolution parvient à la relater avec un certain respect, tout en faisant une véritable critique de la Révolution Culturelle ou du Grand Bond en Avant. Mais la critique est subtile car elle tient finalement aux faits. Jamais un reproche n’est ouvertement fait ; tout est dans la façon de vivre les événements.
Pour ce « connaisseur » de la propagande, il est aussi facile de raconter les méthodes d’embrigadement de Mao et des siens. Je suis toujours aussi étonné de voir à quel point il est possible de manipuler les foules, jusqu’à faire perdre à un homme toute objectivité, même lorsque sa propre famille est victime du système.
Kunwu s’est fait aider de P. Ôtié pour raconter tout cela, ne cachant rien, parlant avec respect et même, parfois, nostalgie, de certains épisodes de son histoire, n’hésitant pas à affronter les contradictions d’une politique dont il fait encore partie aujourd’hui. Il l’a fait avec sincérité, dans le texte comme dans le dessin. Un dessin particulier, aux traits vivants, entrecroisés d’illustrations de propagande.
Ce livre est vraiment intéressant. Il vous permettra de mieux comprendre ce qu’est la Chine moderne et d’où elle vient grâce au regard d’un homme qui l’a vue naître et grandir, devenant ce que nous connaissons maintenant, à savoir un pays immense, économiquement comme géographiquement, qui fascine autant qu’il effraie.
Par Legoffe, le 29 juillet 2009
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