Villes et infrastructure

Si, comme moi, vous découvrez avec "Villes et infrastructure" l’univers de Shintaro Kago, vous devriez être surpris, peut-être même quelque peu décontenancés par cet étrange humour, cette façon de partir sur une idée ultra simple pour animer des récits courts (entre une à quatre pages, en moyenne) qui nous plongent dans un regard sur la société vraiment pertinent et absurde en même temps.

L’auteur se moque de cette société qui tente de trouver une logique dans des choses complètement insensées, qui se construit sur le paraitre, sur ses névroses, sur son rapport au corps complètement tordu… En parallèle, nous glissons dans un univers étrange, complètement fou. Chaque petite histoire est étonnante et on rit devant telle ou telle idée délirante, comme cette théorie selon laquelle les industriels utiliseraient les mini jupes des jeunes filles pour contrôler les hommes et les empêcher de lever le nez pour voir les usines qu’il y aurait sur les toits… ou l’histoire qui parle des marchés de niche, ou encore l’hilarant championnat des personnes les plus effacées… On sourit jaune devant la cruauté qui peut aussi se dégager d’autres récits comme cet homme qui profite de la naïveté des jeunes femmes vierges qui ont peur des avions, ou bien le championnat des manipulateurs…
Et c’est comme ça sur 35 historiettes ou l’on découvre un auteur assez atypique qui nous propose, par l’humour, le fantastique ou simplement par cynisme, de percevoir notre réalité et plus particulièrement la société qui l’entoure avec un œil neuf.

C’est assez inégal dans la pertinence, mais j’avoue que cette lecture est vraiment édifiante, mais plus particulièrement dans le fait que se dévoile à nous un auteur qui scrute les petits détails tordus, qui s’amuse avec des concepts assez bizarres, mais qui finalement nous amène à réfléchir sur l’envers du décor, sur ces éléments du quotidien qui peuvent rapidement tout transformer en cauchemars… L’angoissante perception de notre corps, de la sexualité, du regard des autres, sur ce que l’on mange, ou l’on vit… Car certes on sourit, on rit, mais quelque part, en voulant comprendre certaines scènes, on s’interroge sur notre propre conception de ce qui nous entoure.

Une très intéressante découverte, vivement conseillée !

Par FredGri, le 7 mai 2023