Vitesse moderne

Vitesse moderne de Blutch a été éditée une première fois chez Dupuis en 2002 dans la collection Aire Libre, puis rééditée en 2008 pour les 20 ans d’Aire Libre augmentée d’une douzaine de planches en noir et blanc inspirées de Jerry Spring et enfin encore une fois dans la collection Roman/Aire Libre à l’occasion de l’élection de Blutch par ses pairs à la présidence du festival d’Angoulême 2010.
Le petit plus de cette présente édition souple et petit format est qu’en plus des douze planches déjà présentes dans la version pour les 20 d’Aire Libre, elle est agrémentée de croquis préparatoires et d’une interview fort intéressante de Blutch.

Lire Vitesse moderne c’est un peu comme regarder un film de David Lynch ou visiter un musée d’art contemporain : il est très facile de passer totalement à côté. Pour apprécier toute la richesse de cette œuvre il est nécessaire de s’y abandonner corps et âme et de se laisser porter par cette "vitesse moderne". Onirique, poétique, absurde et très personnelle, Vitesse moderne en déroutera certainement plus d’un mais qu’importe, car même si on sent bien qu’une partie de l’histoire nous échappe, l’expérience vaut vraiment le coup d’être vécue. Je ne peux donc que vous inviter fortement à plonger vous aussi dans les abysses sombres de cette vitesse moderne et partager l’instant d’une lecture la chute vertigineuse de Lola, Renée et de tous les autres… Les personnages y sont attachants et criants de sincérité, peut-être tout simplement parce que comme il est écrit sur la quatrième de couverture : "L’histoire que vous allez lire est une histoire vraie. Les évènements décrits se sont déroulés tels quels dans la vie réelle."
Le dessin de Blutch au trait typé marqué par un encrage très présent est adouci par la mise en couleur. Et c’est lui qui porte réellement le récit et nous prend par la main pour nous guider dans les pérégrinations de ce scénario surréaliste et fantasque.

Vitesse moderne fait partie de ces oeuvres inclassables qui donnent une autre image à la bande dessinée. A découvrir.

Par melville, le 23 janvier 2010