Vois comme ton ombre s'allonge

Une station-service, un arbre mort au milieu d’un champ de boue, un homme. Ces trois choses sont liées, on en sait pas trop ni comment ni pourquoi. Après un malaise sur une plage, l’homme est interné en hôpital psychiatrique. C’est un homme connu, un écrivain. Maintenant, il ne fait que dessiner et ces dessins n’ont plus de sens. Comme s’il essayait de sonder toute la profondeur de sa mémoire, nous verrons des fragments, des bouts de souvenirs resurgir et s’éteindre. Des souvenirs qui tournent autour de la station-service, là où sa femme l’a quittée, et de l’arbre mort, planté au beau milieu d’un no man’s land, là où son aïeul a combattu pendant la Grande Guerre…

Par Placido, le 4 janvier 2014

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Notre avis sur Vois comme ton ombre s’allonge

Vois comme ton ombre s’allonge est l’exemple parfait, l’archétype même d’une très belle BD, esthétique et artistique, mais pour laquelle nous manquons clairement de clés pour comprendre. Une question peu évidente se pose alors : est-ce que c’est suffisamment beau pour que l’on se fiche de l’histoire qu’il y a d’écrit ? Car c’est quand même ça qui est gênant. Ça serait un livre d’illustrations, d’accord, mais là, à la base, l’auteur a écrit une histoire, il essaye de nous toucher avec des mots, il dit des choses. Et si on n’en saisit que la moitié, effectivement c’est gênant.

Certes, il y a quand même des éléments qui tiennent debout, qui ne se dévoilent peut-être pas tout de suite, mais au fur et à mesure, tout tranquillement. La belle mise en scène de Gipi s’y prête bien, entre un noir et blanc très cru, presque vide, qui décrit l’hôpital et ses médecins, des choses plutôt liées aux événements présent et des aquarelles pleines de couleurs, beaucoup plus liées aux souvenirs et aux obsessions du personnage. Ces deux parties se conjuguent bien, s’articulent finement sur les planches. Mais on finit par bloquer sur des parallèles étranges, des transitions déroutantes et des paroles décousues. On se dit alors de lâcher prise, de se laisser aller. « Concentrons-nous sur l’émotion et le beau, c’est le plus important ». Et c’est probablement à ce stade que les avis divergeront. Personnellement, ça ne m’a pas suffit. On est trop perdu, trop livré à soi-même. C’est d’autant plus marquant sur le final, avec une fin très ouverte qui, à défaut de pousser à la réflexion, achève de nous noyer. Et les superbes aquarelles de Gipi n’y feront rien.

On est exactement comme le personnage de l’histoire : perdu, sans savoir distinguer le vrai du faux, le réel de l’hallucination, le présent du passé. Et même si on finit par être touché par ce Silvano Landi, malade psychiatrique, on sent que ça ne nous bouleverse pas autant que ça le devrait (ou le pourrait).

Par Placido, le 4 janvier 2014

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