VOYAGE DE RYU (LE)
Tome 1

 
Après les séries Ashita no Joe et Cyborg 009, c’est cette série Le voyage de Ryu qui intègre la collection Vintage des éditions Glénat. Et au vu de la qualité des deux premières citées, c’est avec confiance que vous pouvez jeter votre dévolu sur la troisième pour autant, bien sûr, que vous aimiez ces mangas quelque peu surannés mais si plaisants à vivre !

Le dessin de Shotarô Ishinomori est en effet loin d’être désagréable : directement inspiré de celui d’Osamu Tezuka, vous l’avez déjà apprécié dans Cyborg 009, dans Hokusai (Kana) ou dans Sabu & Ichi (Kana également). Quant au récit, qui sera développé sur cinq tomes au total, il s’avère dès ce premier volet des plus intrigants et donc des plus captivants !

C’est l’histoire donc d’un jeune homme qui revient sur sa planète la Terre et qui va la découvrir complètement transfigurée et peuplée de créatures qu’une guerre nucléaire a fait muter de manière spectaculaire. Bien évidemment, le héros Ryu a gardé une apparence qui permet qu’on s’identifie à lui, et Maria et son petit frère qu’il rencontrera sont eux aussi des représentants des humains qui n’ont pas subi de désastreuses radiations… Mais voilà : perdus dans des territoires défigurés et donc inconnus, voire hostiles, Ryu et ses compagnons vont devoir lutter pour leur survie.

C’est à de l’aventure avec un grand A que nous convie l’auteur, mais aussi d’une certaine manière à une réflexion sur le nucléaire ; réflexion qui a malheureusement repris du service plus que jamais depuis les drames qu’a connus le Japon en mars 2011. Sauf que cette bande dessinée ne date pas d’hier et prouve ainsi que ces questions sont au centre des préoccupations des Japonais depuis la seconde guerre mondiale et les dégâts subis par Hiroshima et Nagasaki… De nombreux manga abordent ce thème du nucléaire, de manière fictive ou historique, vous l’aviez remarqué.

Du contexte uchronique du Voyage de Ryu (contexte aux airs de situations malheureusement envisageables) découlent d’autres notions qui font autant de moteurs pour cette série BD : la société, les clans, les choix à faire face aux drames, l’évolution de l’ego de tout un chacun puisque dans des situations inédites tout le monde peut prétendre avoir raison et chercher à s’imposer comme chef de ses pairs, etc, etc…

Au niveau poétique et esthétique, vous pourrez trouver à la série Le voyage de Ryu des similitudes avec des oeuvres comme celle de LEO (Les mondes d’Aldebaran) ; que ce soit pour le côté science-fiction ou pour le côté bestiaire extraordinaire. De l’originalité, donc, est au menu, et c’est un atout indispensable pour que l’aventure soit prenante, vous en conviendrez !

Ce manga est donc une belle découverte à faire. Une de plus dans la collection Vintage des éditions Glénat : une collection décidément bien inspirée et gagnant à devenir une référence en matière de résurrection (en VF) de manga qu’il aurait été dommage de ne pas connaître.
 

Par Sylvestre, le 22 mars 2011

Quand on commence la lecture de cette série, et plus particulièrement de ce premier volume, on entre dans l’aventure avec un grand A, celle qui voit se succéder mille et un rebondissements, celle qui vous tient en haleine du début à la fin en brassant tout les thèmes propres à une SF légèrement surannée. Et bien que la série date du début des années 70, on croirait presque être revenu dans les années 40/50, au temps des pulps qui étalaient les épisodes d’une grande aventure complètement décomplexée, passionnante à grand renfort de héros courageux, en butte avec un monde agressif, le bras autour de la taille d’une belle jeune fille (oui, dit comme ça, ça fait un peu machiste !!!) ! On retrouve le même style de lecture passionnée qu’on pouvait avoir en lisant du Burroughs par exemple !

Shatoro ishinomori n’est pas un novice, il a assisté Tezuka sur Astro Boy, s’est imprégné du style du maître à tel point que la ressemblance graphique en est troublante ! (On le trouve aussi à l’origine de San Ku Kaï, par exemple…)

Néanmoins, le ton de ce premier volume n’a rien d’enfantin, bien au contraire. Le monde dans lequel le héros, Ryu, se réveille est un monde en pleine désolation, victime des guerres successives, de la radiation, de la folie de l’homme au nom du progrès, d’où un retour à l’état sauvage. Sur ce point le propos de Ishinomori manque de subtilité, allant même vers la caricature qui découle du traumatisme atomique. Toutefois, progressivement, sous couvert d’une aventure qui ne s’arrête plus, l’auteur pose aussi les jalons d’une humanité qui veut se reconstruire, qui veut croire en sa survie, malgré l’hostilité ambiante, malgré la dégénérescence de cette Terre "perdue".

Sans échapper à certains gros poncifs, le récit reste tout de même particulièrement prenant, amenant le lecteur à ne plus lâcher sa lecture une fois entamée (expérience vécue sur "le terrain" !!!). Par contre, c’est vrai, le dessin peut peut-être "rebuter" par son côté "naïf", mais très vite le ton de l’ensemble remet les points sur les i, on n’est définitivement pas dans une série pour les enfants, loin de là (au mieux pour les ados/adultes).

Une très très bonne découverte qui peut ensuite ramener vers la première création de Ishinomori: "Cyborg 009" ! Affaire à suivre donc…
Pour sauter le pas vers les mangas et découvrir une série à lire sans plus attendre !

Par FredGri, le 12 mars 2013