Voyage essentiel en Alaska

 
Il y a des voyages qui vous changent, qui vous marquent à jamais, et cette aventure extraordinaire, à fleur d’eaux glacées, fut de ceux-là pour Maxime de Lisle. Ce qui devait n’être au départ peut-être qu’un pari sportif entre folie et originalité entre copains est devenu pour lui une expérience révélatrice.

Partir au bout du monde et y vivre des choses extraordinaires transforme toujours le voyageur en un témoin enclin à revenir ambassadeur. Cette envie de crier au monde qu’on a vu de ses propres yeux… Ce besoin de dire qu’on s’est rendu compte des choses en les vivant de manière intense… Et cette sensation que tout le monde devrait écouter ce que vous avez à dire…

C’est ce qui s’est passé pour l’auteur. Mais loin de nous faire son rapport avec condescendance, il nous invite à revivre en images son parcours en l’accompagnant dans les galères comme dans les bons moments. C’est Bach Mai qui est aux crayons et à la couleur, et les lecteurs conviendront que le résultat est d’une qualité qui n’est pas sans rappeler celle des plus fameux récits graphiques de voyages d’Emmanuel Lepage.

Entre visions terre-à-terre et onirisme, entre récit de voyage et exposé pédagogique, entre aventure et bulletin animalier ou rappels historiques, Le passage intérieur – Voyage essentiel en Alaska nous est conté par un personnage dont l’humilité n’a fait, semble-t-il, que croître au fil des kilomètres parcourus ; et de page en page. L’auteur ne cache pas, en effet, le fait que lui et ses compères étaient des novices en kayak avant de partir ramer dans les immensités du Grand Nord. Il n’hésite pas non plus à parler des moments de doutes de son equipée et nous explique pourquoi certaines situations se sont présentées et comment ils s’en sont sortis. Il n’a pas honte, non plus, de livrer certaines impressions personnelles qui pourraient sonner cul-cul dans un autre contexte mais qui sont au contraire d’une forte authenticité : on comprend que la solitude du kayakiste est propice à se faire tout un tas de réflexions et que taire ces réflexions qui ont jalonné le chemin serait mentir si on ne les restituait pas au moins a minima.

Bref, c’est grand et c’est beau. C’est une découverte et des (parfois tristes) vérités que l’auteur partage avec nous dans cette superbe bande dessinée qui concrétise l’engagement qu’il a pris une fois rentré en Europe en attendant ses prochains faits d’armes. Alors… Soyez vous aussi témoins privilégiés : voyagez en BD !
 

Par Sylvestre, le 4 juillet 2022