Waco horror

Etats-Unis, 1916. Elizabeth Freeman, engagée pour le droit des femmes, est chargée par William E. B. Du Bois, militant pour les droits civiques, d’enquêter à Waco, Texas, sur la disparition du jeune noir Jesse Washington. La jeune femme va découvrir une terrible vérité…

Par v-degache, le 6 mai 2022

Notre avis sur Waco horror

A l’évocation du nom de la ville de Waco au Texas, on se rappelle l’issue terrible de l’assaut mené sur la résidence des adeptes de la secte de David Koresh en 1993. Mais le propos de ce Waco Horror est tout autre !

C’est en effet dans ce qui est alors une charmante bourgade, considérée comme plutôt progressiste, qu’a lieu en 1916 le tristement célèbre lynchage de Jesse Washington, dont les terribles photos vont circuler, éditées en cartes postales, montrant les tortures infligées au jeune homme noir suspecté de viol et de meurtre, avant d’être assassiné, mais aussi une énorme foule présente, venue assister au « spectacle », et pour certains participer au meurtre. Ces clichés vont être repris par la presse du pays, et émouvoir l’opinion publique, même si cela ne mettra pas fin à cette pratique pour autant.

Les scénaristes Lisa Lugrin et Clément Xavier, et le dessinateur Stéphane Soularue, choisissent de raconter cette terrible histoire à travers celle d’Elizabeth Freeman, suffragette contemporaine de la Britannique Emmeline Panckhurst (que L. Lugrin et C. Xavier avaient croisé dans leur album Jujitsuffragettes chez Delcourt), engagée par la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) pour enquêter sur cette disparition, à Waco.
On y découvre une militante prête à tout pour découvrir la vérité, usant de subterfuges osés et parfois drôles !
L’ouvrage plonge le lecteur dans une palpitante enquête, au sein d’une population de Waco devenant, au fur et à mesure des pages, de plus en plus inquiétante, avec au milieu cette femme courageuse, prenant des risques pour faire triompher la vérité.

Le dessin à l’aquarelle de Stéphane Soularue restitue bien cette ambivalence qui se dégage du scénario, entre la noirceur de cette ville tentant de cacher l’indicible, et le dynamisme et la fraîcheur qui se dégage du personnage d’Elizabeth Freeman ! Le choix de faire vivre l’enchainement des tortures subies par Washington, aboutissant à son décès, par des dessins d’enfant, et non par une reproduction des fameuses photos, apporte encore plus de poids au récit.
Après avoir mis notamment à l’honneur la journaliste d’investigation Nellie Bly, la collection Karma de Glénat parvient une nouvelle fois à dresser un superbe portrait de femme, que l’Histoire a quelque peu relégué au second plan. Les choix graphiques participent aussi à faire de ce Waco Horror une réussite, et non un énième roman graphique vite expédié en termes de dessin, afin de faire la pagination !

N’hésitez pas à plonger au cœur du Texas du début du XXème siècle, où l’horreur côtoie le désir de vérité et d’égalité incarné par une femme forte, Elizabeth Freeman !

Par V. DEGACHE, le 6 mai 2022

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