War songs

La guerre en Irak, ses raisons plus ou moins inavouables, ses conséquences et ses dommages collatéraux… Le conflit et les intérêts des uns et des autres… Ce qu’on nous en dit à la télé et ce que ça veut dire là-bas, sur le terrain, pour les gens qui n’ont pour la plupart d’entre eux rien demandé. Le terrorisme, aussi : comment il germe et comment il se radicalise… La guerre en Irak, quoi : une tache sur la carte et dans l’Histoire, une tache qui aura éclaboussé le monde entier…
 

Par sylvestre, le 16 octobre 2010

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Notre avis sur War songs

Après No Comment, l’auteur Ivan Brun revient avec un album tout aussi noir dans le propos, nous proposant en rafales des réflexions qu’on a pu se faire lors du conflit en Irak et les dessinant avec ce style faussement naïf qui le fait "cartooniser" les drames dont il parle ; comme pour attirer même les enfants afin qu’ils soient choqués, mais aussi mis de facto face à la (dure) réalité…

Bien entendu, cette bande dessinée n’est pas à proprement parler pour enfants. Loin de là, même… Mais on reconnaît au travail d’Ivan Brun un côté universel. Les adultes comme les enfants peuvent comprendre. Des gens de langues et de cultures différentes peuvent comprendre… Cela du fait que ses planches sont muettes tout en proposant des dialogues, mais des dialogues dessinés : avec des pictogrammes dans les phylactères à la place de textes.

Des réflexions en rafales, écrivais-je… Oui, un véritable catalogue de faits sont dénoncés dans War songs ; des faits transcrits en bandes dessinées entre deux illustrations genre pin-ups pour intérieurs de casiers de G.I…

La première planche est ultra-violente : une décapitation en bonne et due forme qui n’est pas sans rappeler ces vidéos diffusées par la presse internationale après avoir été fournies par des preneurs d’otages, comme pour capter l’attention du lecteur et l’avertir qu’attention, les choses sérieuses commencent. Puis suit un premier chapitre assez déstabilisant, loin de l’ambiance de cette séquence de décapitation. Quel rapport peut donc avoir ce chapitre avec la guerre et la planche d’avant ?, se demande-t-on alors. Serait-ce pour montrer l’abondance et la facilité d’accès à tout ce qui existe sous nos latitudes quand ailleurs (en Irak, par exemple…) ce n’est pas la même chose ?!…

Au fil des pages, avec la technique de composition des planches dite du gaufrier, le conflit irakien et ce qu’il nous inspire est décliné : les théories militaires et stratégiques occidentales et les conséquences sur les populations des pays cibles, les intérêts politiques et économiques (le partage du gâteau), le malaise de la police irakienne, la "désintégration" (pour le contraire de l’intégration) qui nous fait suivre un jeune Occidental dont les aspirations prennent du plomb dans l’aile et qui finit par se frotter aux islamistes pro de l’enrôlement, le coût de la guerre supporté par les Occidentaux, le mal qu’ont fait les pays alliés contre l’Irak et les profits qu’ils ont faits sans qu’il y ait de retombées bénéfiques, à l’arrivée, sur les populations. Mais aussi tout ce qui est violence naissante dans les esprits des plus malléables des Occidentaux, et violences américaines en Irak (des vignettes reproduisent clairement les fameuses mises en scène de la prison Abou Grahib…). Ou encore djihad, attentats et autres rançons…

Bref, un véritable diaporama de la désespérante folie des Hommes… Un drame bien connu mis "autrement" en images… Une BD choc à découvrir aux éditions Drugstore.
 

Par Sylvestre, le 16 octobre 2010

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