What the future
Monsieur et Madame Futur et leur fils appartiennent au monde de demain, un demain qui se veut surdimensionné, complètement robotisé, bétonné à outrance et porteur des stigmates d’une civilisation déliquescente, réchauffement climatique oblige. Si on y pratique la culture physique ou la déculpabilisation assistées, on se joue des dimensions temporelles. On y pratique de façon assurément déshumanisée l’adoption robotisée, l’automatisation des relations familiales. On y emploie des droïdes aux accents d’autrefois, on profite à fond des dernières technologies, on tchatte à tout va, on se soigne en un tour de nanopuce, on visite sans complexe les cicatrices du passé, on manipule les gênes sans retenue via l’usage des clones médicaux, on subit l’omnipuissance de Facebook, etc, etc… Alors, elle est belle ou elle est pas belle, la vie du futur ?
Par phibes, le 22 septembre 2016
Notre avis sur What the future
Mo/CDM, le père de Cosmik Roger et de Philipp Kradow entre autres, renoue avec ce genre qui lui colle parfaitement à la peau et qui lui permet de manier à grosse louche l’humour complètement décalé.
Cet album, loufoque à souhait, est l’occasion de nous présenter les déambulations d’une famille lambda, un peu étroite d’esprit, dans un contexte futuriste délirant. Au travers de séquences, en majorité d’une page, l’auteur y va de son inspiration débordante et nous plante dans des situations hyperconnectées qui, même si elles lorgnent vers une certaine réalité, se veulent réellement ubuesques.
Compte tenu de la très bonne qualité des chutes, de la conception excellente des scènes futuristes qui obéissent à une volonté de jouer l’aberration virtuelle, le cocasse trash, le libertinage robotique, et qui malgré tout sonne quelque part comme une alerte rouge cramoisi, on rit de très bon cœur. Mo/CDM démontre qu’il est sans limite quant à sa manière laminante de percevoir l’avenir du monde moderne et le traduit franchement, sans ambages, au travers de gags particulièrement savoureux via sa famille de prédilection.
Côté dessins, on sent que la mécanique est bien huilée. Sans contestation possible, l’artiste laisse courir son trait dans une liberté d’expression et dans une caricature qui font mouche à chaque planche. Les environements futuristes certes délirants témoignent tout de même d’une certaine recherche. Ses personnages, quant à eux, se raccrochent (de l’humain au robot) à ce qu’il sait faire de mieux. De toute évidence, le plaisir est de la partie.
Une vision satirique du monde de demain totalement poilante et dans l’esprit de Fluide Glacial. Espérons que ce futur ne sera pas le nôtre !
Par Phibes, le 22 septembre 2016