White only

Althea préfère écumer les rues de Harlem plutôt que d’aller à l’école, et rêve de devenir une grande joueuse de tennis. Elle se fait vite repérer, et enchaine les victoires, mais, dans l’Amérique des années 1940, la ségrégation raciale l’empêche d’intégrer les plus grands tournois réservés aux Blanches. La jeune femme est bien décidée à faire changer les choses et à ne pas se laisser intimider !

Par v-degache, le 19 février 2025

Notre avis sur White only

Althea Gibson en 1956

Si la fin de la Guerre de sécession en 1865 marque l’abolition officielle de l’esclavage aux États-Unis, avec l’adoption du XIIIème amendement de la Constitution, il faut attendre 1964 pour que Lyndon Johnson signe la Loi sur les droits civiques mettant fin à la ségrégation raciale. Ce furent donc des années de lutte, avant d’aboutir à la signature du Civil Right Act et à la fin des Lois Jim Crow et du « Separate but equal », régnant dans les États du Sud…

Sylvain Dorange au dessin et Julien Frey au scénario ont choisi de retracer la vie et la carrière de la tenniswoman noire, Althea Gibson, qui, par sa carrière sportive, va mener et incarner, parfois malgré elle, une partie de ce combat politique !
Jeune fille afro-américaine de Harlem, à New York, Althea aime le sport, et n’hésite pas à se frotter aux garçons. En 1940, elle intègre un club de tennis fréquenté par la bourgeoisie noire car, même dans les États du Nord, la ségrégation est présente. S’affirmant rapidement comme la plus douée des élèves, les docteurs Eaton et Johnson la prennent sous leur aile, lui permettant de s’entrainer dans de bonnes conditions pour atteindre le haut niveau.

Mais les joueurs et joueuses noirs ont des tournois réservés, et leur propre fédération, l’American Tennis Association (ATA)… A force d’abnégation, de succès, et de médiatisation, Althea est finalement autorisée, en 1950, à participer à l’US National Championships à Forest Hills, ancêtre de l’US Open ! Bien décidée à ne pas être seulement la première joueuse noire-américaine à participer à un tournoi du Grand Chelem, elle remporte Roland-Garros en 1956, ainsi que de nombreux autres succès, devenant même, encore une fois, la première noire à faire la Une du Time en 157 !

En 1957, Althea Gibson bat Darlene Hard en finale de Wimbledon et est félicitée par Elizabeth II !

Surmontant les insultes racistes et les quolibets, Althea fait de sa raquette un instrument politique dans la lutte pour les droits civiques, même si, pour elle, les objectifs sont uniquement sportifs. Si l’on est, dans un premier temps, un peu déstabilisé par le dessin de Sylvain Dorange (Les promeneurs du temps, Prison) et par ses personnages aux visages s’éloignant d’un trait réaliste, il réussit très vite à nous emporter dans cette biographie à la fois sportive et militante. Plans et cadrages des scènes de tennis sont un régal, le travail sur des couleurs chaudes se rapprochant de celles de la terre battue donnant une belle homogénéité à un récit écrit par Julien Frey (Les salamandres), qui trouve un bon équilibre entre la quête du succès sportif et la lutte contre la ségrégation des Noirs.

Découvrez sans attendre la carrière littéralement extraordinaire d’Althea Gibson, dans un ouvrage qui vous réserve de nombreuses surprises ! White only est plus que recommandé à tous et toutes !

Par Vincent, le 19 février 2025

Publicité