Wilderness

En 1899, une tempête frappe les côtes de la Péninsule Olympique. En ces lieux isolés de l’ouest américain demeure Abel Truman, ancien soldat sudiste marqué psychologiquement par la guerre civile et également par un drame familial. Ressassant ses terribles souvenirs, il vit chichement au jour le jour en compagnie de son chien. Un jour, après avoir tenté de se noyer, il décide de partir. Il finit par tomber sur deux sinistres individus qui lui volent son animal. Laissé pour mort, le vieux Abel est recueilli par des indiens qui tentent de le soigner. Au bout d’un certain temps, il se remet de ses blessures et, grevé par une maladie insidieuse, se décide à se lancer sur les traces de son chien et de ses agresseurs. C’est lors du contact avec ces derniers qu’il tombe sur le noir Glenn Makers qui l’entraîne chez lui. C’est sous le toit de celui-ci qu’Abel va se confier sur son passé guerrier et trouver en quelque sorte sa rédemption.

Par phibes, le 6 juillet 2020

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2 avis sur Wilderness

Mise en lumière par les éditions Soleil, Wilderness est originellement un roman réalisé par l’écrivain américain Lance Weller, publié en 2012 et qui a connu un franc succès à sa parution. Aujourd’hui, grâce à Ozanam et Bandini, deux artistes du 9ème art, cette œuvre se voit proposée dans un autre format, celui de la bande dessinée.

Se déclinant en un one-shot, cet imposant album nous sensibilise sur la dramatique aventure d’un vétéran de la Guerre de Sécession, profondément traumatisé par ce qui l’a vécu 35 années plus tôt lors de la bataille de la Wilderness. A la faveur d’une grande fidélité à l’œuvre, le scénariste Ozanam a procédé à un découpage averti qui lui permet d’alterner les époques, entre souvenirs d’Abel et vicissitudes présentes. Par ce biais, on découvre avec une certaine émotion ce qui a pu perturber au plus haut point le personnage central à savoir l’impact de ces batailles meurtrières et qui semble tourner en boucle dans son cerveau. Par ailleurs, la vie ne lui faisant pas de cadeau, on le voit au présent dans ses vieux jours malade et martyrisé par d’autres. Il ne fait aucun doute que le message est assurément profond et démontre sans ambiguïté que certaines destinées peuvent atteindre des sommets en matière de malheur.

De fait, la tonalité de cet album est on ne peut sombre et à la suite d’un déclic, a la particularité de se transformer en un voyage à sens unique. Dans cette quête de rédemption qui s’annonce, Abel nous dévoile toute cette noirceur intérieure qui le gangrène et qui le pousse à chercher des décisions qui ne lui réussissent pas forcément (la noyade par exemple). Par ces faits, on reste littéralement accroché à ce personnage que l’on prend presqu’en affection, à l’instar d’autres comme Ned, Dexter, Glenn…).

On saluera la partie graphique réalisée par Bandini, dessinateur fidèle à Ozanam (ils ont en commun Face contre ciel, Les âmes sèches…). En effet, pour illustrer l’équipée tragique d’Abel, l’artiste à adopter deux principes picturaux selon les époques, l’une en noir et blanc ponctué de bleu ou de jaune, l’autre en couleurs. Selon un concept graphique « en petitesse » parfairement maîtrisé, Bandini trouve ici une expression qui bénéficie d’un certain réalisme dans ses effets. On applaudira sa colorisation on ne peut plus impressionnante qui donne de réelles ambiances d’espace, de dépaysement, de naturalité…

Une excellente adaptation frappante sur le traumatisme des actions guerrières qui donne réellement envie de lire le roman originel.

Par Phibes, le 6 juillet 2020

Pour être honnête, je ne connaissais pas le livre de Lance Weller, à la base de cette magnifique adaptation. Néanmoins, en me laissant glisser dans ces pages, je découvre des ambiances, un ton qui tout de suite me fascine !

Antoine Ozanam signe un scénario lancinant, mêlant le passé au présent (aidé pour cela par l’incroyable traitement graphique de Bandini, qui s’adapte aux ambiances, changeant de style quand c’est nécessaire…) avec une très intéressante gestion des silences, des ellipses. On est certes dans une adaptation, mais le scénariste dose très habilement les plages de textes, économisant ses effets, restant en retrait pour laissant les images exprimer les atmosphères, les pensées qui se devinent dans des regards, le respect d’une œuvre sauvage et âpre, presque hypnotique !

De son côté, encore une fois, Bandini livre ici une incroyable performance qui transcende littéralement le travail d’Ozanam. On se surprend à admirer silencieux certaines pages, s’imaginant marcher lentement dans les pas du vieux Abel, sur la plage ou sur ces chemins boisés, on entend les vagues qui suivent le flux et le reflux, on se retrouve soudain, une trentaine d’années en arrière, parmi les soldats qui ne savent plus trop bien ce qu’ils font ici, on découvre le passé d’Abel, ses compagnons de route. Ces évocations ajoutent une vraie texture plus rugueuse au récit, quelque chose qui vibre, qui insiste sur le regard pensif du vieil homme… Et même quand l’histoire se précipite un peu, quand nous commençons à vraiment nous demander comment tout cela va finir, nous restons fascinés par ces pages qui se dévoilent devant nous !

Je dois bien dire que je suis complètement tombé sous le charme de cette histoire sans compromis. Qu’il s’agisse du travail d’Antoine Ozanam, des pages de Bandini, on est face à un album qui ne va laisser personne indifférent, j’en suis sur !
A peine terminé, je le feuillète encore, je relis la préface de Weller et j’attends le moment ou je pourrais découvrir le roman…

Une très très grosse claque. Ne passez pas à côté de ce Wilderness !

Par FredGri, le 5 août 2020

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