Winsor Mc Cay, his Life and Art
Véritable génie de l’illustration, Winsor Mc Cay est aussi connu pour être l’un des pionniers de l’animation, bien avant Disney lui même. Ce livre nous raconte donc sa vie, son parcours professionnel en tant qu’illustrateur, chroniqueur, performeur (il anima de nombreux spectacles qu’il appelait "Vaudeville" ou il dessinait en public, à travers le pays) et animateur. Beaucoup de documents inédits, des repro d’illustrations, des photos, viennent agrémenter cette incroyable biographie…
Par fredgri, le 8 janvier 2019
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9781138578869
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Notre avis sur Winsor Mc Cay, his Life and Art
S’il y a bien un nom qui revient régulièrement dès que l’on évoque les grands maîtres de la bande dessinée, c’est celui de Windsor Mc Cay, une référence incontestable qui marqua autant l’illustration que le strip, mais aussi l’animation ou il fait encore figure de pionnier.
Dans chaque domaine ou il exerça son Art, il excella par son exigence et la finesse de son dessin, pas le soin porté aux détails et la qualité de ses finitions, tout en maintenant une productivité exceptionnelle dès ses débuts.
Approximativement né vers 1867, de parents immigrés canadiens, le jeune Winsor va vite faire preuve d’une grande virtuosité en impressionnant ses camarades de classe. Dès ses 18/19 ans, il commence à gagner de l’argent en réalisant des petits portraits dans des foires, ce qui va lui permettre de rapidement se faire un nom et une excellente réputation.
En 1888, il arrive à Chicago, comme apprenti à la National Printing and Engraving Company ou il apprend les bases du métier d’illustrateur en travaillant sur des affiches et des enseignes publicitaires. Deux ans plus tard, il quitte la ville pour Cincinnati ou il commence à travailler pour un « Dime museum » jusqu’en 1898 ! Cette pratique de l’affiche, de la typographie, ces ambiances de cirque, vont nourrir à jamais l’univers très imagé de l’artiste, et plus particulièrement ses Little Nemo…
Néanmoins, Mc Cay aime dessiner en public. Il va animer tout au long de sa carrière, en parallèle de ses illustrations et ses strips, des représentations publiques que l’on appelle des « Vaudeville », ce qui lui vaudra, à un moment donné, d’être rappelé à l’ordre par Hearst lui même !
En 1898, il est engagé au Commercial Tribune et un peu plus tard par Life, il fait ainsi ses vrais débuts comme journaliste-illustrateur. Son travail consistant à suivre l’actualité, se déplacer lors d’évènements et fournir de nombreuses illustrations. Mc Cay va alors commencer à s’intéresser aux possibilités des strips en expérimentant progressivement des scénettes découpées en plusieurs cases, s’amusant à jouer avec le mouvement et les ellipses. Son style est par nature extrêmement dynamique et vivant, la transition se fera donc sans soucis !
En 1900, il rejoint le Cincinnati Enquirer et lance en 1903 sa première véritable série « The Tales of the jungle Imps » avec George R. Chester (on retrouvera d’ailleurs Imps, le petit sauvage noir, dans Little Nemo) qui durera de janvier à novembre et démontre la maitrise de Mc Cay, ainsi que ses évidentes influences de l’Art Nouveau, ne serait-ce que dans les compositions et dans le traitement graphique !
A la fin de l’année, il déménage à New York et commence à travailler pour le New York Herald et le Evening Telegram qui appartiennent au même éditeur.
C’est alors l’âge d’or du strip américain et Mc Cay a envie de se lancer lui aussi dans l’aventure (en même temps, Outcault, le créateur du fameux Yellow Kid, a lancé sa fameuse série Buster Brown pour le Herald, s’engage alors une sorte de concurrence entre les deux artistes). Il commence ainsi, en 1904, ses premiers strips réguliers « Mr Goodnough », « Sister’s little sister’s Beau », « Phinish of Phoolish Philipe’s Phunny Phrolics », mais surtout « Little Sammy Sneeze » et l’extraordinaire « Dream of the Rarebit Fiend » qu’il va continuer jusqu’en 1913 !
Little Nemo n’arrivera qu’en 1905, mais déjà on trouve les bases de tout ce qui va suivre dans le parcours de McCay, ses premiers intérêts pour l’animation et les récurrences qui mèneront aux aventures onirique du petit garçon.
Alors qu’il faisait déjà preuve de beaucoup d’audace, d’une imagination exacerbée, Mc Cay pousse encore plus loin ses expérimentations, jouant parfois avec la forme du strip lui même, avec le lecteur. Rarebit Fient est d’une incroyable richesse d’univers, avec des séquences qui préfigurent les travaux d’animation qui vont bientôt suivre !
En 1905, il créé « The story of Hungary Henrietta » qui fonctionne sur le même principe que Sammy Sneeze, puis « A pilgrim’s Progress ». Mais c’est en octobre qu’arrive ce qui restera à jamais son véritable chef d’œuvre: « Little Nemo in Slumberland »…
L’histoire d’un petit garçon (sur le modèle de Robert, le propre fils de Mc Cay) qui voyage à Slumberland, le pays des rêves, qui rencontre de nombreux personnages et qui immanquablement se réveille à la fin de chaque page… Dès les premiers strips, on s’envole aux côtés du jeune héros, découvrant un foisonnement de couleur, des architectures incroyables, mais surtout un dessins hors du commun qui va élever définitivement Mc Cay au rang de maître absolu !!!
Très vite, la série remporte un succès monumental, avec des adaptations au théâtre, du merchandising à gogo et des témoignages de fans de tout les milieux. Il faut dire qu’à l’époque, le New York Herald bénéficiait d’un département couleur extrêmement bon, ce qui permis d’avoir en plus une qualité d’impression exceptionnelle !
En 1911, il quitte le journal pour rejoindre le New York American de Randolph Hearst qui lui propose un meilleur salaire.
Mc Cay est alors un des artistes les mieux payés du milieu, d’autant qu’il reste toujours très productif (il réalise en même temps de nombreuses illustrations, Little Nemo, Rarebit Fiend, ses Vaudevilles et il commence déjà à travailler sur ses premiers dessins animés…). Sa femme menant un train de vie très dispendieux, il doit ramener régulièrement de très grosses sommes à la maison, ce qui l’amène à abattre beaucoup de travail, en permanence…
C’est en voyant les premiers films d’animation de James S. Blackton et Emile Cohl que Mc Cay va avoir l’envie de se lancer lui aussi à partir de 1910, avec un premier film (supervisé par Blackton, présentant trois de ses personnages de Little Nemo) qui sera montré au public en avril 1911 !
Le travail effectué est colossal, chaque dessin est mis en couleur à la main, l’artiste innove et impressionne par sa science de la fluidité et des enchaînements de plans ! Il créé les premiers codes de l’animation, les premiers procédés qu’il n’aura malheureusement pas le réflexe de breveter et qui seront repris ensuite par de plus gros studios qui vont vite industrialiser ce nouvel art en plein essor !!!
Puis, il y aura quelques autres petits films jusqu’en 1914 avec « Gertie, the Dinosaur » et plus tard, en 1918, avec l’impressionnant « The Sinking of the Lusitania ». Mais malgré toute la passion, le temps et l’argent qu’il a pu investir dans ces projets, Mc Cay s’est progressivement rendu compte que cette industrie qu’il avait participé à créer s’était éloignée des considérations artistiques qu’il ambitionnait, que les studios qui s’étaient depuis développés devenaient avant tout des usines… Peut-être était-il beaucoup trop en avance sur son temps ! Il écide donc d’arrêter l’animation…
Pendant ce temps, ses relations avec Hearst se tendent, plus particulièrement avec son bras droit Arthur Brisbane. Ils n’aiment pas ces « Vaudevilles » qui amènent Mc Cay à partir régulièrement sur les routes du pays. Hearst pense que la flamme n’est plus la même et que la qualité des illustrations en pâtit ! Il est donc demandé à McCay de stopper d’une part ses déplacements (il obtient une substantielle augmentation pour compenser la perte de ces revenus), et ensuite Little Nemo en 1914, pour qu’il puisse pleinement se consacrer à ses illustrations. Il devra attendre 1924 que son contrat soit terminé pour revenir au Herald Tribune et reprendre son jeune héros en le renvoyant à Slumberland avec enthousiasme…
Mais le temps a passé, son personnage n’a pas la même flamme qu’auparavant, les dix ans d’absence ont éloigné le public et, après avoir retrouvé son petit Nemo, Mc Cay est forcé de l’arrêter à nouveau, en février 1927, se résignant à ne faire désormais plus que des illustrations…
Windsor Mc Cay mourra d’une hémorragie cérébrale le 26 juillet 1934, auprès des siens !
Ce volumineux livre nous emporte donc, tout au long de ses quelques 260 pages dans cette carrière exceptionnelle. L’écriture de Canemaker (grand spécialiste de histoire de l’animation mondiale) est réellement très fluide et très accessible. Il s’agit ici de replacer l’artiste dans son époque, de faire des parallèles entre sa vie privée et son parcourt artistique, tout en glissant demi delà des anecdotes sur quelques affaires familiales, comme les accusations d’adultères vis à vis de Maud Mc Cay (ils se sont rencontrés en 1991, alors qu’elle n’avait que 14 ans, et lui 24 !) Ou encore que Mc Cay appartenait à l’ordre des francs maçons par son père !
C’est évidemment bourré d’informations, c’est passionnant et je recommande vivement à tout fan du maître de s’y plonger sans plus attendre…
En espérant qu’un jour un éditeur français saura le traduire (et éventuellement proposer une traduction de ses strips moins onéreuses et plus accessible…) Pourquoi ne pas avoir une traduction des « Dream of the Rarebit fiend » et même des autres strips ? Soyons fous !
Par FredGri, le 8 janvier 2019