Wonder Woman Historia

Il y a très longtemps, à un âge ou les Dieux côtoyaient les humains, Héra et les autres déesses du panthéon olympien vinrent voir Zeus pour se plaindre des exactions des hommes contre les femmes, en demandant ni plus ni moins son extinction. devant les moqueries des Dieux, elles décidèrent alors de créer à partir des âmes des femmes meurtries, une jeune société de femmes inspirées par les six principales déesses: Hestia, Artémis, Démeter, Hécate, Aphrodite et Athéna, Héra préférant rester en retrait. Ainsi sont nées les Amazones, un peuple d’immortelles, en marge des hommes et de leur violence, qui œuvre néanmoins à libérer celles qui souffrent.

Un jour, une jeune femme, attristée d’avoir du abandonner une jeune fillette au hasard d’un fleuve, rencontre une troupe d’Amazones. Fascinée, elle décide les suivre, d’en savoir plus sur elle, voire même de les rejoindre. Elle s’appelait Hippolyte, elle allait devenir elle aussi une reine Amazone…

Par fredgri, le 4 septembre 2023

Notre avis sur Wonder Woman Historia

Depuis des siècles, le peuple Amazone fascine les lecteurs et les chercheurs qui essayent d’en saisir la réalité, de comprendre l’importance de ce peuple de guerrière dans un monde phallocrate qui prône la puissance de l’homme sur le reste du monde. Dès sa première apparition, Diana, plus connue sous le nom de Wonder Woman, représente ce mystère, cette volonté de s’ériger comme l’égale de ses camarades masculins.
Avec cet album, Kelly Sue DeConnick entreprend donc de revenir aux sources de cette légende, d’en explorer la raison profonde et l’essence de ce peuple de femmes qui un jour ont refusé l’emprise patriarcale qui les soumettait comme de vulgaires objets que l’on troque sans états d’âme. Le propos est clair, il est bien question de réaffirmer une conscience de femmes émancipées et libre de leurs actes et de leurs pensées. Ce qui donne, bien évidemment, un ton extrêmement partisan, à l’ensemble, voire même très revendicateur sur la place de la femme dans notre société et tout ce qui lui est infligé.

Même si le cadre de l’histoire nous renvoie à la Grèce Antique et ses mœurs machistes, on ne peut qu’y voir aussi une résonance très vive aux récents débats féministes qui ont retenti deçi delà. Le propos de cet article n’étant pas de s’engager dans la voie de la polémique, ni même de tenter d’avoir LA réponse, il faut bien admettre que la démonstration est vraiment édifiante du début à la fin.
On vibre devant les revendications des déesses qui se sont rassemblées face à Zeus, la profondeur de cette douleur qui les assaille en repensant à toutes ces victimes et cette colère devant le mépris de leurs homologues masculins qui se rient d’elles, qui refusent qu’on aille bouleverser un style de vie accepté comme tel. On suit des yeux la naissance de ce peuple né de la douleur des innombrables âmes meurtries, sous l’impulsion des divinités qui leur insufflent la vie.

La démarche se veut empathique, faire vibrer la corde sensible pour ces héroïnes d’où va émerger à un moment la jeune Diana. Comprendre d’où vient Hippolyte, le parcours qui l’a menée vers les Amazones, l’émergence de sa conscience de reine, cette volonté d’accompagner ces rescapés, de leur proposer un foyer, une famille, un peuple et progressivement faire évoluer l’idée primordiale qui a permis la naissance des Amazones pour une conception plus ouverte, moins fermée sur cette présence divine.

Ainsi Kelly Sue DeConnick recolle assez adroitement son récit à ma mythologie Wonder Woman, elle se débarrasse des réécritures progressives qui sont venues se rajouter, au fil des ans, redéfinissant les origines de la belle Amazone, pour revenir aux bases, à la silhouette d’Hippolyte, sur la plage qui modèle une petite forme dans le sable, à ces déesses qui viennent lui donner vie, lui faisant don de capacités hors du commun…
Ainsi commence la vraie légende…

Les textes peuvent paraître parfois ampoulés, voire même redondants, ils sont néanmoins accompagnés par un trio d’artistes extrêmement inspirés. Bien que je ne sois, au premier abord, pas très fan de la prestation de Phil Jimenez qui charge beaucoup trop ses pages, au point d’en être parfois difficile à lire, je reconnais que son travail est incroyable. Mais dans une veine bien plus épurée, ou tout du moins moins touffue, Gene Ha et Nicola Scott livrent des planches absolument magnifiques. Rien que pour ces prestations, le volume est déjà indispensable.

Wonder Woman Historia apparait comme une sorte d’Origin Issue de haute volée, qui replace le propos féminin au centre d’un univers très marqué par la puissance de ses héros masculins.
Une très belle réflexion, pleine de finesse et de profondeur.

Très conseillé.

Par FredGri, le 4 septembre 2023

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