Exposition - Salon

Corto Maltese – Gare d’Austerlitz

Du 29 juin au 31 octobre 2017

En étroite collaboration avec Casterman, SNCF Gares & Connexions a souhaité rendre un hommage fervent à Corto Maltese à l’occasion du 50e anniversaire du héros d’Hugo Pratt. Fans, néophytes ou simples visiteurs vont découvrir une exposition spécialement scénographiée comme une plongée exceptionnelle au coeur de l’univers aventureux de ce personnage hors du commun.

Fils d’un marin de la Royal Navy et d’une gitane andalouse, Corto a grandi dans une atmosphère de sortilèges, de divinations et de spiritualité sous l’influence de sa mère magicienne et de son beau-père rabbin.

Cette ascendance et cette éducation métissées lui ont permis d’acquérir une ouverture d’esprit peu commune – pour ne pas dire anachtonique dans la première moitié du XXe siècle, période ou Hugo Pratt a choisi de situer l’action de ses histoires. Son ouverture à toutes les cultures sans aucune forme de préjugé apparaît plus que jamais nécessaire au lecteur du XXIe siècle, au moment où les conflits identitaires, la montée des extrémismes et les dérives libérales obscurcissent les esprits.

Les valeurs de l’amitié comptent davantage à ses yeux que celles d’un drapeau, son attachement envers ses camarades, hommes ou femmes, est si fort qu’il est toujours prêts à s’engager à leur côtés, au mépris de tous les dangers.

De l’Ethopie à la Russie, du Brésil à l’Ouzbékistan, les pays que travers Corto Maltese sont souvent le théâtre de conflits. Lorsqu’il prend part au combat, ce n’est jamais pour servir d’autre cause que celle de ses propres intérêts, mpeme si sa défiance envers es puissants le place souvent du côté des opprimés. Libertaire, il ne manisfeste aucune adhésion à une religion ou une idéologie déterminées. Détaché de toutes intention manichéenne, il refuse avec énergie l’étiquette de « héros ».

Corto Maltese demeur une figure charismatique, romanesque, au look sophistiqué ; c’est une icône masculine au même titre que Burt Lancaster, James Dean ou David Bowie. Son individualisme revendiqué, son célibat assumé, ses actions désintéressées, son mode de vie nomade, son sens de la dérision, son élégance et son charme l’imposent comme une incarnation idéale du trentenaire contemporain, dans lequel les lecteurs peuvent se projeter et envers lequel les lectrices ne restent pas indifférentes.

Ses aventures sont ponctuées d’action, de situation tragiques mais aussi et surtout de drôlerie, à travers des dialogues truffés d’ironie, rédigés dans une langue à la fois simple et ciselée, débarrassée des conformismes de la bienséance et de la pudeur.

Bien plus qu’un personnage de bande dessinée, Corto Maltese est un mythe et, à ce titre, il s’adresse à tous les publics.

Citoyen du monde avant l’ère de la globalisation, c’est un Ulysse moderne dont les aventures revétent plus que jamais, cinquante ans après leur création, une portée universelle.

Benoit Mouchart

Directeur éditorial du département bande dessinée des éditions Casterman

JUSTICIER OCCASIONNEL

Un des principaux traits de caractère de Corto, c’est son sens aigu de la justice. Pas celle des tribunaux, trop souvent du côté des plus forts, mais celle qui devrait régner, dans un monde idéal du moins. Même s’il s’en défend, il prend toujours le parti du faible, du pauvre, de l’opprimé, de celui à qui les puissants du monde ne laissent d’autre choix que la révolte. Et pour réparer une injustice, Corto est prêt à tout : il agit sans scrupule ni remord; rien ne l’arrête et mieux vaut alors être de son côté que contre lui !

Ce côté chevaleresque, « défenseur de la veuve et de l’orphelin », Corto ne l’assume pas, tant l’heroïsme grandiloquent ne colle pas avec son ironie naturelle. Il préfère répéter à l’envi qu’il n’agit que dans son propre intérêt, non pour une bonne cause.

ESPION MALGRÉ LUI

Corto n’a pa pas son pareil pour être au mauvais endroit au mauvais moment. Et se retrouver ainsi embarqué contre son gré dans des intriques qui le dépassent. Ou peut-être est-ce sa trop grande curiosité qui lui joue des tours, le poussant ç se mêler d’affaires qui ne le regardent pas …

Même s’il assure s’occuper uniquement de ses propres intérêts, il finit souvent par s’impliquer et intervenir. Ni manichéen, ni patriote, quand Corto s’engage, ce n’est jamais pour un camp, ni contre un autre, mais le souvent animé par des principes qui lui sont chers, comme l’honneur, la justice, l’amitié, et à l’occasion, par vengeance ou simple curiosité.

« le monde de Corto est en partie redevenu le nôtre : un début de siècle où les territoires et les êtres se divisent, se déchirent leurs identités. Du temps où l’individualisme sans frontière à triomphé, Corto a disparu. Mais dès que les communautés et les frontières réapparaissent, s’enchevêtrent violemment, Corto ressurgit; il est l’idéal chevaleresque de l’individu, opposé à l’individualisme vulgaire. Sans doute est-il ce type d’homme qui s’efface lorsque tout est trop clair, et qui ne se distingue vraiment que sur fond de confusion. Qui sait ? Notre époque, difficile à débrouiller, lui est peut-être de nouveau favorable. »

Tristan Garcia

PIRATE SENTIMENTAL

Officiellmeent commandant dans la marine marchande, Corto se définit plus volontiers comme un gentilhomme de fortune, une sorte d’aventurier des mers, dont les actes relèvent en réalité de la piraterie.

Epris de libertée – et rebelle à toute forme d’autorité -, il écume le globe, de l’océan Pacifique aux Caraïbes, de l’Amazonie à la Méditerranée, à la recherche de trésors perdus, déchiffrant cartes et énigmes, se lançant à l’abordage de cargos, de jonques … et parfois même de trains blindés !

S’il apparaît pour la première fois voguant à la dérive, crucifié sur un radeau par son propre équipage, ce pirate romantique et chevaleresque est avant tout guidé par ses sentiments. Et qu’importe si le trésor lui échappe régulièrement à la fin, ce qui compte, c’est l’aventure vécue avec ses amis.

ICÔNE GLAMOUR

D’une élégance intemporelle dans son caban ou sa redingote aux boutons dorés, avec sa casquette de marin, sa fine cravate noire et son pantalon à pattes d’éléphant, Corto revendique un style très travaillé, reconnaissable entre tous. Une petite touche canaille apportée par la boucle d’oreille et les favoris qui encadrent sa mâchoire viennent compléter un costume qu’il adape au climat et aux circonstances, sans jamais se départir de sa virilité et de son sens inné du style : long manteau de fourrure noure ou de peau beige, djellaba ou smoking, tout sied à ce grand brun décontraté.

Entre dandy, trentenaire romantique et mauvais garçon, il se joue des clichés, et son charme teinté de mystère séduit (tant ses lectrices ?) que les nombreuses femmes hors du commun qu’il croise lors de ses aventures. Pourtant, pour des raisons qui lui échappent toujours, dues aux circonstances, parfois tragiques, ou à son caractère – viscéralement libre, incapable de se poser et hanté par le souvenir d’une femme aimée jadis – Corto reste un éternel célibataire, un coeur à prendre …

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