Exposition - Salon
Exposition Au nom de la Loi – Angoulême
Du 31 janvier au 03 février 2013
Tribunal d’Angoulême
JUSTICE EN FRANCE
AU NOM DE LA LOI
Saisis par le démon des bulles, certains professionnels de la justice lettent leur expérience de la loi au service du 9e Art …
Chantre des gens ordinaires, Baru s’attache à donner la vision la plus exacte possible ru réel. Quandses héros entrent au tribunal, on sent toute la solennité de ce lieu de justice.
ROMANO-GERMANIQUE
La France, comme la plupart des pays d’Europe et d’Amérique Latine, vit sous le régime du droit dit _romano-germanique_. Ce complexe ensemble de règles qui fonde notre système judiciare a parcouru un très long chemin pour arriver jusqu’à nous. Il plonge ses racines dans l’obscur _jus_ (probable éthymologie de « justice ») de la Rome antique, se même au droit canon de l’église médievale, devient sous les monarques de droit divin l’affaire des philosophes et des Lumières, s’universalise à la Révolution, se dote avec Napoléon d’un Code qui se perpétue à travers les siècles, pour aboutir, à l’ère du tout-judiciaire, au Léviathan que nous connaissons si mal aujourd’hui. Tout le monde a un avis sur la justice, mais qui sait comment elle fonctionne réellepment et à quel point elle est indissociable de la réalité humaine ?
JEHANNE
Au nom du caractère « divin » de sa mission, Jeanne d’Arc est jugée par un tribunal ecclésiastique, mais détenue dans une prison civile, en contradiction avec le droit canon. Le 30 mai 1431, elle sera brûlée comme « hérétique, relapse, apostareet idolâtre ». Paul Gillon couvre le procès.
OLYMPE
« _La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit aussi avoir le droit de monter à la Tribune. »_ écrit Olympe de Gouges dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Sentanr venir la Terreur, elle s’oppose à Robespierre. Le tribunal révolutionnaire l’envoie à l’échafaud en 1793. Catel et Bocquet racontent.
BROUTCHOUX
Entre 1900 et 1914 l’anarchiste ch’ti Benoit Broutchoux se rit de la justice bourgeoise et cumule les condamnations pour « _excitation aumeurtre, injure à l’armée, atteinte à liberté du travail, outrages aux bonnes moeurs …_ » Phil Casoar évoque ces années folles dans un albul influencés par les _Pieds Nickelés_ de Forton.
CHARLOT
La machine du Dr Guillotin, aussi appelée « la veuve » ou « basculle à Charlo », autrement dit la guillotinr, expliquée ici dans un saisissant raccourci par Tardi. Il faudra attendre 1981 pour que l’avocat devenu Garde des Sceaux Robert Badinter la renvoie au magasin des cauchemars.
FOLIE À DEUX
Les faits divers tragiques produisent-ilsde grand procès ? La France s’est enflammée pour les affaires Calas ou Landru.Le massacre sordide de leurs deux patronnes par lessoeurs Papin en 1933 aboutit à un procès que l’opinion de l’époque juge « décevant », mais ce meurtre imputé à une « folie à deux » inspier Jean Genet, Jacques Lacan, Claude Chabrl et ici Jean Teulé.
EXISTENTIALISME
Il y a des procès de papier qui font couleur beaucoup d’encre. On n’a pas fini de gloser sur la passivité de Meursault, le héros de l’étranger d’Albert Camus, condamné à mort pour le meurtre gratuit d’un Arabe. En 2012, José Muñoz a donné une version magistralement illustrée de ce roman existentialiste.
RÉSISTANCE
La guerre a brouillé les lignes. Héros de la Résistance ou simple truand, le Joseph Joanovici de Nury et Vallée a gardé des heures sombres de l’Occupation se sens d’une justice expéditive. Face à lui, le juge d’instruction Legentil peine à démêler le vrai du faux.
INVERSION
Il arrive (dansla fiction) qu’un magistrat surmené grille un fusible et inverse le coursde la justice. Le tribunal noir, présidé par le juge Vautrin, est constitué de criminels. Ric Hochet sauvera-t-il le commissaire Bourdon qu’il vient de comdamnerà mort dans le tome 32 de la saga de TIBET et DUCHÂTEAU ?
DOUBLE TROUBLE
Autre audience baroque, celle ou le temoin Fantasio dépose en faveur du prévenu Fantasio. Trouble histoire de double sous l’oeil sideré de Thémis, déesse de la Justice. Le grand FRANQUIN s’amuse dans _La Mauvaise Tête_.
HYPERRÉALISME
Au USA, la fiction procédurale est un genre à part entière. RICHARD MALKA et PAUL GILLON s’en emparent avec brio dans leur série_ L’Ordre de Cicéron_. Une sombre histoire de famille sur fond de déportation et de collaboration sert de prétexte à cette traversée hyperréaliste du labyrinthe pénal.
LES PROS S’Y METTENT
Saisis par le démon de la BD, certains professionnels de la justice mettent leur expérience de la loi au service du 9e Art :
– ROLAND DE MONTAUBERT, ancien juge de paix, rejoint la grand Pellos sur la série _Les Pieds Nickelés_. De 1948 à 1983, in inventera des dizaines d’arnaques des trois malfrats sympas avec la jubilation qu’on imagine.
– Le juge anti-terroriste GILBERT THIEL oppose au devoir de réserve le droit à l’humoure en publiant son brulôt _Le pouvoir de convaincre_, où les tribulations de l’avocat Nagy mettent en lumière les alèas d’une justice sous-financée.
– RICHARD MALKA, avocat vedette du procès Clearstream et « des caricatures de Mahomet », se révêle un scénariste hors pair. Il semble en outre que ses petits camarades adorent le croquer. Ici ASTIER et Sfar.
CRIMES DE SANG
Les procès politiques déchaînant l’opinion sont une spécialité française. En 1974, la cour d’assises de Paris condamne l’intellectuel Pierre Goldman à la réclusion à perpétuité pour meurtre. La sentence tombe dans un prétoire houleux, qu’évoque Emmanuel Moynot dans son livre-enquête. Un second procès blanchira Goldman des crimes de sang dont on l’accusait.
PLOMB
Il suffit d’un fait-dvers pour mettre le feu aux poudres. En 1994, deux jeunes gens tuent cinq personnes dans l’attaque d’une fourrière de la police a Pantin. Le visage d’ange de Florence Rey fait instantanément la une des JT. Chantal Montellier rouvre la contre-enquête sur les implications politiques de ce retour de flamme des Années de Plomb.
PAPON
Enfin ouvert en 1997, le pocès Papon sera le plus long de France depuis la seconde Guerre mondiale. Le jugement de l’ancien préfet, convaincu de complicité de crimes contre l’humanité,divise une fois de plus l’opinion. Johanna Sebrien et Jean-Baptiste Bertholom rendent compte de ce moment d’exorcisme national.
POLITICO-FINANCIER
Enquêtant sur la firme Clearstream, le journaliste Denis Robert se retrouve pris dans l’affaire du même nom. Accusé d’injures, calomnie, diffamation et pire par la multinationale, il est relaxé de toutes ces charges en 2011. Malgré les 4 tomes de son roman graphique avec Laurent Astier, tous les voiles de ce tenébruex scandale politico-financier ne sont pas levés.
HÉROS
Comme la France; l’Italie a le goût des procès à grand spectacle. Et considère certains de ses juges comme des héros. En 1979, Giovanni Falcone rejont le Pool antimafia du parquet de Palerme. Après avoir remporté quelques belles victoires contre la « pieuvre », il meurt dans un attentat à la voiture piégée en 1983. Trente ansplus tard, Claudio Stassi relate l’enfance difficile et les exploits de ce magistrat hors cadre.
ROMÉO
Et si Paul Valéry avait raison ? L’idée de justice serait-elle une idée de théâtre ? Ce n’est pas cette mise en scène conceptuelle du procès de Roméo due à l’Italien Gianni De Luca (1927 – 1991) qui le contredira.
PUPPI
La lutte contre la Mafia est la grande affaire de la fin de siècle italienne. Da l’assassinat d’Aldo Moro à ceux des juges Falcone et Borsellino, en passant par le scandale de la loge P2 et l’opération « Mains propres », victoire et défaires s’enchainent, toujours payées dans le sang. Dans leur ouvrage monumental, la Pieuvre, Giffone, Longo et Parodi s’inspirent de l’antique théâtre de marionnettes sicilien, l’Opera dei Puppi, pour évoquer ce marathon judiciaire.
JUSTICE ANGLO-SAXONNE
IMAGINAIRE
L’histoire du droit anglo-saxon est danse et complexe. Danas l’imaginaire collectif, le mot justice (prononcer _djeustice_) éveille des images contradictoires : ardentes plaidoiries du film _Douze hommes en colère_, où un juré retourne les onze autres pour sauver un innocent de la peine capitale … interminables arguties de la Cour Suprême américaine… loi de ploms administrée par un justicier masqué ou un super-héros en combinaison de spandex … sans oublier l’horreur de la chaise électrique et les foules lyncheuse de l’Amérique ségrégationniste.
COMMON LAW
La _common law_, sur laquelle se fonde de système anglo-saxon, se distingue du droit de l’Europe continentale par une conception différente de la liberté individuelle. Chaque homme est libre de faire ce que bon lui semble… c’est seulement si quelqu’un se plaint de ses actes ou d’un préjudice suvi que la situation est portée à l’attention du juge. Chaque jugement contribur à créer la jurisprudence qui servira de modle aux juqgements ultérieurs. Dès le XIe siècle, Guillaume le Conquérant charge ses juges itinérants de constituer une _jurisprudence_ uniforme pour toute l’Angleterre.
HABEAS CORPUS
En 1215, la Grande Charte du roi Jean Sans Terre stipule qu’aucun homme libre « _ne sera condamné à l’emprisonnement sans un jugement légal de ses pairs, conforme aux lois du pays_ ». Induisant la notion d’_habeas corpus_ (obligation de présenter le prévenu en chair et en os devant la Cour pour y être jugé) cette clause donne naissance au système judiciaire des pays anglo-saxons, avec ses _courts_ régies par des rituels théâtraux, ses témoins, ses _attorneys_, ses avocats retors, ses jurys de citoyens et, par dessis tout, la figure tutélaire, quasi-divine du juge.
SUPER
Quelle place pour les super-héros dans le système judiciaire américain ? S’il collaborent volontiers avec les corps constitués, police, justice, il leur arrive plus souvent qu’à leur tout de prendre la loi entre leur doigts, tel le Plastic Man de Jack Cole.
SHIZO
Dans _Dark Victory_ de Jeph Loeb et Tim Sale, dont le Batman a inspiré celui de Christopher Nolan au cinéma, le procrureur schizophrène Harvey Dent, en délicatesse avec la justice, tient audience dans les sous-sols de Gotham.
ET DEMAIN ?
La science_fictionspécule les mutations de la justice de demain.Dès 1977, le Judge Dredd de John Wagner propose un retour au juge itinérant,combinant la puissa,ce de feu d’une section d’assaut à l’autorité d’une cour suprême. Révélateur de l’angoisse de voir le Golem de la loi échapper aucontrôle citoyen.
AVEUGLE
Il fallait bien qu’un de ces justiciers finnisse par entrer au tribunal. C’est fait avec Daredevil, identité secrète de l’avocat aveugle Matt Murdock. Rien que la loi… et plus si affinités. Bendis et Maleev réinventent le personnage créé par Stan Lee et Bill Everett
FAR WEST
EN 1959, Morris et Goscinny capture l’esprit de la justice de l’Ouest dans _Le Juge_, 13e album de la série _Lucky Luke_. Leur version du myrhique RoyBean est juste et drôle. Tous les paradoxes de la Frontière dans ce patron de saloon qui sert indifféremment du whisky et la justice.
DISCIPLINE
Giraud et Charlier défèrent leur lieutenant _Blueberry_ devant un tribunal militaire. Le général McPherson le fait renvoyer de l’US Army pour indiscipline. L’arbitraire règne, mais c’est pour la bonne cause. La vie civile conduit à la belle Chihuahua Pearl.
MÉTIS
Prenant prétexte du procès du revelle métis canadien Louis Riel, qui aboutira à sa pendaison en 1885, Chester Bown réduit à sa plussimple expression la dramaturgie judiciaire de l’Empire Britannique.
L’agent secret X9 de Dashiell Hammett et Alex Raymond prédède d’un an la naissance du _courtroom drama_ à la radio US, qui vit son âge d’or. La dramatique judiciaire devient un genre très populaire. Le public se reconnait dans le miroir de ses prétoires.
FONDUE
Le cauchemar du divorce et de la pension alimentaire hante les nuits de l’amateur de fondue au chester du roi des « Funnies » américains, Winsor McCay (1869 – 1934)
CRISE
À la tête du FBI, J. Edgar Hoover transforme les petits braqueurs de la Crise en ennemis publics n°1. Les cours tournent à plein régime. LA sentence est parfois plus expéditive : du plomb pour John Dillinger (1903 – 1934), vu ici par Thierry Guitard.
DRAME
De 1934 à 1946, Milton Caniff promène Terry Lee, le Héros de _Terry et les Pirates_, sur tous les chemiins de l’aventure. Le drame ne s’arrête pas à la porte des tribunaux.
CRIME INC.
Né de la Prohibition, le sacre du Crime organisé met la justice américaine face à des complexités nouvelles et à des avocars rompus à toutes les failles du système. Ce sont les étrangers qui en parlent le mieux : ici Bernet et Abuli avec Torpedo.
INJUSTICES
créé par Alex Raymond en 1946, Remington « Rip » Kirby, ex-Marine devenu détective privé, combat toutes les injustices même celles de la justice.
PRIVÉ
Le privé Alack Sinner né de la fascination des Argentins Muñoz et Sampayo pour les bas fonds de New York, ne recule pas non plus devant un jugement bâclé.
DYNAMITE
Grâce à la qualité de ses jusristes, comptables, scientifiques, le FBI fait condamner Jack Graham, qui a dynamité un avion et ses 44 passagers pour se débarrasser de sa mère. Dans sa version de ce cas réel, Alex Toth chante les louanges du Bureau modernisé.
ONCLE SAM
Le général Carrington refait le gest de l’Oncle Sam pour enrôler l’opinion publique américaine dans son Grand Jury au plusfort du 12e XIII de Van Hamme et Vance.
SORCIÈRES
1692, Salem, Nouvelle-Angleterre. Le comportement anormal de quelques jeunes filles déclenche une chasse aux sorcières au sein de cette communauté puritaine. Une cour spéciale est constituée. Ses délibérations teintées de fanatisme religieux aboutissent à l’exclusion de dix-neufspersonnes, dont treize femmes. Maurice del Bourgo donne sa version colorée de l’affaire.
REMAKE
Le procès de Salem a un tel impact sur le recul du puritanisme et les principes fondateirs de la jeune Amérique que Batman et Superman le rejouent trois siècles plus tard en couverture du comics de chez DC World’s Finest.
INHUMAIN
En 1891, Bram stoker (_Dracula_) écrit _La maison du Juge_. Ce protrait d’un juge inhumain revenu de l’au-delà pour infliger sa sentence à un innocent plaît à l’oncle Creepy. L’adaptation de Reed Crandall paraît en 1965 dans la revue qui porte son nom.
LORD-JUGE
_Hermiston, le juge pendeur_, roman inachevé de R.I. Stevenson (_Dr Jekyll et Mr Hyde_), est ^publié deux ans après sa mort, en 1896. Il faudra 115 ans pour que le dessinateur français Jean Harambat termine cette histoire d’un fils en révolte contre son père, lord-juge d’Edimbourg, autre incarnation d’une justice d’airain.
JUSTICE CHINOISE
RITES
Montesquieu, qui ne débordait pas d’admiration pour la Chine, écrit :
« _Les législateurs (…) confondirent la religion, les lois, les moeurs et les manières; tout cela fut la morale, tout cela fut la vertu. Les préceptes qui regardaient ces quatres points furent ce que l’on appela les rites. Les lettrés les enseignèrent, les magistrats les prêchèrent. Et comme ils enveloppaient toutes les petites actions de la vie (…) la Chine fut bien gouvernée. »_
(De l’esprit des lois, 1748)
MANDARIN
L’établissement de la justice dans ce pays plurimillénaire est d’une complexité rare. Entre tradition confucéenne, dorit coutumier, poids de la hiérarchie, emprise de la collectivité, la notion d’individu, essentielle aux fondements du droit, a peiné à s’imposer. « C’est le jugement et non la loi qui fait la justice » est l’idée qui donna aux empereurs le droit de vie et mort sur leurs sujets et aux mandarins magistrats le pouvoir absolu sur l’enquête, le procès et le verdict.
QING
Il faut attendre la fin de la période Qing (1644 – 1912) pour voir le système judicaire chinois s’ouvrir à la modernisation en s’inspirant des modèles occidentaux et japonais.
AU BORD DE L’EAU
_Au bord de l’eau _est un roman d’aventures compilé de la tradition orale, attribué à Shi Nai’an (XIVe siècle). Il relate les hautes faits de 108 brigands en lutte contre les mandarins de la Dynastie Song (960 -1279), puis au service de l’empereur. Leurs tribulations esposent l’étrange mécanique de la justice chinoise de l’époque et le pouvoir (presque) absolu des magistrats chargés de la rendre. L’édition montrée ici est illustrée par de grand artistes chinois su XXe siècle.
YAMEN
Ces magistratsn, souvent déplacés de leur province d’origine, vivaient dans le _yamen_ qui, outre leurs appartement privés, abritait une salle servant de tribunal. Certains n’hésitaient pas à se servir de leurs pouvoirs discrétionnaires pour assouvir de vieilles rancunes.
CORRUPTION
Dans un empire aussi vaste, les mandarins échappaient à tout contrôle central. De ce fait, gouverneurs, juges et préfets étaient aisément corruptibles.
COUPS
Bastonnade et tortures faisaient partie des procédures ordinaires du tribunal. Les témoins récalcitrants étaient soumis au même traitement que les accusés.
CANGUE
La cangue passée a cou du prisonnier n’était pas seulement une méthode de restriction, mais aussi une forme d’humiliation censée le désigner à l’opprobre d’une population pas toujours d’accord avec les attendus du procès.
JUGE ITINÉRANT
Bao Zheng (999 – 1062) est un personnage historique. Actif sousle règne de Renzong, 4e empereur de la dynastie desSong du Nord,ce juge itinérant fut envoyé dans les provinces les plus reculées pour ycombattre le relâchement moral que favorsait l »éloignement du pouvoir central. Il reste pour les Chinois le symbole de la justice incorruptible. La littérature, le cinéma, la télévision en ont fait un hérois populaire. La bande dessinée s’en empare à la faveur d’une collaboration franco-chinois entre le scénariste Patrick Marty et l’artiste Chongrui Nie.
JUSTE
Réparer l’injustice, réprimer les abus des autocrates consulaires, écouter les humbles,ne pas protéger les puissant, semer dans un monde médiéval à l’orée d’une ère de prospérité sans égale les ferments d’une justice moderne, c’est la tâche de cet Eliott Ness féodal, qui ne ménage pas sa peine pour donner au pouvoir central une visage juste et bon.
SHERLOCK HOLMES
Bao ne se contente pas d’instruire et de juger. Il enquête. Son équipe se compose d’un guerrier, d’un légiste, d’un écuyer futé et d’assez de gendarmes pour que force reste à la loi. Le juge n’hésite pas à mettre la main à la päte. Ses capactés de déduction et son art du déguisement n’ont rien à envier à ceux de Sherlock Holmes.
UN PROCÈS FORT CIVIL
à l’inverse de ce qu’on peut voir dans _Au bord de l’eau_, les procès du JugeBao sont d’une haute tenue. Le bâton y sert moins que la finesse d’analyse et la civilité, même si l’inévitable cangue y reste de rigueur.
JUGE TI
Ancêtre de BAo, le juge Ti opére au Vie siècle Tange, autre période d’essort impérial. Sa carrière hors pair le fait entrer dans la légende. En 1950, il trouve sa forme actuelle sous la plume d’un diplomate sinologue hollandais converti à la littérature policière. 17 romans plus tard, le _Jounal de Spirou_ publie en 1967 une vingtaine de planches nées de la collaboration entre l »artiste batave Frits Kloezeman et l’auteur, Robert van Gulik (1910 – 14967), dont la mort prématurée interrompt ce projet prometteur.
TROIS ÉNIGMES
À chaque aventure,comme le veut la tradition du romanpolicier chinois,le juge Ti résoud trois énigmes. L’intégrité, le sens de l’équité font, comme chez Bao, partie de son arsenal. Il y ajoute un goût pour la ruse, n’hésitant pas à changer d’identité pour les besoin de son enquête.
RÕNIN
En 1998, l’auteur américain asiatique Dale Furutani réintroduit le personnage du juge ambulant dans la trilogie noirequ’il consacre au rõnins fu Japon du XVIIe siècles. Il ne s’agit plus ici d’une figure exemplaire de la justice, mais au contriare d’un modèle ridicule, veule et corrompu. En 2011, le dessinateur Vincent Dutreuil adapte le premier tome, _Cadavres à la corisée des chemins_.
TRIADES
Au XXe siècle, la chine n’est plus seulement en Chine. La diaspora a répandu la civilisation de l’Empire du Milieu dans le monde occidental. Dans l’épisode _Justice chinoise_ de son strip _Dick Tracy_, Chester Gould montre comment la brutale tradition judicaire médiéviale seperpétue dans le Chinatown des Triades.
THÉMIS JAPONAISE
De sa fondation au IIe siècle, à l’arrivée des premiers commerçants portugais du XVIe, le Japon reste fermée aux influences étrangères. Son système judiciaire opaque et abusif n’évolue qu’avec la fin des shoguns. Le gouvernement Meiji (1886 – 1912) monarchie constitutionnelle, lance des réformes inspirées de la justice française. Après 1945, les Amèricains imposent une constitution d’inspiration anglo-saxonne. S’il protège efficacement la société, le système actuel reste toutefois moins soucieux de l’individu que dans d’autres démocraties. Faut-il chercher là les raisons de la vision angoissée que les mangakas véhiculent de la Thémis japonaise ?
PÉCHÉS
Dans le _shõnen_ de Yoshiki Tonogai, _Judge_, le tribunal devient le lieu d’une sorte de téléréalité cruelle. Sept adolescents aux visages revêtus de masques d’animaux symbilisant les sept péchés capitaux doivent se juger et se condamner à mots les uns les autres. seul quatres survivront.
ANXIOGÈNE
Le jeu avec la mort apparaît aussi dans le manga _Deadman Wonderland,_où une justice perverse envoie les condamés à la peine capitale dans un pénitencier-parc d’attraction privatisé. Le public s’y presse pour voit les détenus lutter afin d’obtenir l’antidote au poison mortel qu’on leur injecte chaque jour. Encore une vision anxiogène de la loi relayée par Kazuma Kondou et Jinsei Kataoka.
MONJU
Ce n’est pas seulement le nimd’un site nucléaire plus inquiétant que celui de Fukushima. C’est aussi celui du héros d’un _seinen_ (manga jeunes adultes) signé Hiroki Miyashita. Monju est le seul robocop rescapé d’une série défectueuse. À priori, tout fonctionne chez lui. À ceci près qu’il fait preuve d’un sens de la justice abusif. À la fois enquêteur, juge et bourreau, cet androïde massif ne recule devant rien face à une infraction si minime soit-elle. Quand il s’adonne pas à la violence, il peut montrer un coeur d’or. Une sorte de RanXerix, mais au service de la justice plutôt que du chaos.
TRIBUNAL D’AMOUR
Dans _Le chant d’Apollon_, l’immense Ozamu Tezuka soumet son héros, le jeune Shogo, hostile à toute forme d’amour, à une horrible sentence, Athéna, déesse grecque de la sagrse, le condamne à vivre éternellement les affres de la passion sans jamais les assouvir. Errant de vie en vie, il tombe sans arrêt amoureux de la même femme, mais l’un des deux meurs avant que leur destins aient pu s’unir. à noter que ce manga a été réalisé audébut des années 1970, à un moment où le prude Japon était secoué par la vague mondiale de contestation et de libération sexuelle.
JUSTICE ET AU-DELA
QU’Y A-T-IL AU DESSUS DE LA JUSTICE ?
Et bien … encore la justice. Justice divine, poétique, imaginaire, fanstamée, caricaturée, mais qui renvoir toujours à l’idéée que la loi et son application sont indssociables de la condition humaine. Depuis que Moïse a reçu les Tables du Décalogue, ces Dix Commandements qui organisaient l’existence du premier peuple monothéiste de l’humanité, la question est au centre de nos sociérés. À quel ordre obéir pour continuer à fonctionneren tant qu’espèce ? L’ordre varie en fonction des époques, des pays, des circonstances, mais l’idée même de jsutice ne souffre aucun relativisme. N’ayant pas de loi naturelle, nous somme contraints d’en maintenir une jour après jour, comme les vestallles veillaient sur le feu. Et c’est bien à cela que s’attachent, comme on vient de le voir, non seulement les juristes, mais les artistes, poêtes, rêveurs, créateurs de mondes,sondant sans relâche ce sujet jamais épuisé.
LE PROCÈS
Un procès sans instruction, acte d’accusation, audience, délibération ou plaidoiries, voilà comment se présente le plus fameux roman de Franz Kafka. Confronté à une justice dont la matérialité zse dérobe sans cesse, son héros, Joseph K, n’en connaîtra que la sentence : la mort spus le couteau de ses bourreaux. Serions-nous coupables de naissance ? Le verdict préc-derait-il le crime ? De nombreux artistes se sont pencgés sur cette oeuvre fondatrice,peu y ont aussi vien réussi que ROBERT CRUMB et CHANTAL MONTELLIER.
ARBITRAIRE
L’arbitraire est aussi le lot de Gil Jourdan et Libellule devant le tribunal spécial de la république de Massacara, dictature d’Amérique du sud où les a égarés leur soif d’aventure. Comme son collègue Franquin, Maurice Tillieux n’était pas un inconditionnel de l’autorité militaire.
CAUCHEMAR
C’est juustement à Franquin que Blutch prête les traits de GastoLagaffe et d’atroces cauchemars judiciares. Le thème des travaux forcés revient souvent chez les auteurs de BD. En 1978, pour le cinquantenaire de son héros Tintin, Hergé titrait un ouvrage : _Cinquante ans de traveaux fort gais_.
PINGOUIN
Dans une Afrique de pacotille, le pingouin Alfred d’Alain Saint-Ogan (1895-1974) est soumis au jugement biblique de Salomon, qui décréta que l’enfant que se disputaient deux femmes serait coupé en deux et une moitié remise à chacune, de façon à faire se révéler la vraie mère.
PENDEURS DE SINGES
C’est le surnom donné aux habitants de Hartlepool, en Angleterre. Une légende locale veux qu’ayant trouvé sur la plage après un naufrage un singe, en uniforme les citoyens le jugêrent et, le prenant pour un espion frnaçaos, le pendirent. Wilfried Lupano et Jérémie Moreau ont tiré un conte philosophique de cette bizarreire judiciaire.
PELUCHES
Même chez les peluches du Pays Rose, le bras de la justice peut frapper à tout instant. Malcom, un cousin de Mickey, en fait l’expérience quand le tribunal le bannit après quelques inexcusables privautés sur sa petite amie. Dionnet et Pirus revisitent Calvo et Disnet dans _Rose Profond_.
MONSTRES
C’est un principe intangible : tout accusé, fut-il un mosntre, a droit à une défense. Alanna Wolff et Jeff Byrd, avocats du macabre, en ont fait leur spécialité. Batton Lash, l’auteur, se délecte des tribulations légales de ses créatures.
AUTRES MONSTRES
Un demi-siècle après Nuremberg, une juridiction supranationale s’est enfin imposée. Établi à La Haye en 1995, le Tribunal pénal international a jugé les crimes de guerre des protagonistes de l’ex-Yougoslavie. Joe Sacco y était. En 2002, le Statut de Rome a permis la création de la Cour pénale internationale, aux compétences plus limitées.
ORDALIE
Au dessus de toute forme de procès, l’ordalie, c’est le jugement de Dieu. Mis à l’épreuve du feu, du fer rouge, de l’eau bouillante ou glacée; le prévenu doit survivre pour prouver son innoccence. Le Moyen-Âge et l’Inquisition on fait un usage immodéré de cette procédure, que les encagoulés de Charles Burns renouvellent ici sur le mode drolatique.
WALKYRIES
Dans le spin-off de la saga Thorgal signe SENTE et DE VITA, un tribunal de Walkyries, vierges du Dieu Odin, juge l’héroïne Kriss de Valnor. Entreun ticket pour le Walhalla, le paradis des guerriers, et l’errance éternelle dans les brumes du Niffheim, son sort dépend du verdict de la déesse Freya.
PRÊTRES
Est-ce un tribunal, cette assemblée des prêtres maudits devant laquelle le Lone Sloane de Philippe DRUILLET comparait ? Difficile à dire sur une planète où aucune régle connue ne vaut.
VERTU
Encore une chambre au-dessus des lois qui, au nom de principes moraux douteux, condamne la chaste Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope à un sort pire que la mort. Humiliée, la pulpeuse captive trouvera-t-elle sa rédemption au bout de la souffrance ? Un oeil sur la _Justine_ de Sade, le grand GEORGES PICHARD (1920-2003) s’amuse des infortunes de la vertu.
DIEU
Dieu, « le juge de toute la Terre », prononce sa première sentence contre l’homme, sa crétaure, en l’expulsant du Jardin d’éden. Plus tard, instruisant le procès de Sodome et Gomorrhe, il invente – avec Abraham comme avocat de la d »fense – la peine n »gociée chère aux tribunaux américains. Robert Crumb relate l’incident dans sa récente version de _La Genèse_.
HOMME
« _S’il n’y avait ici bas ne serait-ce qu’un homme libre, Dieu n’aurait plus besoin d’exister._ » étrange inversion de la proposition biblique précédente dans Dieu en personne de Marc-Antoire Mathieu, où la créature met son créateur en examen.
FILS
« _Ecce homo !_ Voici l’homme ! » clame Ponce Pilate à l’issue du plus célèbrre procès de l’humanité. Le préfet de Judée vient de laisser le verdict à la foule. Qui du larron Barrabas ou du Fils de l’Homme doit-il sauver ? On connaït la réposne, mise en scène par l’anglais Frank Hampson (1918 – 1985)
DIABLE
Le tribunal du diable devant lequel comparait Corto Maltese s’enorgeuillit d’un jury très spècial. Hugo Pratt ne lésine pas quand il s’agit de juger son héros.
JUSTICE DE DAUMIER À SFAR
JUSTICE
De toute éternité, ce sont des drames humains qui se nouent et se défont dans le huis clos du tribunal. Plaideurs, victimes, contrevenants s’offrent ai glaive de la loi pour trancher le soirt qui les a menés là. Cette catharsis (l »épuration des passions par leur représentation) justifie le goût des hommes pour la justice.
DESSIN
Depuis toujours, le dessin et l’oeil de ceux qui n’ont pas accès à l’enceinte sacrée. Avant la photographie, parce qu’il était le seul moyen de représenter le réel. Après, parce que ce réel est jugé trop cru, brutal et nu pour être livré aux objectifs.
DÉMÊLÉS
Est-ce à dire que l’art adoucit ? Ce n’est pas ce que suggère l’exemple d’Honoré Daumier (1808-1879), considéré comme le père de la caricature moderne. Ses dessins pour la presse satirique, ciblant la bourgeoisie et ses corps constitués, lui valurent de nombreux démêlés avec le public et la justice.
ATMOSPHÈRE
Ses Gens de Justice ouvrent pourtant la voie à une cohorte d’artistes inspirés par les tribunaux. MAURICE BONVOISIN, dit MARS (1849-1912), chroniquer de la vie parisienne, excelle à rendre l’atmoshère des cours de la Ville Lumière.
J’ACCUSE
L’affaire Dreyfus, de la condamnation a ubagne d’Alfred Dreyfus (1894) jusqu’à sa réhabilitation par la Cour de Cassation (1906), donne lien à une cascade de procès militaires et cvils. En1898, le _J’Accuse_ de Zola coupe la France en deux, dreyfusards contre anti-dreyfusards. Sicertains comme Willette et Forain, sombrent dans un antisémitisme incontrôlé, Paul Renouard met son trait sobre et puissant au service d’une plus grande objectivité. Il produit 150 illustrations sur l’affaire.
MASSACRE
À la fin du XIXe siècle, l’âge d’or desjournaux satiriques, le tribunal devient le jeu de massacre du caricaturiste. Adolphe Willette (1857 – 1926) et son condisciple montmarttrois Jean-Louis Forain (1852-1931) s’en donnent à coeur joie. L’amour qu’ils portent aux gens de robes apparaît assez modéré.
AVENTURIER
Autre observateur sensible de son temps, GEORGES GOURSAT,dit Sem (1863 – 1934) livre 68 croquis du procès Bolo-Pacha (1918), où Paul Bolo, aventurier financé par l’étranger pour transformer des journaux français en organes pacifistes, est condameé à mort, par le Conseil de Guerre de Paris.
NUREMBERG
La fin de la seconde guere mondiale appelle l’avènement d’une justice forte et digne. Le trait des caricaturistes se fait plus sobre. En 1946, Jeanne Falco, l’épouse de Robert Falco, l’un des deux juges français du Procès de Nuremberg, couvre avec un réalisme je jugement par le Tribunal Militaire International des criminels de guerre nazis.
TÉNORS
L’époque est aux ténors du barreau. Le dessinateur Gustave Erlich dis Gus (1911 – 1997) né en Pologne, formé aux Arts Déco de Strasbourg, en croque quelques-uns qui laisseront leur marque dans l’Histoire judicaire de France.
RÉVOLUTION
Mai 1968 est aussi une révolution pour les caricaturistes. _Hara-Kiri Hebdo_ garde un oeil sur la justice, JEAN CABUT, dit Cabu, son plus époustouflant dessinateur, met sa virtuosité inventive au service de procès auxquels on a échappé et de témoignages escamotés.
ÉPILOGUE
À la fin du siècle; la Francesolde son passé avec les grands procès liés à l’Occupation. Procès Barbie (1987), Touvier (1992-1994), Papon (1997-1998). Exeptionnellement, les trois seront filmés, en raison de leur valeur historique. Ce qui n’empêche pas les artistes comme l »aquarelliste-reporter Noëlle Herrenschmidt d’approcher au plus près les protagonistes de cet épilogue national.
PAPON
Le jeune dessinateur LAURENT SOURICEAU dit Riss, de Charlie-Hebdo, couvre aussi le procès Papon. Son travail rigoureux renoue avec le classicisme des grands anciens.
EXEPTION
Le spectre de Vichy réapparait quand, en 2007, à la faveur du procès du berger corseYvan Colonna,des voix dénoncent l’iniquité d’une « Cour d’Assise Spéciale » sur le modèle des tribunaux d’exeption créés par le Maréchal Pétain. Cabu est encore de la partie.
PAS PERDUS
BERNARD VERLHAC, dit Tignous, fait l’école buissonnière. Pendant ce même procès Colonna, il laisse traîner son crayon dans la salle des Pas-Perdus. Il surprend ainsi des commentaires de couloirs parfois plus éclairant que des réquisitoires
LIBERTÉ
En 2006, au nom de la liberté de la presse, _Charlie Hebdo_ publie les caricature de Mahomet parues précédemment dans un quotidien danoi. Le procès qui s’ensuit, intenté au journal par des associations religieuses, sera le premier de ce type en Europe. Journaliste,dessinatrice et femme, Catherine Meurisse suit avec passion ce grand débat républicain.
GREFFIER
Joann Sfar s’assigne de capter à la main le plus possible de ce procès fleuve sur la liberté d’expression. Il réalise en direct l’épais volume intitulé _Greffier_, double allusion àson héros le plus célèbre, le Chat du Rabbin, et à la fonction qu’il assumele temps des débats.
Publicité