Exposition - Salon
Exposition Jano – C.I.B.D.I Angoulême
du jeudi 31 au dimanche 3 février 2013
LES MONDES DE JANO
Les mondes de Jano sont multiples et c’est une partie de cette diversité que vous allez explorer ici, à travers trois espaces aux ambiances distinctes.
Le monde premier de Jano est évidemment celui de la bande dessinée. Avec son complice Tramber, il a fait entrer la banlieue, son language fleuri et ses mœurs pittoresques, par la grande porte. Après Kebra, qui vécut son heure de gloire dans les pages du mensuel _Métal Hurlant_, Jano imagine en solo les aventures de Keubla, alter ego africain de Kebra. Plus tard encore, il envisage les tribulation de Gazoline, celle de Kémi ainsi que les dérives fabuleuses de la Santa Sardinha. Plusieurs points communs à tous ces récits. La récurrence d’un travail sur la fable animalière, etunbe verve qui s’enracine dans le vécu. Aucun doute là-dessus : ses personnages de débrouillards et de baroudeurs respirent la vie à plein poumons.
LA ZONE À KEBRA
Au départ donc fut Kebra, imaginé par Jano et Tramber en 1977. Mais Kebra, c’est qui, c’est quoi ? Tout simplement l’ntrusion de la réalité banlieusarde d’une époque dans une bande dessinée qui esquissait une mue adulte. D’abord en noir et blanc, puis en couleurs, les péripéties de Kebra se sont développées avec fureur dans les terrains vagues, les barres HLM, les MJC pourabes et ont même contaminé, le temps d’un épisode, l’espace intersidéral. Les gags sont souvent caustiques, Kebra souvent à la ramasse. Le catalyseur principal des histoires réside en des dialogues speeds savamment balancés, et toujours d’actualité : « _Kescé cette daube ?!_ » « _T’as pas un clop ?_ », voire « _Ton fric et tes pompes !_ »
JANO : « _Je pense que le personnage, comme ce qu’il vit, reflète la décennie des années 1970, même si ses aventures se prolongent plus tard. Il faut dire qu’au départ, j’avais encie de réaliser un Fritz the cat à la française. C’était mon modèle initial. J’aimais le dessin de Crumb et j’étais fasciné par ce qu’il racontait. On y parlait de dope, de sexe et la violence était incarnée. Tout cela n’était pas encore rentré dans nos moeurs comme ça l’est plus ouvertement aujourd’hui. Et si on veut vraiment remettre dans le contexte, on nous bassinait pas sur les banleiues comme on le fait désormais. A l’époque, personne ou presque n’en parlait, le sujet n’intérressait pas._ »
JANO EN AFRIQUE
C’est à la fin des années 1970 que Jano prend son baluchon pour découvrir le continent africain. Et c’est après trois longs séjours qu’il décide de retranscrire les sensations vécues là-bas. Sa terre d’acceuil est _Métal Aventure_, un périodique qui prône ouvertement le retour à la grande aventure. Jano y publie en 1984 un premier carnet de voyage narrant son dernier parcours en Egypte, au Soudan et en Centrafrique. Dans la foulée, il entame _Sur la piste du bongo_, premier volet des bouillantes tribulations de Keubla. L’année suivante, Jano reprend de nouveau la route et séjourne cette fois-ci en Afrique de l’Ouest. A son retour, deux nouveaux livres en paraissent : _Carnet d’Afrique_, un charmant recueil d’illustrations et _Wallaye _!, la suite des aventures de Keubla.
JANO : « _Tout comme les banlieues, l’Afrique n’intéressait pas grand monde au début des années 1980, en dehors bien sûr de quelques allumés. Ca commençait juste à venir. Dans cette décennie par exemple, on allait vraiment découvrir toute la variété des musiques africaines. J’ai créé Keubla à la suite d’un troisième séjour qui s’est déroulé principalement au Soudan. J’attendais d’être mûr pour rendre hommage à l’Afrique et aux Africains que j’avais rencontrés. Je ne voulais pas raconter n’importe quoi, n’importe comment, ce qui aurait été une trahison. Quand on me demandait les raisons de cette démarche, j’avais trouvé une formule qui fonctionne encore trante ans plus tard. Pour moi « l’Afrique était la banlieue du monde ». On avait toujours affaire ici à des gens pauvres et méprisés. Et je dois dire que pour ces raisons, ce continent neuf à explorer, si l’on peut dire me touchait beaucoup._ »
Deuxième monde. Bricoleur facécieux, prince de la récupération, Jano est aussi le Géo Trouvetou des objets introuvables. Depuis longtemps, toujours sans doute, il récolte ce qui lui plaît, bois et toutes sortes de matériaux moins nobles, il les sculpte et les assemble pour fabriquer des œuvres en volume, parfois utilisables comme le sont ses instruments de musique composites. Dans ce deuxième espace, nous n’en présentons que deux espèces : une série de masque primitifs produites au milieu des années 1990 et une série de tableaux intituléz « Fortune de mer » intitiée à partir de 2010.
Mascarade
JANO : « _Mon travail sur les masques correspond à une démarche esthétique qui prend ses distances avec l’ethnologie à proprement parler. L’exposition que j’ai faite à la Galerie Médicis à Paris, en 1996, affichait d’ailelurs bien la couleur puisqu’elle s’intitulait « Mascarade « . Elle est un prolongement de ce que j’ai fait en bande dessinée mais elle est aussi autre chose. Mon inspiration est venue à la fois de l’art primitifn qui n’est pas seulement africain, et de sa vision passée au filtre de l’art moderne occidental du XXe siècle par les Picasso et consorts. Ma vision à moi est parodique. Et ce qui m’intéressait avanttout, c’était de passer du papier au bois, et au volume… c’était un trip de sculpture._ »
Fortune de Mer
Passer du papier au volume. Quitter un temps la bande dessinée pour travailler des oeuvres en volume. Voir ensuite ces oeuvres exposées et receuillir les réactions du public. C’est l’envie de tous les artistes aux talents polymorphes. Les « Fortunes de mer » de Jano ont rarement été exposéesn sinon en Bretagne où elles ont vu le jour. Comme toujours, la genèse de cette « collection » est assez simple. En 2010, Jano commence à habiter une partie de l’année près de Morlaix, dans le Finistère. La maison où il réside est proche de la mer, pratiquement sur la plage. Une provocation pour quelqu’un qui, comme lui, aume récupérer les rejets. Faites à partir des rogations repoussées par la mer et rapportés sur les côtes, les « Fortunes » de Jano s’inscrivent aussi dans un registre parodique, sinon sarcastique.
Jano : « _Souvent le matin, je faisais un saut sur la grève. Après les tempêtes ou les les grandes marées, il y a toujours pleinde matos. Au début, pendant un bout de temps, je m’amusais à récolter ce qui m’intéressait. Il a fallu un moment pour qu’une sorte de démarche créative se dégage. Mes premières « Fortunes de mer » étaient des assemblages à base de bouts de bois et d’épaves. Je suis passé ensuite à des formats plus grands avec des filets déchirés et toutes sortes d’éléments hétéroclites. La sélection de ces rebuts est essentielle. J’aime qu’ils soient lavés par la mer, bien cassés par les rochers, râpés sur le granit, retournés pendant des semaines ou des mois. C’est la mer qui fait la moitié du boulot. Le sel. Les chocs. L’usure. Moi, je le finis. Mes « Fortunes » sont biensûr des hommages à la mer, au monde marin et aux gens qui en vivent… et il est aussi question de mort, l’Ankou étant un motif récurrent._ »
Jano et la musique, vaste programme au sommaire du troisième monde. Les lecteurs des aventures de Kebra se souviennent tous, la larme à l’œil, de ces séquences d’anthologie où le héros et ses potes montent sur scène pour balancer un son qu’on imagine aussi puissant et binaire que du punk-rock. En 1993, c’est Jano qui monte sur scène pour accompagner Frank Margerin, alors président du 20e Salon international de la bande dessinée d’Angoulême. Le combo éphémère s’appelle tout bonnement Les Hommes Du président, et l’auteur de Kebra y joue de l’harmonica. Si la présente exposition ne témoigne pas de ces rares passages live, sa troisième partie – que vous visitez en mezzanine – propose par contre de goûter aux images faites par Jano pour un projet de long métrage animé consacré à la vie de Robert Johnson. Icône du blues, Johnson n’a enregistré que 29 chansons. Jano répond à ces titres inoubliables par une trentaine d’illustrations tout aussi inoubliables … parce que Jano a lui aussi été piqué par le Mojo Blues.
Mojo Blues
.A partir de 1999, Jano planche sur _Crossroad_, un long métrage d’animation envisagé alors par le studio La Machine et Alexis Lavillat. Le scénario est signé Jean-Luc Fromental. L’idée consiste à évoquer la vie du bluesman Robert Johnson, source d’inspiration pour de nombreux rockers des années 1960.
Des dessins sont réalisés. Mais comme tout projet audiovisuel, _Crossroad_ connaît bien des atermoiement. Il change de productueur et revient de nouveau, en 2008, dans les mains d’Alexis Lavillat sous le titre _Mojo Blues_. L’élan est réactivé, et le script réécrit par Jano et Tramber. La bible graphique est aussi étoffée. Sont présentés ici deux types d’illustrations : de grands décors qui restituent les scènes clés de l’histoires et des model sheet, c’est-à-dire des créations de personnages à l’usages des animateurs.
Qui est Robert Johnson ?
Né en 1911, Johnson est un Noir du Mississippi qui a bien peu d’échappatoire. Il aurait pu rester à travailler dans des champs de coton pour des maîtres blancs ou se révolter, et risquer la cravate en chanvre que le Ku Klux Klan n’aurait pas hésité à lui mettre autours du cou. Voilà pour le contexte peu reluisant. Comme d’autres Noirs de l’époque, car ils étaient assez nombreux, il a choisi de partir sur la route en faisant de la musique. Mais la différence fondamentale d’avec ses confrères vient du fait qu’il s’est créé sa prorpe légende, sulfureuse, qu’l raconte parfois dans ses chansons, comme dans _Me And The Devil Blues_. La légende veux donc qu’il croise l’homme en noir, le diable, au carrefour de deux chemins, qu’il signe un pacte avec lui et qu’en retour le diable lui apprenne à jouer. Sa vie est ensuite vécue à cent à l’heure comme, plus tard, celle de célèbres rock stars.Il vagabonde de ville en ville, incapable de rester trois jour au même endroit. Il consomme trop d'(alcool et meurt à 27 ans. Peu de photos existent. Il a enregistré une poigné de disque deux ans avant de mourir, dont certains sont devenus des standards.