Exposition - Salon

Exposition Jean-Louis Pesch – Quai des Bulles – Saint Malo

Du 27 au 29 octobre 2017

Jean-Louis Pesch… Ca me dit quelque chose … Pas vous ?

Euh, c’est pas celui qui a rpris titounain et titounette, un truc comme ça…

Sylvain Sylvette, vous voulez dire…

C’est ça ! Oui c’est bein ça… Houla, ça remonte à loin dites-donc…

Soixante-quinze ans !

Soixante-quinze ans !?… ah d’accord, jétais même pas né…

Voilà le genre d’échanges que l’on peut couramment saisir dans les festivals où Sylvain et Sylvette s’invitent. Confidence entre quelques visiteurs curieux et intrigués par l’interminable queue de fans attendeant patiemment et silencieusement leur dédicace.Quels que soient ces festivals, les nostalgiques y sont en effet toujours légion. En remontant la longue file d’attente, on découvre un petit bonhomme au regard d’enfant, l’air espiègle, malicieusement courbé sur sa tâche. Sourire aux lévres. Consciencieux. Attentif à chacun de ses lecteurs, pour la plupart sautent de génération en génération. Ils bousculent les frontières de l’âge. Ils pénètrent les âmes de cinq à quatre-ving cinq ans. Ils déclenchent les émois dans le subconscient. Et c’est justement ce que l’auteur s’applique à préserver avec bienveillance car il sait que chacun de ces lecteurs possède en lui une petite part de ses enfants de papier. Alors il écoute, il raconte, il plonge son regard dans les yeux de ces grands enfants quiserrent contre eux l’album dédicacé ainsi devenu intime. « c’est mon mien, c’est pas ton tien, d’abord ! »

Le regard de Jean-Louis est toujours pétillant, reconnissant, humblement surpris, réjoui par tant d’amour qu’on lui donne. C’est que Jean-Louis a toujours couru après cet amour dont il a tant besoin. Jean-Louis restera d’ailleurs un enfant jusqu’au bout, coûte que coûte ! Jean-Louis a toujours douze ans. C’est d’ailleurs autours de ces douze ans-là qu’il a établi son territoire. Un territoire qu’il ne quittera jamais. Parce qu’il sait bien que les grands sont des menteurs, des bonimenteurs, des fourbes… Les enfans ne savent pas mentir, eux… Ils ne savent que s’inventer un monde qui est bien réel à leurs yeux. C’est leur monde ! c’est comme ça qu’ils le voient. Malheureusement, les grands passent leurs temps à vouloir les extirper de ce monde, les forcer à rejoindre la norme en empruntant des chemins plus étroits, ratatinés et étriqués par des lois et des règles de vie soit disant consensuelles. Alors non, Jean-Louis ne grandira pas ! C’est comme ça. Il en a décidé ainsi… Quand sa maman le rejette alors qu’il a neuf jours à peine, le petit Jean Poisson, son nom de naissance, est déjà dans les pas de Jean-Louis Pesch, celui qui n’aura besoin de personne pour réussir sa vie. Celui qui cueillera les fruits de l’amour là où il l’aura lui-même semé : DANS LA FORÊT MAGIQUE DE SYLVAIN ET SYLVETTE.

Ces deux personnages, rappelons-le, ont été créés en 1941 par le génial Maurice Cuvillier. Quinze ans plus tard, le dessinateur tombe malade. Il faut trouver quelqu’un pour prendre le relais. Alors on pense tout naturellement à Jean-Louis, ce type étonnant, beau gosse de surcroît, élevé aux magazines BD de l’époque, tombé en amour pour « le roman de renart » (Roman dont il vient tout juste d’en terminer une adaption en bande dessinée.) , l’esprit truffé de projets divers, dessinateur de talent ayant déjà créé une foultitude de personnages, une agence de pub, un studio cinéma pour concocter des films publicitaires… Un type qui plus est amateur de sports, joueur de foot, de rugby, de tennis… Courreur professionnel automobile, passionné de moto… Disons pour simplifier un beau prototype d’hyperactif boulimique, insaisissable, infatigable, car toujous en quête d’inventions et de créations nouvelles. Quand Jean-Louis recueille cette proposition de poursuivre l’oeuvre de Cuvillier, il n’est dans un premier temps pas vraiment intéressé, même s’il admire le travail de son confrère. Il se trouve qu’il a déjà du boulot plus qu’il n’en faut. Mais quand il se plonge plus attentivement dans l’univers de Sylvain et Sylvette, C’EST LE CHOC.

Il y découvre avec surprise l’histoire de sa propre vie. Une mère abssente et une fille de son âge, celle qui deviendra sa soeur de coeur, élevée également par une autre mère que la sienne, dans la maison juste en face de chez lui. Dans ce petit village rural, là où l’homme prend racine et se nourrit de la terre… Jean devient alors Jean-Louis. Poisson deveint Pesch et Jean-Louis ne quittera plus son enfance. Il adoptera l’univers de deux héros de papier et y ajoutera sa propre vision du monde : un monde plein de couleur, de poésie, de passion et de fraîcheur ; un monde utopique totalement dénué de violence. Utopique, certes mais qui deviendra un jour réel parce tel est le désir le plus profond qui habite les pensées de l’Auteur. Alors évidemment, ça arrivera un jour, les enfants le savent bien …

C’est en faisant tous ces choix de vie que Jean-Louis Pesch est vraiment né, et depuis soixante ans de Sylvain et Sylvette sous sa plume toujours alerte, du haut de ses quatre vingt huis ans, il nous fait renaître.

Merci Jean-Louis !

GÉRARD COUSSEAU

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