Le Monde selon Titeuf – Angoulême 2018

Du 25 au 28 janvier 2018

UN HEROS LONGEMPS INCOMPRIS

LE MONDE DE TITEUF

Au fil des années, Titeuf est resté cet éternel écolier en prise avec son temps, tout en s’appliquant à porter haut et fort les valeurs universelles de l’enfance. Sa méche blonde, son tee-shirt, son pantalon blanc et ses basket sont entré au panthéons des signes distinctids propres aux héros de papier, alors que son « Tchô ! » rivalise avec le « M’enfin » de Gaston, le « Par Toutatis » d’Astérix ou enconre le « Mille sabords » du capitaine Haddock.

Tout le monde connaît Titeuf : il fait partie de notre vie en même temps qu’il nous la raconte.

Depuis la publication de son premier album, en janvier 1993, Titeuf n’a cessé d’observer le monde comme il va, au gré de ses mutations et de ses bouleversements. le XXe siècle a laissé place au XXIe, les habitudes ont changé, les moeurs ont évolué, le progrès technique continue de s’accélérer… Titeuf, lui, reste le même, comme un repère à l’horizon de tous ces changements, un phare qui nous guide à la lumière de sa naïveté et de son bon sens enfantin. Depuis 1993, alors que la popularité de la série n’a fait que grandir, Zep s’est toujours engagé dans le réel, sans jamais être moralisateur ni consensuel. C’est pourquoi _Titeuf_ a parfois créé la controverse. Certains lui ont reproché de ne pas être assez sage. D’autres ne lui ont pas pardonné son absence de choix entre la légèretè et la gravité, entre les drames du quotidien et l’humour de cour de récré. Quelques-uns n’ont pas discerné tout de suite sa force et son impact.

C’est pourtant ce qui fait, depuis 25 ans, tout la générosité et le génier de _Titeuf_ : une manière d’aborder tous les sujets avec franchise. Car les enfants, nous rappele Zep, vivent dans le même monde que les adultes…

LES ORIGINES

Le personnage de Titeuf est né par hasard. Zep voulait être auteur de bande dessinée depuis son enfance. Adolescent, il publie ses premières planches. Il est à peine majeur et diplômé d’une école d’art qu’il publie dans la presse suisse et le journal _Spirou_. Après des contributions à _Fluide glacial_ et une poignée d’albums édités par de petites structures éditoriales, une inquiétude se profile. Dans les années 1990, le monde de la BD traverse une crise : les livres peinent à se vendre, et le milieu se rassure en revenant à des modèles éprouvés. Le jeune auteur craint de s’enfermer dans des travaux qu’il ne prendrait plus de plaisir à réaliser.

Zep décide alors de suspendre ses activités professionnelles et de continuer à faire des bandes dessinées pour son plaisir, sans aucune contrainte. C’est en voulant raconter ses souvenirs d’enfance que Titeuf est né. Le personnage est brusquement apparu sur le carnet de croquis de l’auteur.

LES DÉBUTS

Malgré un contexte qu’il sait défavorable, Zep présente tout de même quelques planches de _Titeuf_ à différentes maisons d’éditions. Mais le jeune auteur n’essuie que des refus. L’originalité de la série n’est pas comprise.

Pour les éditeurs qui lisent son projet, Zep semble incarner le contre-exemple des prétendues attentes du public : « Si vous voulez savoir comment faire une BD qui ne marche pas, regardez Zep ! », affirment certains professionnels. L’auteur est pris pour le mauvais élève de la classe…

Ironie de l’histoire : en quelques années, la série devient un véritable phénomène éditorial – un exemple à suivre !

Les premières planches de Titeuf sont publiées en noir et blanc dans un fanzine, loin du circuit professionnel auquel l’auteur était habitué depuis quelques années.Jean-Claude Camano, éditeur chez Glénat, découvre cette publication et appelle Zep. Au départ, l’auteur décline son invitation à le rejoindre à Paris. Mais, sur l’insistance de l’éditeur, Zep finit heureusement par le rencontrer.

En janvier 1993 paraît _DIEU, LE SEXE ET LES BRETELLES_, le premier album de _Titeuf_.

LA RELÈVE

Malgré un contexte qu’il sait défavorable, Zep présente tout de même quelques planches de _Titeuf_ à différentes maisons d’éditions. Mais le jeune auteur n’essuie que des refus. L’originalité de la série n’est pas comprise.

Pour les éditeurs qui lisent son projet, Zep semble incarner le contre-exemple des prétendues attentes du public : « Si vous voulez savoir comment faire une BD qui ne marche pas, regardez Zep ! », affirment certains professionnels. L’auteur est pris pour le mauvais élève de la classe…

Ironie de l’histoire : en quelques années, la série devient un véritable phénomène éditorial – un exemple à suivre !

Les premières planches de Titeuf sont publiées en noir et blanc dans un fanzine, loin du circuit professionnel auquel l’auteur était habitué depuis quelques années.Jean-Claude Camano, éditeur chez Glénat, découvre cette publication et appelle Zep. Au départ, l’auteur décline son invitation à le rejoindre à Paris. Mais, sur l’insistance de l’éditeur, Zep finit heureusement par le rencontrer.

En janvier 1993 paraît _DIEU, LE SEXE ET LES BRETELLES_, le premier album de _Titeuf_.

BRISER LES TABOUS

Alors que le marché de la bande dessinée traverse une crise au début des années 1990, l’esprit du temps change. Les maisons d’édition privilégient les séries classiques et publient des bandes dessinées réalistes, jugées plus sérieuses. Le modèle humoristique franco-belge est sur le déclin : il n’attire plus de nouveaux lecteurs. Les éditeurs se tournent également vers d’autres horizons. LEs comics ont gagné en noirceur et sophistication au cours des années 1980 : ils attirent un public adulte qui ne se reconaît plus dans ce qu’il considère comme une production infantilisante. Mais surtout, le manga, territoire inexploré jusqu’alors, s’impose comme un phénomène éditorial inépuisable. Lorsque Zep propose ses premières planches de Tteuf, il semble cumuler tous les défauts reprochés à la production fancophone : de courtes histoires, humoristiques et autobiographiques, s’adressant aux enfants mais d’une manière que certains jugent inappropriée…

Peu de gens ont pressenti que Titeuf apportait justement l’alternative et la nouveauté dont la BD franco-belge et ses lecteurs avaient grand besoin. Loin de reproduire une formule connue depuis des décennies, Zep la rénove, il l’adapte aux besoins de son époque en abordant de front tous les sujets avec lesquels les enfants peuvent se retrouver en porte à faux.

Zep a réussi à décomplexer une littérature jeunesse trop corsetée, et à s’ancrer dans un présent qui répond – enfn ! – aux préoccupations de ses lecteurs. Zep remet le monde contemporain au centre de la vande dessinée, et il ne cessera dès lors de le regarder, le faisant évoluer auteours de son personnage, qui en 25 ans est resté le même. Titeuf ne change pas dans un monde qui change.

LICENSE POÉTIQUE

Avec la montée en puissance du phénomène, le langage « titeufien » donne lieu à de nombreuses critiques. On a accusé _Titeuf_ de dégénérer la langue français et d’encourager les enfants à employer des expressions vulgaires et des tournures incorrectes.Maître Capello devient l’un des plus fervents détracteurs de la bande dessinée. Lors d’une émission d’_Envoyé Spécial_ au début des années 2000, un débat animé l’oppose à François L’Yvonnet, philosophe plutôt favorable à _Titeuf_.

Dans _Titeuf_, le langage est fleuri, truffé d’expression réjouissantes ou de gros mots (finalement assez peu). Il s’inxcrit dans une volonté de réalisme, en cohérence avec l’emprise de _Titeuf_ sur son époque. A ses débuts, l’atelier de Zep donnat sur une cour d’école qui permettait à l’auteur d’être un observateur attentif de l’oralité des cours de récréation. Mais l’auteur de _Titeuf_ ne se contente pas de les noter, il ajoute aussi une inventivité foisonnante dans l’utilisation des mots et des néologismes.

Zep affirme ainsi la dimension littéraire de son travail. Car la ricgesse du langage y apparaît comme l’un des ressorts les plus importants de sa création. Il s’agit aussi de faire du langage un exutoire et un révélateur des préoccupations des plus jeunes. Rejeter l’anormalité, le décalage, les malentendus et les doubles sens de certains mots prononcés par Titeuf et ses copains, ce serat oublier que la langue, dans _Titeuf_, est dotée d’un rythme et d’une musicalité propres. Finalement, le procès « en distorsion de langue » fait a _Titeuf_ est peu-être le plus beau des compliments adressés à Zep : en leur temps, la critique bien-pensante a fait de même à l’égard du drame romantique, ou de _Madame Bovary_ de Flaubert.

Comme eux, _Titeuf_ est désormais un classique moderne.

LE PETIT THÉÂTRE DE TITEUF

LES COPAINS

MANU, le meilleur ami. C’est le bars droit de Titeuf. Inséparables en classe, à la récré ou dans la rue, il se disent tout et sont fidèles l’un à l’autre. Souvent, le rôle de Manu consiste à épauler Titeuf dans les situations délicates. Comme Hugo, Ramon ou Nadia, ce personnage est inspiré d’un véritable ami d’enfance de Zep.

RAMON, le copain avec l’accent étranger. il ne parle pas bien français et a des difficultés d’expression. Même si on se moque souvent de lui, c’est un personnage toujours souriant et jovial.

MORVAX, l’enrhumé. Il s’appelle Thomas, mais son surnom s’est imposé à cause de sa perpetuelle goutte au nez et des miasmes dont il constelle à longueur de temps tout ce qu’il approche.

HUGO, le charismatique. Parce que son grand frère lui parle de sexe et d’autres choses de grands, il semble plus avancé que ses camarades, et leur explique souvent ce qu’il ignorent – mais qu’ils ne comprennent pas mieux pour autant.

JEAN-CLAUDE, reconnaissable à son appareil dentaire. Il est le premier, et pour l’instant le seul, à subir les soins de l’orthodontie, ce qui l’oblige à zozoter et à postillonner abondamment chaque fois qu’il parle.

VOMITO, le copain un peu dégoûtant. Son vrai nom est Hervé. Il a hérité de ce sobrique parce qu’il vomit constamment. Caracteristique qui repousse autant ses camarades qu’elle les amuse.

PUDUK Il est sympa, Puduk, sauf qu’il ne sait pas utiliser le déodorant et qu’il ne change pas de chaussette assez souvent…

FRANÇOIS Le génie de la classe, le super méga bonélève, mais aussi une tête à claque…

MARCO, c’est le style, toujours branché, toujours frimeur …

LA FAMILLE

TITEUF Le roi des zéros en math accumule les gaffes et les bétises, mais il conmpense car il l’emblème de la génération cour de récré depuis 25 ans.

PAPA il incarne toutes les facettes du père. il est bien sûr aimant et attentif, mais sait aussi être sévèvre et autoritaur. Il tranche avec la figure patriarcale classique, puisqu’il fait le ménage et devient un père au foyer à l’occasion de deux longues périodes de chômage. Titeuc et lui se disputent souvent, mais le petit garçon tient beaucoup à son papa, qu’il refuse de voir vieillir sans rien faire.

MAMAN Ele est souvent occupée, mais son rôle dans le foyer est indiscutable. On le voit surtout dans la relation qu’elle entretient avec son mari, lorsqu’ils sont au lit, qu’ils discutent à table ou qu’ils se chamaillent. A eux deux, ils forment un couple qui s’aime, et c’est la raison pour laquelle Titeuf voit arriver une petite soeur au cours de la série. Avec Titeuf, la mère a un long et complice entretien sur les choses de la vie : c’est l’une des rares fois où l’un des parents affirme de cette façon son rôle dans la série.

LA PETITE SOEUR, ZIZIE D’abord attentue avec impatience, elle est rapidement perçue par Titeud comme une calamité. Depuis qu’elle est là, plus rien n’est pareil, sa famille a même été obligée de déménager. Entre les jouets dégradés, les odeurs incommodes et les cris perçants, la vie avec Zizie n’est pas facile. Pourtant, Titeuf l’adore.

PÉPÉ, le grand-père paternel de Titeuf. il est assez peu présent dans la série, mais il se gégage beaucoup de tendresse de ses apparitions. Le petit garçon a une relation beaucoup mons conflictuelle avec lui qu’avec on père – même qu’il compte bien empêcher pépé de finir au compost.La grand-mère de Titeuf apparaît également, mais sa personnalité est moins marquée.

LES FILLES

DUMBO, Mis « les oreilles décollées ». la première fois que Titeuf se montre cruel dans la série, c’est par des moqueries à son égard. Cette très bonne élève en gardera de la rancoeur, n’hésitant jamais à remettre Titeuf à se place (par une bonne gifle) quand cela s’avère nécessaire.

NADIA, le premier grand amour de T iteuf. C’est la fille la plus populaire de l’école, tout le monde rêve de soritr avec elle, et notre héros s’impose comme le principal prétendant. Pourtant rien n’est simple, surtout parce qu’un monde semble séparer les deux enfants. Nadia est délicate et mignonne, mais c’est également parfois une peste : superficielle, prétentieuse, méprisante, manipulatrice, elle mène Titeuf par le bout du nez. Elle a pourtant des sentiments à son égard, puisqu’elle souffre du rapprochement entre le garçon et Ramaou. Etat-elle amoureuse de Titeuf depuis tout ce temps, ou fait-elle seulemet un caprice ?

RAMATOU, le second grand amour de Titeuf. Depuis son arrivée dans l’école, la vie de Titeuf a été bouleversée. immigrée africaine ayant fui la guerre, Titeuf tombe sous le charme de cette grand fille qui est presque aussi décallée qui lui, mais pour d’autres raisons … Titeuf a envie de l’aider, de la protéger, elle le charme et l’attendrit, ce qui va poser quelques problèmes avec Nadièse.

THÉRÈSE, la pas si bète. Avec son regard mi-clos et ses remarques décalées, Thérèse énerve beaucoup Titeuf. Il la trouve d’une stupidité affligeante. Prenant tout au premier degré et ne saisissant pas toujours ce qu’on lui raconte, Thérèse arrive pourtant souvent, grâce à son bon sens terre à terre, à faire comprendre à Titeuf le vrai sens de la vie.

L’ÉCOLE, c’est l’endroit où Titeuf passe beaucoup de son temps, et où il lui arrive beaucoup de choses. Dans le séries humoristiques consacrées à l’enfance, elle était déjà parfois présente, mais seulement ponctuellement. Dans Titeuf, l’école devient le centre de la vie

LA RUE, le paysage urbain fait partie intégrante de la modernité de Titeuf et participe de sa proximité avec les lecteurs.

En parcourant la ville qu’il habite, Titeuf tens un mirroir aux réalités sociales de son temps. il est souvent témoin de manisfestations liées aux tensuons et aux fractures de notre époque (anti-IVG, racistes, sectaires …). Il est même une fois acteur, le temps d’une activité scolaire visant à sensibiliser les citadins à la paix. il croise aussi sur sa route des sans-abris, des délinquants (ses camarades et lui-même sont souvent victime de racket et de harcèlement), ou bien il découvre les dégâts causés par une nuit d’émeutes. S’il ne comprend pas toujours ce à quoi il assiste, il s’impose pour le lecteur comme un révélateur des problèmes de la vie moderne. Plus largement, son quotidien est rythmé par l’organisation urbaine de son environnement. Héros bien de son temps, Titeuf prend les transports en commun, tente de déchiffrer les publicités quiconstellent les murs de la ville, côtoie les barres d’immeuble HLM …

LE CORPS

Pour l’enfant qui prend conscience de lui-même, le corps est un espage à apprivoiser et à conquérir. Dans Titeuf, bien des gags reposent sur les sécrétions corporelles. Ces manifestations physiques constituent le répertoire d’un humour scatologique que sait manier Zep. Mais cela renvoie également à la psychanalyse, à une façon pour l’enfant de se projeter à l’exterieur de lui-même et de prendre conscience de son corps. C’est pourquoi bien des planches sont consacrées à la représentation de la façon dont les enfants s’imaginent le fonctionnement du corps humain.

A l’aune de leurs interrogations et de leurs incompréhensions, l’anatomie est perçue comme un mécanisme farfelu. Le corps permet ainsi de rendre tangible les sentiments et de mieux en saisir la singularité. A cet égard, la question sexuelle est inlassablement abordée, et jamais épuisée. Titeuf et ses camarades sont troublés par le sujet, mais le monde des adultes et la réalité ne leur apportent jamais de réponses satisfaisantes – ou alors, elles ne font qu’accentuer leur trouble. Même décalé, le regard de Titeuf et de ses copains permet d’aborder les choses avec justesse et intelligence. C’est la raison pour laquelle Titeuf est mis en scène dans le Le Guide du zizi sexuel (2001), concu par Zep avec les textes d’Hélène Bruller. La démarche est si pertinente qu’elle a donné lieu à une exposition, en 2007, à la cité des sciences et de l’industrie de Paris qui a connu un très grand succès (plus de 300 000 visiteurs), et a depuis été reprise plusieurs fois dans le même lieu, ainsi qu’à Lille et à l’étranger.

L’IMAGINAIRE

L’imaginaire rythme les différentes étapes du dévelopement de l’enfant. Au fil de ses aventures, Titeuf construit sa propre réalité intérieure. Le tome 5 de la sére s’intitule Titeuf et le derrière des choses. Le titre met en perspective la capacité que les jeunes enfants acquièrent rapidement en parvenant à concevoir ce qui leur est invisible : la partie cachée d’un objet, mais aussi un événement qui leur est etranger, ou même les conséquences d’un acte dans les futur. régulièrement, comme n’importe quel enfant, Titeuf est obligé de confronter la réalité à son imaginaire pour mieux la comprendre. C’est ainsi que Titeuf affronte la réalité en cherchant dans sa propre imagination ce qui pourrait ressembler le plus à des reponses, à des solutions : il s’invente des identités permettant de combattre ceux qui lui font du mal, ou bien il rêve à un futur qui correspond mieux aux désirs qui ne s’incarnent pas dans son quotidien…

La bande dessinée, en donnant à voir ce dont est fait l’imaginaire, s’approche au plus près des réalités de l’enfance, loin de tout ce qui est fixe et immobile : c’est une école de la vie.

UN DOUBLE REGARD

DR. ZEP & MR. TITEUF

Titeuf ne grandit pas. Pourtant même s’il fait preuve de naïveté et e fraîcheur, ses interrogations ne sont pas seulement propres à un garçon de son âge. Malgré son caractère turbulent et capricieux, il arrive à Titeuf d’être très mature.

A l’origine, la série n’était pas destinée aux enfants mais aux jeunes adultes de la génération de Zep. L’enfance pourrait être considérée comme un filtre qui permet d’aborder tous les sujets avec distance et légèreté. L’auteur explique qu’ainsi il « observe toujours le monde à hauteur d’enfant. Parfois, on voit des choses que notre hauteur d’adulte ne distingue plus. » Ni enfant ni adulte, Titeuf est le masque qu’adopte Zep pour laisser libre cours à son inspiration : « Il y a des jours où j’ai envie de sauver le monde, et des jours où j’ai envie de faire l’idiot », explique-t-il. Il avoue concevoir très ouvent ses histoires comme un enfant et le dessiner ensuite comme un adulte.la bande dessinée se situe à l’intersection de ces deux regards : spontanéité et maturité, humour et gravité.

Dans la série, se superposent deux identités : DOCTEUR ZEP et MISTER TITEUF. L’un et l’autre s’alternent au fils des gags. Zep fait toujours de son personnage le porte-parole des causes dans lesquelles il est engagé. Jamais tout à fait innocent, pas toujours conscient des réalités, Titeux est notre alter ego. Il permet de nous confronter au monde et d’en révéler certaines dérives.

_LE MOT DE ZEP _: « TOUS LES ENFANTS VEULENT DE LA JUSTICE, DE L’ÉGALITÉ, DE L’ÉCOLOGIE … MAIS BON, ILS VEULENT AUSSI DES POKÉMONS. »

TITEUF CONTRE LA CRISE

MISTER TITEUF : Le petit garçon n’est pas vraiment au fait des réalités économiques. Il manque parfois de tact envers un camarade dont la situation financière est difficile. De même, il lui arrive de ne pas mâcher ses mots à l’égard des sans-abri, car son égoïsme d’enfant ne lui permet pas toujours de concevoir la peine des autres. D’ailleurs, quand il apprend que son père risque de ses retrouver au chômage, Tieuf essaie de précipiter son licenciement pour servir ses propres intérêts. Comme ces choses ne le concernent pas encore, il n’en saisit pas tout le sérieux… Quand il s’agit de l’unjustice liée à la mondialisation, Titeud peut faire preuve de mauvais foi, pourvu qu’il en tire un bénéfice.

DOTEUR ZEP : A partir un moment où son papa est chômeur, la crise prend un visage plus concret. Parfois agacé, Titeux est surtout triste pour son père. C’est pourquoi il prend au sérieux les actions mises en place par la fondation Abbé Pierre ou les Restos du coeur : le héros cherche à venir en aide à ceux qui en ont besoin. Surtout, avec ses mots à lui, Titeuf parvient à denoncer les véritables responsbles de telles injustives : les financiers pour qui l’humain ne compte pas.

TITEUF CONTRE LA POLLUTION

MISTER TITEUF : Le progrès n’a pas que des effets positifs. Avec le temps, on s’aperçoit que ses conséquences sont souvent dramatiques. L’énergie nucléaire en est un bon exemple : c’est elle qui nous fournit en électricité et permet notre confort au quotidien, mais elle peut avoir des effets désastreux sur l’homme et son environnement. Pourtantn Titeux semble parfois se réjouir et s’amuser de telles catastrophes. A ses yeux d’enfant, ce n’est qu’un jeu. Au cours d’une visite, la centrale se transforme en une attraction où il espère être témoin de spectaculaires explosions. Il croit aussi que les radiations lui permettront d’acquérir des super-pouvoirs, comme dans les comics.

DOTEUR ZEP : Dans le dernier album, Titeuf n’a plus de doute : il faut sortit du nucléaire. Dès lors que les enjeux lui sont expliqués et qu’il a été sensibilité, le garçon devient un fervent défenseur de la cause écologiste. « Faut agir » au « faut réagir » sont depuis longtemps ses principaux mots d’ordre face au trou dans la couche d’ozone, au réchauffement climatique ou à la fonte des glaces. Petits gestes individuels ou actions héroïques désespérées : Titeuf fait tout ce qui est en son pouvoir pour sauver la planète.

_LE MOT DE ZEP_ : « A FORCE DE FAIRE REMONTER MON ENFANCE POUR ÉCRIRE TITEUF, JE FAIS AUSSI REMONTER MES UTOPIES. J’AI ENVIE DE CROIRE QUE L’ON PEUR RENDRE LE MONDE MEILLEUR. »

TITEUF CONTRE LA MALADIE

MISTER TITEUF : Il arrive à la spontanéité des enfants d’être cruelle. C’est pourquoi Titeuf peut se moquer d’un handicapé ou manquer d’empathie face à un camarade en souffrance. Son incompréhension à l’égard de la gravité de certaines réalités l’amène à commettre des maladresses. Son inconscience peut aussi souligner l’horreur de certaines réalités : lorsqu’à la récré, le jeu du chat perché se transforme en jeu du sida, l’attitude des enfanrs rend compte des peurs et des obsessions du monde adulte.

DOTEUR ZEP : S’il n’est pas un ange, le garçon a un coeur gros comme ça. Lorsqu’il comprend de quoi il en retourne, il est le premier à consoler et à prendre la défence de celui qui souffre face à l’ignorance de ses camarafes. Son comportement avec Pauline, la fillette atteinte d’un cancer, est une magnifique preuve d’humanité. Ainsi, Titeuf montre que, pour vaincre la maladie, l’amour et le respect sont essentiels.

_L’ACTION DE ZEP_ : ZEP APPORTE SON AIDE À DES ACTIONS TELLES QUE L’INTERVENTION DE CLOWNS DANS LES HÔPITAUX POUR ENFANTS, AFIN QUE LE RIRE LEUR PERMETTE DE SURMONTER LA MALADIE. IL SOUTIENT ÉGALEMENT DES ONG RECONUES COMME HANDICAP INTERNATIONAL OU AMNESTY INTERNATIONAL, AINSI QUE DE NOMBREUSES ASSOCIATIONS DE PROXIMITÉ…

TITEUF CONTRE L’INTOLÉRANCE

MISTER TITEUF / DOTEUR ZEP : La plupart du temps, Titeuf s’ouvre spontanément à l’autre. Chez Zep, le monde de l’enfance peut parfois prendre en compte la différence, et ne comprend pas qu’elle puisse être stigmatisée. Le racisme, le néonazisme, l’intolérance religieuse et toute forme de discrimimation glissent sur Titeuf sans l’atteindre. Lorsqu’e les différents cultes sont abordés, c’est soit sous l’angle d’une harmonue apaisée entre eux, soit au contraire par le biais d’une satire d’autant plus décomplexée que les enfants s’autorisent beaucoup de liberté à cet égard. Dans Titeux, ceux qui portent une parole de haine sont systématiquement tournés en dérision pour leur bétise. L’exclusion est d’ailleurs la pluspart du temps exprimée par des adultes, alors que les enfants cohabotent dans une certaine harmonie malgré de mutuelles incompréhensions. Titeuf et ses camarades accueillent avec humanité et chaleur ceux qui viennent de loin, déracinés ou marginalisés par la société. L’enfance est alors une terre d’asile.

_L’ACTION DE ZEP_ : « JE VAIS PARTICIPER À UNE CAMPAGNE AVEC LE CENTRE DE CONTACT SUISSE-IMMIGRÉS. JE SUIS TRÈS SENSIBILISÉ À L »INTÉGRATION. JE TRAVAILLE AVEC DES ASSOCIATIONS QUI CHERCHENT À INTÉGRER DES GENS EN RUPTURE AVEC LA SOCIÉTÉ, COMME LES DEMANDEUR D’ASILE OU LES HANDICAPÉS. »

TITEUF CONTRE LA VIOLENCE

MISTER TITEUF : Alors qu’il est souvent victime de racket et de harcélement, Titeuf n’hésite pas, quelquefois, à se servir de son pouvoir sur plus faible que lui. Le garçon ne semble pas avoir appris de ses épreuves passées et devient à son tour une menace – pas pour longtemps, puisque son attitude se retourne à chaque fois contre lui.S’il se moque des autres et affirme ainsi sz supériorité au sein d’un groupe, c’est surtout une façon pour lui de ne pas être encore victime de la situation. Titeuf choisit alors la facilité, même s’il sait que c’est mal.

DOTEUR ZEP : Malgré tout, la récurrence et la peur qu’inspirent au petit garçon les agressions dans la rue révèlent bien le carctère angoissant de tels actes – devant lesquels les enfants ne sont jamais aussi solidaire et ingénieux. Leur blâme apparaît évident lorsque Titeuf se fait défenseur de l’opprimé, à ses risques et périls. Récemment, il a également dénoncé les réseraux sociaux, qui déplacent dans le domaine du virtuel ce qui se réalisait autrefois uniquement dans la rue : mais la violene reste la même, toujours aussi cruelle et condamnable.

TITEUF CONTRE LA GUERRE

MISTER TITEUF : Comme beaucoup de garçon de son âge, Titeuf joue à la guerre avec ses copains. C’est sa seule complaisance pour la violence. Mais il préfère repeindre en rose ses petits soldats en plastique, histoire de leur apprendre les vertus du pacifisme.

DOTEUR ZEP : Titeuf a très vite porté un regard sévère en angoissé sur la violence militaire. De la guerre des Balkans à celle en Syrie, la bande dessinée dénonce très souvent la barbarie des hommes par naïve sagesse de l’enfant. Deux rencontres vont conforter Titeuf dans cette position : Harim, son camarade qui a perdu une jambe sur une mine zu Moyen-Orient, et surout Ramatou, le deuxième grand amour du petit garçon, qui a tout perdi, y compris sa famille, à cause des guerres civiles qui ruinent le continent africain.

Cette rencontre donne lieu à des pages comptent par les plus émouvantes de la série, rpouvant une fois encore que le regard de l’enfant vaut parfois mieux qu’un discours à l’ONU.

_LE MOT DE ZEP_ : « J’AI RÇU BEAUCOUP DE LETTRES DE JEUNES LECTEURS QUI ME DISAIENT LEUR DÉGOÛT DES MINTES ANTIPERSONNEL. LES ADULTES SOUT SOUVENT RÉSIGNÉS. NOUS AVONS FACILEMENT TENDANCE À BAISSER LES BRAS EN DISANT QUE RIEN NE CHANGERA. MAIS LES ENFANTS CROIENT TOUJOURS QU’ON PEUT FAIRE BOUGER LES CHOSES. ILS ONT RAISON : LA CHARTE D’OTTAWA CONTRE LES MINES ANTIPERSONNEL A CONTRIBUÉ Ç CHANGER LE MONDE, ET C’EST GRÂCE À LA POPULATION PAS GRÂCE AUX POLITIQUES. » L’AUTEUR EST TRÈS ENGAGÉ AUX CÔTÉS DE HANDICAP INTERNATIONAL.

LES SOURCES : JEUX D’INFLUENCES

Avant de devenir le dessinateur accompli qu’il est, Zep a été un lecteur admiratif et passioné d’auteur de tous horizons. Ils lui ont permis de forger son style sa créativité et son apporche du 9e art. Sans eux, Titeux n’aurait peu-être jamais existé.

C’est pourquoi, à plusieurs reprises, Zep a rendu hommage aux dessinateurs, aux personnages et aux unisers qui l’ont marqué.

Petit tout d’horizon.

TITEUF VU PAR …

Cela fait longtemps que Titeuf est entré dans la cour des grands – celle des héros incontournables de la bande dessinée. De nombreux auteurs ont rendu hommage à Zep et à son personnage

Petit florilège …